La trêve de plus en plus fragile

Staffan de Mistura a évoqué le sort d'Assad avec l'opposition


Lundi 18 Avril 2016

Au moins 11 civils ont été tués dans des bombardements à Alep, l'un des bilans les plus meurtriers depuis le début fin février de la trêve entre régime et rebelles en Syrie, rapporte une ONG dimanche.
La province septentrionale d'Alep, morcelée entre armée, insurgés, jihadistes et Kurdes, connaît depuis une semaine une escalade de la violence avec des affrontements impliquant quasi tous les belligérants de la guerre ayant fait plus de 270.000 morts depuis 2011. Des milliers de civils ont fui les combats depuis.
Selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH), au moins six civils ont été tués et huit blessés dans le bombardement samedi soir par l'aviation syrienne d'un quartier rebelle de l'est d'Alep, l'ex-capitale économique de Syrie divisée en deux depuis 2012.
Les insurgés ont riposté à coup de roquettes contre des quartiers sous contrôle du régime dans l'ouest de la ville, faisant cinq morts et 20 blessés, d'après l'Observatoire.
Selon son directeur Rami Abdel Rahmane, "il y a une escalade évidente et il s'agit de l'épisode le plus violent à Alep et sa province" depuis l'accord de cessation des hostilités imposé par Moscou et Washington. "Cette escalade menace directement le cessez-le-feu", selon lui.
"Alep est la clé de la guerre et de la paix en Syrie. Chaque partie impliquée dans la guerre a un intérêt dans Alep", rappelle M. Rahmane.
Les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) ont gagné du terrain samedi dans le nord de la province au détriment à la fois du régime et des rebelles, a indiqué l'OSDH.
Les groupes jihadistes comme l'EI ou le Front Al-Nosra (branche syrienne d'Al-Qaïda) sont exclus de la trêve qui a permis depuis fin février un recul des combats entre les forces loyalistes et l'opposition armée non jihadiste.
Par ailleurs, l'émissaire des Nations unies pour la Syrie, Staffan de Mistura, a évoqué dans ses discussions avec l'opposition à Genève l'hypothèse d'un maintien symbolique au pouvoir du président Bachar al Assad, ont déclaré samedi deux sources au sein de l'opposition syrienne, précisant que cette piste avait été rapidement écartée.
Staffan de Mistura a rouvert mercredi les discussions indirectes entre les différents camps du conflit syrien en expliquant que la transition politique était le principal enjeu de ce nouveau cycle des négociations qui visent à mettre fin à cinq ans de guerre.
 Trois jours après seulement, les négociations semblent plus fragiles que jamais, l'intensification des combats près d'Alep menaçant de compromettre définitivement un accord de "cessation des hostilités" déjà fragile.
 Deux sources de l'opposition ont déclaré que lors d'une réunion vendredi soir avec le Haut Comité des négociations, Staffan de Mistura avait évoqué - parmi d'autres - l'idée d'un maintien symbolique d'Assad au pouvoir, en échange duquel l'opposition désignerait trois vice-présidents auxquels seraient transmis les pouvoirs militaires et exécutifs.
 "Il n'y a eu aucun détail et nous ne prenons pas cela au sérieux", a dit un responsable de l'opposition.
 Les sources de l'opposition ont déclaré que Staffan de Mistura n'avait pas présenté cette idée comme une proposition à proprement parler.
La seule suggestion d'un maintien d'Assad au pouvoir pourrait compliquer un peu plus les discussions, déjà tendues, avec les deux camps.
 Un diplomate occidental de haut rang proche des discussions a jugé maladroit d'évoquer un maintien d'Assad à un poste officiel même symbolique, tout en estimant que l'idée ne provenait sans doute pas de de Mistura lui-même.
 "Si cette histoire continue de se répandre et n'est pas démentie rapidement, elle pourrait provoquer de vrais problèmes", a dit ce diplomate. "Elle a un effet catastrophique à Alep, où les combattants se méfiaient déjà de de Mistura et craignent de voir un accord conclu en coulisse."


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