Les nuages sombres s'amoncellent sur la jeune présidence du magnat de l'immobilier septuagénaire qui bat des records d'impopularité par rapport à tous ses prédécesseurs. Et qui, loin d'avoir trouvé un ton rassembleur, alimente chaque jour un peu plus un sentiment de chaos et d'improvisation au sein de l'exécutif de la première puissance mondiale.
De toutes les crises qu'il a lui-même générées depuis sept mois, celle née de ses propos sur les violences racistes de Charlottesville fut sans conteste la plus dévastatrice. En affirmant, lors d'une conférence de presse en roue libre devant les ascenseurs dorés de la Trump Tower, que les torts étaient des "deux côtés" (suprémacistes blancs et contre-manifestants), il a choqué.
Al Gore, ancien vice-président démocrate, lui a conseillé de "démissionner", Mitt Romney, ancien candidat républicain à la Maison Blanche, de "s'excuser".
Le renvoi vendredi du sulfureux Steve Bannon, "conseiller stratégique" à la présidence, aurait pu marquer un moment fort, le marqueur d'un "recentrage". Mais le calendrier fut désastreux : il est intervenu quelques jours après les remarques présidentielles chargées d'ambiguïté sur l'extrême droite. Certes, son départ clarifie les rapports de force au sein de la Maison Blanche, où John Kelly, général à la retraite des Marines, est désormais l'homme fort. Mais il pose avec une acuité renouvelée une question lancinante : quelle est la véritable doctrine de Donald Trump ? Quelles sont ses véritables lignes directrices ?
Sur le terrain, samedi à Boston, des dizaines de milliers de manifestants ont dénoncé le racisme et l'extrême droite, un défilé marqué par quelques accrochages avec la police illustrant le climat électrique aux Etats-Unis après les violences de Charlottesville et l'ambigüité de Donald Trump.
"Pas de place pour la haine" ou "Rentrez chez vous, nazis", pouvait-on lire sur des panneaux dans le cortège, fort "probablement" de "quelque 40.000 personnes", selon le chef de la police de Boston, William Evans.
Dans ce bastion progressiste du nord-est, les manifestants avaient répondu à un appel à se mobiliser contre un rassemblement se réclamant de la "liberté d'expression" - mot d'ordre devenu symbole de discours anti-politiquement correct et parfois raciste.