La rentrée scolaire marquée par la mise en application du plan d’urgence : Une nouvelle tentative pour sauver l’école


KAMAL MOUNTASSIR
Jeudi 10 Septembre 2009

La rentrée scolaire marquée par la mise en application du plan d’urgence : Une nouvelle tentative pour sauver l’école
C’est aujourd’hui que se fera officiellement la rentrée scolaire alors que dans la plupart  des collèges et lycées, le rythme des inscriptions reste très lent et la majorité des administrations n’ont pas encore achevé toutes les opérations pédagogiques relatives à la carte scolaire de chaque établissement ainsi qu’à la répartition des emplois du temps et les dispositions du nouveau Plan d’urgence. Mais devant cette réalité, il y a le rituel communiqué du ministère de tutelle qui, par définition, affiche un optimisme béat en   annonçant les différentes dispositions qui mettront notre enseignement sur la planète des meilleurs systèmes éducatifs possibles, et confirmant par la même occasion que  quelque 7 millions d'élèves rejoindront leurs classes au titre de cette année scolaire.
  Et comme chaque rentrée  doit avoir un slogan et surtout un cheval de bataille à présenter à l’opinion publique, le département de Khchichene a choisi « Tous pour une école de réussite » en optant pour la mise en œuvre du Plan d'urgence qui s’étendra jusqu’en 2012 et la consécration de la réforme.
Ce programme d’urgence revêt cette année une importance particulière, car cette saison sera le point de départ de ce plan qui, en fait, est une reconnaissance des défaillances de la Charte de l’éducation et de la formation. Il vient aussi suite au rapport très objectif du Conseil supérieur d’enseignement édité l’année dernière et qui confirme la crise de notre système éducatif. Un système qui pénalise le Maroc à plusieurs niveaux d’où le souci de la mise en hâte, il faut le dire, d’un plan d’urgence.
Pour le département de Khchichene, il s’agit d’abord d’augmenter sensiblement le taux de scolarisation pour atteindre un seuil effectif dépassant les 90%, en concomitance avec une amélioration des conditions infrastructurelles dans les écoles surtout en milieu rural et la création  d’autres établissements, car leur nombre reste très insuffisant pour atteindre l’objectif escompté. En réalité, les conditions d’apprentissage sont loin d’être acceptables même en milieu urbain, ce qui nécessite un effort de la part des pouvoirs publics dans ce sens. Car  l’enseignement est avant tout un investissement. Or, l’Etat n’a pas encore pris conscience de la gravité de ce déficit. On n’aura que l’enseignement qu’on mérite en fin de compte. Si nos voisins tunisiens dépensent 1342 dollars pour chaque élève par an et que l’Afrique du Sud réserve 1160 dollars à chaque élève, le Maroc n’en dépense que 525. Le ministère tente d’améliorer cet indice pour pallier la situation, mais cela nécessite une véritable volonté politique. Ce qui est sûr, c’est que tous les élèves ne sont pas égaux devant l’accès à l’école et ce à plusieurs égards. D’où l’initiative Royale de la distribution d’un million de cartables pour les couches défavorisées. D’autre part, le ministère envisage, lors de cette première étape du Plan d’urgence, d’améliorer la qualité de l’enseignement par l’encouragement de l’initiative et l’excellence dans le cycle secondaire à travers plusieurs axes tels une offre plus importante au sein des lycées augmentant leur capacité d’accueil et la création des lycées d’excellence. Mais il s’avère que cela se fera aux dépens des élèves et des enseignants et de la qualité du cours dispensé dans ces établissements avec des sureffectifs inimaginables et des sur-horaires inacceptables pour les enseignants.
Dans la plupart des délégations du Maroc et à la veille de cette fameuse rentrée d’« urgence », les cartes scolaires connaissent des   difficultés qui obligent les responsables locaux à apporter des solutions de fortune. Mais l’abandon scolaire observé en milieu rural et parmi les couches défavorisées est aussi un handicap pour l’amélioration de notre enseignement. La durée moyenne de scolarisation est de 5 ans chez nous alors qu’elle est de  10 à 12 ans dans d’autres pays. Le Plan d’urgence prévoit des aides financières au profit des démunis pour encourager la scolarisation. Le budget réservé à cette opération est de l’ordre de 450 millions de dirhams. Reste à savoir si ce soutien matériel aux pauvres n’atterrira pas chez les riches !
Selon le département de tutelle, on s’attellera à travers plusieurs projets à adapter l’enseignement universitaire au marché de l’emploi. Certes à ce niveau, il y a un réel déphasage entre l’offre et la demande et c’est le privé qui a pris la relève pour sauver la face en offrant les cadres qui manquent  atrocement   dans plusieurs secteurs.  Il faut dire que l’enseignement privé au primaire a également fait d’indéniables progrès en mettant en place une structure adéquate. Et l’on remarque que les élèves du primaire privé réussissent mieux au collège et au lycée, contrairement au apprenants issus de l’école publique.
Le ministère compte aussi augmenter le nombre d’internats, mais ce qui doit être doublé, c’est certainement le budget alloué au fonctionnement de ces pensionnats. Le transport n’est pas en reste, selon le département de l’éducation, puisqu’on prévoit l’augmentation de la capacité de ce dernier en milieu rural.
Cependant, le point essentiel pour la réussite de tout projet éducatif reste l’enseignant. Les syndicats ont beau, et à maintes reprises, sonner l’alarme pour demander au ministère de faire   participer les concernés dans   l’élaboration de tout projet scolaire et d’améliorer la situation des enseignants, tant sur le plan matériel que celui de la formation en répondant aux revendications de la corporation de l’éducation et l’enseignement. Il n’en demeure pas moins vrai que le ministère fait toujours la sourde oreille. Le Plan d’urgence comme tous les projets précédents reste intéressant et ambitieux, dont la mise en œuvre et l’application demeurent cependant incertaines.
Pour cette rentrée particulière, on se demande comment le département de Khchichene compte procéder, en collaboration avec celui de Yasmina Badou, pour contrer une éventuelle apparition de la grippe porcine. On parle d’un plan global de prévention du virus dans nos écoles, de campagnes de sensibilisation et de vaccination en automne pour parer à tout risque de propagation. Mais ce qui est certain, c’est que ce n’est pas un vaccin qui délivrera  notre école de ses autres maux.


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