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La longue histoire du pot de terre gallois face au pot de fer anglais

Jeudi 16 Juin 2016

Bale&Co. jubilent: dans l'ombre des Anglais depuis 137 ans que dure la rivalité sportive entre eux, les Gallois rêvent de prendre une revanche éclatante ce jeudi lors du derby de l'Euro-2016 habituellement nettement plus chaud sur la pelouse qu'en tribunes.
Avant le foot, les deux nations se livrent en tous cas à distance depuis jeudi à une partie de ping-pong.
"On a plus de passion et de fierté" que ces Anglais "qui se croient arrivés avant d'avoir fait quoi que ce soit", a ainsi servi samedi Gareth Bale après la victoire contre la Slovaquie (2-1) qui lui offre la tête du groupe B. Mardi, la star madrilène nourrie par Southampton et Tottenham au bon lait de la Premier League a maintenu ses propos.
Dans la soirée, le sélectionneur Roy Hodgson a renvoyé la balle après le nul contre la Russie (1-1) en lui reprochant "un manque de respect". Son joueur Jack Wilshere a ensuite conclu - pour l'instant? - l'échange.
"On sait qu'ils ne nous aiment pas. Nous? Pas vraiment", a répondu le Gunner au sang chaud alors que ses prochains adversaires sont "accusés" d'avoir célébré devant la télé l'égalisation de la Russie.
 De quoi ancrer dans le présent le nouvel opus d'une rivalité qui dure depuis janvier 1879 et la première victoire 2-1 des Anglais à Londres.
Cent autres matches ont suivi depuis et les 14 victoires galloises ont été bruyamment célébrées comme autant de triomphes contre l'envahissant voisin. Nettement plus que les 66 succès anglais, somme toute normaux.
Depuis la dernière "révolte" en 1984 (1-0), la force tranquille des Trois Lions a toutefois éteint les Dragons, battus quatre fois sans marquer le moindre but.
Les relations des deux équipes épousent en effet historiquement celles entre les deux "pays", la rancoeur du "petit" répondant souvent à l'impérialisme du "grand".
Au XIIIe siècle, le roi anglais Edouard 1er a ainsi envahi le Pays de Galles, y construisant sept châteaux qui sont toujours debout aujourd'hui, pour maintenir l'ordre.
Au XVIe siècle, Henri VIII a annexé au royaume la province, dont Charles, fils de la reine d'Angleterre, est aujourd'hui le prince.
Gouvernée à Londres par le parlement britannique, la principauté a obtenu une certaine autonomie administrative en 1999 avec la création d'un gouvernement local.
"Une grande partie de l'identité nationale dépend des relations avec l'Angleterre et repose sur la volonté de ne pas être anglais, de se différencier", analyse Huw Richards, journaliste et universitaire.
Au fil des échanges parfois tumultueux entre les deux nations, le quotidien sportif peut également parfois virer à l'aigre.
En 1977, deux ans avant l'avènement du Premier ministre anglais Margaret Thatcher, haïe par les Gallois qui l'accusent d'avoir précipité la chute de leur industrie, la diatribe supposée du capitaine du XV du Poireau résonnait ainsi de manière cinglante.
"Qu'est-ce-qu'ils ont fait pour nous, ces bâtards? Absolument rien, aurait ainsi assuré Phil Bennett à ses coéquipiers dans le vestiaire. Ils prennent notre charbon, notre eau, notre acier. Ils achètent nos maisons et vivent dedans une quinzaine de jours dans l'année."
Le rugby gallois est en effet habitué à lutter pied à pied avec celui d'Angleterre, tandis que le football du pays, qui n'avait participé qu'au Mondial-1958 jusqu'à présent, est historiquement traité avec une certaine condescendance par son voisin qui ne l'a jamais vu comme un vrai rival sportif.
"C'est eux que l'on veut battre avant tout, reconnaît un supporteur gallois. Pour montrer qui nous sommes. S'ils ne nous battent pas, ils vont être hachés par leur presse parce que pour eux on n'existe pas."
Dans le camp d'en face, l'Angleterre tente, elle, de rester au-dessus de la mêlée.
"Tout le monde essaie de s'offrir le scalp de l'Angleterre, pas uniquement le Pays de Galles, estime ainsi son ailier Adam Lallana. C'est pareil pour les autres pays. Contre nous, ils haussent leur niveau, veulent nous battre et nous on puise là-dedans".

 


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