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Depuis des décennies, la littérature scientifique populaire, l'art et les médias font jouer à cette hormone le rôle de stimulant de l'agressivité, explique l'Université de Zurich. Les expériences sur les animaux semblent a priori le confirmer. On a en effet pu observer que des rongeurs mâles castrés montraient moins de velléités belliqueuses. Durant des années s'est ainsi répandu le préjugé selon lequel la testostérone favorise les comportements agressifs, la prise de risque et l'égoïsme.
Pourtant, selon l'étude publiée dans "Nature", ce constat ne peut pas être transposé à l'être humain.
Cette conclusion découle d'une expérience réalisée auprès de 120 personnes volontaires. Chacun avait à disposition une somme d'argent bien réelle et devait faire une proposition de partage, honnête ou non, à une autre. Cette dernière était libre d'accepter ou non, mais en cas de refus, personne ne recevait le moindre centime.
Avant le jeu, les participants avaient reçu soit une dose de 0,5 milligramme de testostérone, soit un placebo. "Suivant l'opinion ordinaire, on aurait pu s'attendre à ce que les personnes traitées à la testostérone adoptent une stratégie agressive, risquée et égoïste, sans prendre garde aux conséquences négatives possibles sur la transaction", explique Christoph Eisenegger, neuroscientifique à l'Université de Zurich. Mais l'étude a montré exactement le contraire.
Les personnes traitées à la testostérone ont dans une large mesure fait des propositions plus équitables que celles ayant reçu un placebo. Ils ont ainsi minimisé les risques de voir leur offre rejetée.
L'étude montre aussi que la croyance populaire selon laquelle la testostérone stimule l'agressivité est fortement ancrée. Les personnes persuadées d'avoir reçu une dose d'hormone ont fait bien davantage d'offres déloyales que les autres. Selon l'économiste de la Royal Holloway Michael Naef, cela montre que c'est plus le mythe autour de l'hormone que la testostérone elle-même qui renforce l'agressivité.