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l’attaque jihadiste qui a visé le centre-ville
de Ouagadougou, vendredi dernier.
La célèbre photographe marocaine
Leila Alaoui qui était à l'hôtel Splendid
a été grièvement blessée lors de l’assaut.
Elle travaillait sur un projet pour
Amnesty International et ses œuvres sur
l’identité marocaine sont actuellement
à l’honneur à la Maison européenne
de la photographie, ainsi
qu’à l’Institut du monde arabe.
Vingt-neuf personnes tuées, c'est le bilan de la surenchère sanglante d'Aqmi qui a touché le Burkina Faso. Vendredi soir, un commando jihadiste se revendiquant de la branche Al-Mourabitoune a pris d'assaut le Café Cappuccino et l'hôtel Splendid, deux établissements du centre de la capitale Ouagadougou fréquentés par les étrangers.
La photographe marocaine Leila Alaoui qui travaillait sur un projet de reportage pour le compte d’Amnesty International se trouvait sur place, à l’hôtel Splendid, et a été grièvement blessée lors de l’assaut. «Leila était en train de dîner. Elle a reçu deux balles l’une à la jambe, l’autre au bras. Elle a perdu beaucoup de sang avant d’être évacuée. Heureusement qu’elle a été admise dans un hôpital où il y a un scanner. Ce qui a permis de détecter un caillot de sang dans ses poumons qui compliquait la respiration», aurait raconté la mère de Leila Alaoui à nos confrères du «360.ma», avant de préciser que son état est désormais stable. «On espère que ses jours sont hors de danger », a-t-elle confié.
De nombreux messages de solidarité circulaient sur les réseaux sociaux, en particulier dans le milieu culturel marocain, comme ce tweet de Neila Tazi, productrice du célèbre Festival de musique Gnaoua au Maroc : «La photographe marocaine Leila Alaoui a été blessée dans l’attaque terroriste de Ouagadougou. Nos prières sont avec elle et sa famille».
Née en 1982, Leila Alaoui est une artiste de renommée internationale, elle a étudié la photographie à l’Université de la ville de New York (City University of New York) et vit, aujourd’hui, entre Marrakech et Beyrouth. Son travail explore l’identité, les diversités culturelles et la migration dans l’espace méditerranéen.
«Les Marocains», une galerie de portraits grandeur nature
Sa série de photographie, intitulée «Les Marocains», est actuellement exposée à Paris, principalement à la Maison européenne de la photographie (MEP) et à l’Institut du monde arabe (IMA), dans le cadre de la première Biennale de la photographie arabe dont nous vous parlions récemment.
Sur le site de la MEP, Leila Alaoui décrit «Les Marocains» comme une série de portraits photographiques grandeur nature réalisés dans un studio mobile qu’elle a transbordé à travers le Maroc. «Puisant dans mon propre héritage, j’ai séjourné au sein de diverses communautés et utilisé le filtre de ma position intime de Marocaine de naissance pour révéler, dans ces portraits, la subjectivité des personnes que j’ai photographiées», écrit-elle. «Inspirée par “The Americans”, le portrait de l’Amérique d’après-guerre réalisé par Robert Frank, je me suis lancée dans un road trip à travers le Maroc rural afin de photographier des femmes et des hommes appartenant à différents groupes ethniques, Berbères comme Arabes», précise-t-elle. «Ma démarche, qui cherche à révéler plus qu’à affirmer, rend les portraits réalisés doublement “documentaires” puisque mon objectif – mon regard – est à la fois intérieur et critique, proche et distancié, informé et créatif.
Ce projet, toujours en cours, constitue une archive visuelle des traditions et des univers esthétiques marocains qui tendent à disparaître sous les effets de la mondialisation», souligne l’artiste qui explique également que «cette manière hybride de concevoir le documentaire fait écho à la démarche corrective postcoloniale que de nombreux artistes contemporains engagent aujourd’hui afin d’écarter de l’objectif l’exoticisation de l’Afrique du Nord et du monde arabe très largement répandue en Europe et aux Etats-Unis». «Le Maroc a longtemps occupé une place singulière dans cette utilisation de la culture historique – en particulier des éléments de l’architecture et des costumes nationaux – pour construire des fantasmes d’un « ailleurs » exotique», ajoute Leila Alaoui. «Il s’agissait pour moi de contrebalancer ce regard en adoptant pour mes portraits des techniques de studio analogues à celles de photographes tels que Richard Avedon dans sa série « In the American West », qui montrent des sujets farouchement autonomes et d’une grande élégance, tout en mettant à jour la fierté et la dignité innées de chaque individu», conclut la photographe.