La télévision marocaine doit faire sa mue

Quand la TVM allait devenir la SNRT, on avait accueilli ce changement de statut avec beaucoup d'optimisme. On s'attendait, légitimement, à une refonte totale des grilles des programmes avec  une approche nouvelle de l'information et l'intégration de jeunes cadres imbus de la nécessité de changer les choses selon une vision moderniste et créatrice.
Des années sont passées depuis ce changement de statut et rien ne se profile à l'horizon. Au contraire, les grilles sont devenues de plus en plus ennuyeuses, ce qui a poussé les téléspectateurs à se tourner vers des chaînes étrangères, avec tout ce que cela comporte comme risques, notamment au niveau de l'information.
En effet, la SNRT depuis sa création n'a jamais proposé de projet audiovisuel à même d'attirer les téléspectateurs. C'est l'improvisation quotidienne, preuve en est que les responsables des chaînes ne respectent même pas les grilles qu'ils proposent. Tous les jours, on peut s'attendre à des changements de programmes ; des changement dont on ne daigne même pas prévenir; ce qui dénote un mépris total des téléspectateurs qui payent une redevance mensuelle au supposé paysage audiovisuel.
Que ce soit pour Al Oula, 2M, et les autres chaînes qu'on ne regarde même pas, c'est le même son de cloche, la même politique et le même désintéressement. On ne fait que larguer tout au long de la journée des téléfeuilletons  mexicains, turcs  et coréens, doublés tantôt en arabe classique, tantôt en dialecte syrien. Le soir, pour boucler cette mascarade, on a souvent droit, à un film indien. On se demande franchement où l’on vit. Au Maroc, en Syrie, au Mexique, en Turquie, en Corée?
Il est évident qu'un projet audiovisuel, surtout de télévision, doit répondre  à un certain nombre d'impératifs. Ëtre d'abord ancré dans la société et défendre ses valeurs. Peut-on dire ce que fait la SNRT pour défendre les valeurs de la tolérance, du patriotisme, de la culture, bref tout ce qui représente le socle de cette société. Des heures interminables de téléfeuilletons doublés, des informations aussi futiles qu'incomplètes, des rediffusions qui n'en finissent pas et des soirées qui glorifient le mauvais goût et matraquent les téléspectateurs de chanteurs orientaux de mauvaise facture.
Et si « Arriadia » s'en tire un peu mieux étant donné son créneau, il n'en va pas de même pour les autres chaînes qui ne sont, en vérité, qu'un gouffre où l'on engloutit l'argent des contribuables parce qu'elles ne sont pratiquement pas regardées. Aussi, demande-t-on quelle utilité de Médiamétrie dans ce contexte où la concurrence est inexistante. Même interrogation pour la HACA dont on ne connaît pas vraiment le rôle et les prérogatives. A quoi sert cette instance qui n'arrive même pas à faire respecter ses propres décisions surtout lorsqu'il s'agit d'annonceurs qui ne cessent de violer la loi de la concurrence et de dénigrer les décisions prises à leur encontre?
Il est temps de repenser tout cela et de mettre sur pied un plan comme ceux qui ont concerné les secteurs du tourisme, de l'agriculture, l'énergie, etc. Un plan dont les contours sont clairs et bien définis et l’identification claire des besoins et des délais de livraison. Pour cela il va falloir faire appel à des jeunes qui ont une nouvelle vision, sans pour autant évincer les moins jeunes qui peuvent s'intégrer dans le nouveau projet et l'enrichir de leurs expériences.