-
Le Maroc invité d'honneur de la 18e édition du prix Al Burda à Abou Dhabi
-
SAR la Princesse Lalla Hasnaa et S.E. Sheikha Sara Bint Hamad Al-Thani président à Doha le "Tbourida Show"
-
Des chercheurs se penchent sur les défis de la langue arabe à l'ère du numérique et de l'IA
-
Au SILEJ, la SNRT relaie ses émissions de débat politique auprès des jeunes
« Il s’agit aussi de savoir si nous aurons assez de clairvoyance et d’opiniâtreté pour imposer au public ce qu’il désire obscurément » Vilar
Une révolution dans le PAF (le paysage audiovisuel français): depuis le 5 janvier 2009, en effet, il n'y a plus de publicité sur les chaînes du service public français: c'est-à-dire le groupe France télévision qui regroupe cinq chaînes employant plus de 11 000 salariés et tournant avec un chiffre d'affaires de 3 milliards d'euros. Dans une première étape c'est de 20 heures à six heures que la publicité ne sera plus diffusée. Elle le sera définitivement à partir de la fin de 2011. C'est l'une des rares mesures phare préconisées par le candidat Sarkozy que celui-ci une fois élu a mis moins d'une année pour mettre en application. Quand le fameux programme centré sur la rupture est en perte de vitesse sur de nombreux "fronts", la télévision offre ainsi une échappée symbolique pour marquer les esprits. Pas seulement, dans la mesure où la suppression de la publicité va bousculer des habitudes, remettre en question les pratiques, les normes du travail de la télévision…faire bouger son économie politique. Déjà, au niveau du quotidien des spectateurs, c'est une nouvelle adaptation à la nouvelle grille de programmation avec ses nouveaux horaires de soirée qui s'impose. Pendant longtemps, les ménages ont pris l'habitude de voir démarrer leur soirée à 20H50; c'est désormais à 20h35 que les principales émissions vont débuter sans passer par le fameux tunnel publicitaire qui décalait l'ensemble de la soirée. Les promoteurs de la réforme ont mené une vaste campagne de sensibilisation médiatique pour sensibiliser les téléspectateurs à ce nouveau décalage qui aura des répercussions sur des habitudes domestiques inscrites dans le vécu des foyers depuis des décennies. Vingt minutes de moins sont dans un autre contexte culturel (le nôtre par exemple) peuvent paraître dérisoires; dans ce cas de figure, elles représentent un enjeu majeur. Entre 20h35, c'est-à-dire juste après la fin du jt et 20h50, l'horaire traditionnel du début de la soirée, va se dérouler une rude bataille avec le privé qui a gardé son schéma de programmation initiale: les foyers, fondement essentiel de l'audimat, vont-ils suivre le service public massivement? C'est un aspect parmi d'autres.
La suppression de la publicité a suscité également des polémiques quant au devenir du service public eu égard notamment à son indépendance par rapport au pouvoir politique. Indépendance portée notamment par la possibilité de diversification des sources de financement. Pendant longtemps dans les milieux professionnels, une thèse simple était en vogue résumée par le slogan "à service public, fonds public". Une logique également défendue par des théoriciens de l'audiovisuel d'inspiration de gauche.
Mais, l'évolution du paysage audiovisuel a amené les professionnels à défendre une thèse de financement mixte: fonds public + des recettes publicitaires avec une diminution des écrans publicitaires (ramenés à deux minutes au lieu de huit minutes par heure qui était le cas en France avant le 5 janvier). Mais le président Sarkozy s'est révélé plus radical que tout le monde et il a mis en pratique une revendication légitime et populaire. L'audiovisuel public en sortira gagnant avec de nouvelles conceptions de la programmation, de nouvelles approches du rapport au spectateur, une nouvelle logique de construction du temps télévisuel. A mon sens, la suppression de la publicité, c'est une nouvelle libération, c'est le 1945 du paysage audiovisuel. Les créateurs, les journalistes vont pouvoir se livrer à leur travail dans un nouvel environnement, plus sain, plus propre et plus transparent. La télévision était devenue une machine d'asservissement au service des annonceurs; une véritable entreprise de formatage des esprits et des regards.
Au Maroc, les deux chaînes publiques ont beaucoup à apprendre de cette nouvelle réforme française. Les pratiques publicitaires n'obéissent chez nous à aucune logique: ce qui est censé être un service public a des pratiques voraces du privé ; pendant le mois de Ramadan, les tunnels publicitaires frisent l'indécence; tous les soirs on continue à couper crapuleusement les films et, pire encore, des émissions sont construites dans les télévisions publiques pour promouvoir des services privés. Vivement notre 5 janvier télévisuel !