La reprise des relations entre Rabat et Téhéran n’est pas d’actualité

Sans la reconnaissance explicite de la souveraineté du Maroc sur son Sahara par l’Iran


Rachid Meftah
Dimanche 24 Novembre 2024

La reprise des relations entre Rabat et Téhéran n’est pas d’actualité
Des « informations » ont circulé dans les milieux observateurs de la région nord-africaine évoquant des signes de réchauffement des relations diplomatiques entre Téhéran et Rabat en rapportant que le Maroc aurait, pour ce fait, posé un certain nombre d’exigences spécifiques.

Réagissant à ces « rapports », le porte-parole de la diplomatie iranienne, Ismaïl Baghaï, a, prudemment, rappelé que son pays « n’a jamais été à l’initiative de la rupture des relations avec le Maroc » et qu’une reprise des rapports entre les deux pays devrait être fondée « sur des principes de sagesse, de dignité et de bien-être mutuel…».

Il semble que l’Iran et les milieux qui véhiculent ces « informations » sur un éventuel rapprochement manquent de discernement et ne mesurent pas le pragmatisme et l’intransigeance du Maroc quant à ses intérêts supérieurs avec en tête la Cause nationale de son intégrité territoriale.

Dans les faits, l’escalade périlleuse observée à travers les révélations de la possession par les mercenaires du polisario de missiles iraniens de type Arash standard ayant une portée pouvant atteindre jusqu’à 250 kilomètres dénote de l’absence totale de toute perspective proche de normalisation. D’ailleurs au soutien clair confirmé, matérialisé par l’appui militaire de plus en plus évident et même médiatisé, les porte-voix des séparatistes s’enorgueillant, s’ajoute la démarche d’infiltration religieuse déployée par les groupuscules activistes chiites iraniens ciblant la stabilité confessionnelle du Maroc…

Par ailleurs, le Maroc accuse l’Iran d’indirectement faciliter des livraisons d’armes au front polisario par le biais du Hezbollah libanais en indiquant qu’un « élément de l’ambassade d’Iran à Alger avait participé à une opération secrète, ce qui constitue un dossier à charge minutieusement préparé pendant des semaines sur la base d’informations collectées et recoupées sur plusieurs mois », avait relevé Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères…

 Il faut rappeler, à ce propos, que le Royaume du Maroc avait rompu, le 1er mai 2018, ses relations diplomatiques avec l’Iran sur la base d’accusations et d’inquiétudes confirmées. Le chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, avait, alors, présenté des preuves irréfutables attestant d’un acheminement d’armes facilité par les responsables algériens.

De ce fait, l’Algérie, qui se trouve, d’ores et déjà, embourbée dans une guerre par procuration, agit en tant que facilitateur de cette contribution militaire iranienne. En effet, d’après plusieurs sources, les relations et les échanges entre la bande des séparatistes du polisario et l’Iran se déroulaient effectivement par le biais de l’ambassade de Téhéran à Alger qui faisait office de principal canal dans le processus d’acheminement des armes et équipements militaires vers les camps de Tindouf.

En fait, l’apparition irréfléchie et mal calculée de photos de ces équipements militaires, partagées par les mercenaires du polisario, intervient « malencontreusement à un moment où, selon plusieurs observateurs, les rapports diplomatiques entre Rabat et Téhéran seraient sur la voie d’un éventuel réchauffement ».

 A ce propos, l’Iran tentait déjà auparavant de manifester sa volonté de se réconcilier avec le Maroc. En effet, en juin 2023, l’ancien ministre iranien des Affaires étrangères, Hossein Amir Abdollahian, avait fait clairement allusion à la possibilité d’une réconciliation avec le Maroc.

Ensuite, au début du mois de novembre de la même année, un émissaire sécuritaire iranien, accompagné de représentants de l’Arabie Saoudite et des Emirats Arabes Unis est venu à Rabat rencontrer ses homologues marocains. Or cette visite, comme d’autres démarches, qui aurait permis de discuter des conditions d’une éventuelle normalisation entre les deux pays, se serait heurtée à de grandes difficultés du fait de la parution desdites illustrations face aux démentis effrontés de Téhéran…

Là-dessus, un fait, et non des moindres, est venu exaspérer davantage la mésentente entre le Maroc et l’Iran et éloigner toute perspective de normalisation de leurs rapports. Lors des débats de la 4ème Commission de l’Assemblée générale des Nations unies en octobre, la représentante du régime iranien à l’Institution onusienne, Zahra Ershadi, s’est lancée dans une longue diatribe contre le Maroc en soutien aux séparatistes du polisario.

En somme, après de longues années de mésentente et de rupture entre Rabat et Téhéran, si des pourparlers auraient été entamés aux fins d’une reprise des relations diplomatiques, les démarches pour ce faire pourraient être foncièrement vaines du fait des tensions de fond alimentées par les manifestations avérées de soutien politique et militaire continu de l’Iran aux séparatistes de la milice du polisario.

L’Iran se débat pour échapper à sa posture de paria et à son image de pays ennemi et honni dans la région du Moyen-Orient et se démène dans sa quête de redéfinition de ses rapports et alliances en s’activant dans l’ouverture de nouveaux canaux diplomatiques avec les amis du Maroc. C’est d’ailleurs ce qui justifie l’intérêt pour repenser et peut-être normaliser ses rapports avec le Royaume du Maroc.

Mais les Iraniens sont-ils conscients que la réconciliation et la normalisation des rapports avec le Maroc ne peuvent en aucun cas être envisagées en l’absence d’une position sans équivoque de l’Iran sur la question du Sahara marocain et d’une reconnaissance claire et explicite de la souveraineté totale du Royaume sur l’ensemble de ses provinces du Sud ?

Rachid Meftah


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