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“La production de miel a baissé pratiquement de moitié depuis les années 80” où elle était à son apogée avec 80 tonnes par an, affirme Kamila Mohammed, professeur à la Faculté d’agriculture de Bagdad et spécialiste du secteur.
L’apiculture “s’est nettement détériorée après 2003 en raison du manque de sécurité dans les endroits où se trouvaient les ruches”, explique-t-elle, devant une demi-douzaine de ruchers installés dans les champs appartenant au Lycée agricole d’Abou Ghraib (20 km à l’ouest de Bagdad).
Les ruches étaient particulièrement présentes dans les régions d’Abou Ghraib, de Youssoufiya (sud de Bagdad), ainsi que la province de Diyala (nord-est), anciens fiefs des insurgés et d’Al-Qaïda où les attentats font encore régulièrement des victimes.
Selon Mme Mohammed, le Lycée abritait 250 ruchers en 1986, produisant environ cinq tonnes de miel par an, et n’en compte plus que 15 pour une production de 150 kg actuellement. La production actuelle nationale se situe désormais sous la barre des 50 tonnes.
Pour l’expert, après la guerre et les opérations de sécurité qui ont ravagé les champs où butinaient les abeilles, les apiculteurs souffrent désormais de la sécheresse et du manque de soutien financier du gouvernement pour éradiquer les maladies qui ravagent les ruches.
“Le sous-développement du secteur agricole, les coupures d’eau et la désertification ont détruit la végétation. De plus, Nous manquons de laboratoires pour le traitement des maladies des abeilles”, explique-t-elle devant sa petite colonie installée au sein du Lycée, entouré de champs arides.
“Dans le passé, nous faisions deux récoltes par an, contre une seule aujourd’hui, au printemps”, renchérit Adnan Jumaa, chargé de l’entretien des ruches.
Hussein Saadi, professeur-assistant au Département de protection de la Nature, ajoute que certains apiculteurs ont tenté de déplacer leurs ruches “pour chercher des champs plus fleuris”. “Mais l’insécurité est devenue trop grande, et ils ont arrêté”, ajoute-t-il.
Pour repeupler les ruches, les apiculteurs manquent également d’abeilles, autrefois importées d’Italie, d’Egypte ou de Syrie. Les butineuses syriennes sont implantées dans les ruches du nord du pays, les Egyptiennes dans le centre.
L’Irak produit quatre variétés de miel: citron, toutes fleurs, trèfle et eucalyptus, surtout utilisé pour les traitements (plaies, brûlures, ulcère, asthme...) et les soins de la peau.
Témoin d’une époque passée, le “Royaume des abeilles”, magasin de Waziriyah (nord de Bagdad) rappelle que malgré la pénurie, le miel est toujours aussi recherché par les Irakiens.
“Les gens veulent du miel pur, peu importe le prix”, assure son patron, Mouhannad Abdoul Razzak. Selon lui, le kilo du précieux nectar se négocie entre 18.000 et 45.0000 dinars (entre 15 et 40 dollars). “C’est un bon traitement pour l’impotence, les tumeurs malignes ou d’autres maladies”, assure-t-il devant ses rayonnages de pots, crèmes et onguents à base de miel.
Pour Abbas Sabih, 63 ans et marchand de miel depuis plus de 20 ans dans le centre de Bagdad, les acheteurs préfèrent le miel irakien car selon lui “le miel produit en Irak est plus pur, les gens savent où il est fabriqué, et ils ne font pas confiance au miel importé”.