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La communauté internationale, qui a récemment tenté en vain de multiples médiations, redoute une nouvelle effusion de sang et le gouvernement mis en place par les militaires semble paralysé alors qu’il a promis un processus de réconciliation devant déboucher sur des élections début 2014. Sur la place Rabaa al-Adawiya, le bastion des manifestants pro-Morsi transformé en camp retranché, des dizaines d’hommes casqués et munis de bâtons se sont massés juste après la prière de l’aube sur les barricades de briques et de sacs de sable qui barrent les entrées principales du véritable village de tentes installées autour de la mosquée. Sur une grande tribune sonorisée, leurs leaders se relaient inlassablement pour réclamer la restauration de M. Morsi et la fin du «coup d’Etat».
En plein milieu de la nuit à Rabaa, Farid Ismaïl, un des cadres des Frères musulmans, a même tenu une conférence de presse pour appeler à occuper «toutes les places du pays» lundi» et «délivrer un message aux leaders du coup d’Etat»: «le peuple égyptien poursuivra sa révolution».
Puis les manifestants ont conspué le général Abdel Fatah Al-Sissi, chef de l’armée et véritable homme fort du pays, celui qui a annoncé le 3 juillet la destitution et l’arrestation de M. Morsi après que des millions d’Egyptiens eurent manifesté pour exiger le départ du président islamiste.
Les Frères musulmans réclament la libération inconditionnelle de M. Morsi et des principaux dirigeants de la confrérie arrêtés depuis le 3 juillet certains seront jugés le 25 août notamment pour incitation au meurtre et la restauration du président et de la Constitution suspendue par les militaires.
Les opposants à M. Morsi lui reprochent d’avoir accaparé tous les pouvoirs au seul profit des Frères musulmans et d’avoir achevé de ruiner une économie déjà exsangue.
Mais les Frères musulmans refusent tout dialogue avec les autorités «illégitimes», tandis que le pouvoir intérimaire, relayé par la presse quasi unanime, les accuse d’être des «terroristes», d’avoir stocké des armes automatiques sur les deux places et de se servir des innombrables femmes et enfants qui s’y trouvent comme «boucliers humains».
Ahmed Al-Tayyeb, grand imam d’Al-Azhar, principale institution sunnite du pays, a appelé dimanche à la réconciliation nationale et assuré qu’il avait invité toutes les parties à venir négocier lundi un compromis. Cette initiative a été rejetée par les Frères musulmans, le grand imam Al-Tayyeb ayant ouvertement pris fait et cause pour le général Sissi le 3 juillet.