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Tel est le cas de l’application de la loi 113-13 autorisant l'ouverture du capital des cliniques privées à des investisseurs non médecins qui s’est révélée être un vrai fiasco puisque fort peu d’investissements ont été consentis dans les villes de Casablanca, Mohammedia, Rabat et Marrakech. Ceci d’autant plus que le seul axe Casablanca-Rabat accapare 30% des 371 cliniques existantes, soit 35% de la capacité hospitalière nationale estimée à 14.560 lits. Une situation qui met à mal la raison d’être de cette loi farouchement défendue par le ministre de la Santé qui n’a eu de cesse de répéter à qui voulait l’entendre qu’elle était censée permettre un meilleur accès aux soins ainsi qu’une meilleure répartition régionale. « El Houssaine Louardi a toujours prétendu que cette loi allait permettre de drainer les investissements vers les petites localités et les zones éloignées. Mais, aujourd’hui, la réalité est tout autre. Les investisseurs ciblent les grandes villes où ils peuvent amortir leur mise de manière suffisamment rapide. Jamais aucun opérateur privé n’osera investir des millions de DH à Bouarfa ou à Figuig. Ce sont les grandes clinques casablancaises, rbaties et marrakchies qui sont ciblées en priorité. Le ministre est actuellement bouche cousue et ne pipe mot des investissements déjà réalisés dans ce cadre ou du bilan qu’il a réalisé dans ce domaine», nous avait indiqué Aziz Rhali, coordinateur du Collectif pour le droit à la santé au Maroc en mai dernier (Cf. notre édition du lundi 16 mai 2016). « La ruée des investisseurs n’a donc pas eu lieu. Ces derniers font preuve de prudence. L’expérience de la clinique Ghandi en a découragé plus d’un, puisque les prévisions escomptées ne se sont pas réalisées et, du coup, les investisseurs patientent tout en avançant à petits pas », nous a précisé le Dr. Badreddine Dassouli, président du Syndicat national des médecins du secteur libéral (SNML), dans la même édition. Et d’ajouter : «Aujourd’hui, ils manœuvrent dans les coulisses pour orienter la demande de soins de santé vers le secteur privé, notamment via les sociétés d’assurance qui dirigent ainsi leurs clients vers certaines cliniques et pas d’autres».
Le même constat a été dressé à propos de la baisse des prix des médicaments lancée en grande fanfare. Pour plusieurs observateurs, s’il est vrai que 2.602 médicaments et 1.000 dispositifs médicaux ont vu leurs prix baisser respectivement de 20 à 80% et de 63%, il n’en demeure pas moins que derrière ces bons résultats se cache une réalité plus troublante. En effet, le ministère de la Santé ne dit pas tout. Il balance des chiffres bruts sans en préciser, pour autant, les contours. En fait, il y a eu une baisse des prix, mais elle n’a concerné qu’une infime partie des médicaments vendus dans les officines. Ainsi sur les 2.602 articles qui ont été touchés par ladite baisse, près de 70% d’entre eux concernent des produits très chers qui ne se vendent pas dans les pharmacies mais sont plutôt dispensés dans les hôpitaux ou dans les centres d’oncologie. «Et du coup, cette baisse ne concerne que les 30% qui restent soit près de 500 articles. C'est-à-dire moins de 5% des 9.000 articles en question», a précisé Khalid Zouine, expert en politique et industrie pharmaceutiques (Cf. notre édition du 11 mai dernier). Même son de cloche de la part de Khalid Sefrioui, président du Syndicat régional des pharmaciens d’officines d’Oujda (SRPOO). «La baisse effective a eu bien lieu, mais elle n’a pas été ressentie par les citoyens du fait que la plupart des médicaments concernés par cette mesure ne sont pas vendus dans les pharmacies. Il s’agit de médicaments coûteux vendus souvent par la CNOPS », nous a-t-il indiqué.
Certains de ces observateurs vont plus loin. Ils estiment ces baisses insignifiantes puisque le Maroc continue à appliquer le taux de TVA le plus élevé en Méditerranée en comparaison avec l’Algérie et la Tunisie qui appliquent une TVA de 0%, l’Egypte (5%), la France (2,5%), la Jordanie (6%) et l’Italie (5%). Pour eux, cela signifie que tout le discours sur la baisse des prix des médicaments n’a été que de la poudre aux yeux puisque cette baisse n’a pas dépassé 2,98 points.
Concernant la généralisation du RAMED, les experts s’accordent à dire que derrière le chiffre de 9 millions de personnes immatriculées atteint fin novembre 2015, soit plus de 3,4 millions de foyers, se cache une réalité amère et de vraies questions. «Si le RAMED a atteint sa cible à hauteur de 113%, cela veut dire qu’on a dépassé les prévisions initiales de l’étude actuarielle réalisée en 2006 et estimant la population cible à 8 millions de personnes. Comment l’Etat compte-t-il donc gérer l’impact financier de cet élargissement alors que ce régime souffre déjà d’une insuffisance de fonds?», s’est interrogé Aziz Rhali. Une situation des plus compliquées, d’autant plus que les experts de l’ANAM prévoient que cette population est appelée à augmenter davantage puisque 26 des provinces concernées n’ont pas encore atteint leurs cibles et que 5 d’entre elles ne dépassent pas 60%.
Notre source se pose également des questions sur ces 9 millions de personnes immatriculées. Combien d’entre elles ont-elles effectivement retiré leurs cartes RAMED? «Beaucoup refusent de payer leur contribution financière de 120 dirhams par personne bénéficiaire avec un plafond de 600 dirhams par ménage. Elles estiment ce montant exorbitant», nous a précisé notre interlocuteur. Des propos confirmés par l’ANAM qui a indiqué que le taux de retrait des cartes de catégorie «Vulnérables», au titre de l’année 2015, a été de 29,5%, en régression de trois points par rapport à l’année 2014. Ce taux n’a d’ailleurs pas dépassé les 33,6% depuis 2009 ; ce qui confirme sa tendance baissière même s’il est déjà en deçà des attentes.
Une situation des plus compliquées puisque l’Etat n’a pas injecté de fonds dans ce système depuis deux ans vu qu’il n’y a pas de dispositions claires dans la loi de Finances qui précisent les sources de financement du RAMED. Plusieurs établissements de santé publique refusent aujourd’hui de prendre en charge les Ramédistes faute de compensations financières. Nombreux sont les hôpitaux qui se sont trouvés confrontés à une équation complexe, à savoir l’augmentation du nombre d’assurés RAMED d’un côté et l’insuffisance des subventions du ministère de la Santé de l’autre. Les 2,4 MMDH alloués à ce régime par la loi de Finances 2015, dont 60 MDH aux cinq CHU, ne semblent pas avoir été au diapason de la demande de soins qui est en nette progression.