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Il s’agit d’une énième critique majeure adressée au gouvernement Akhannouch concernant sa gestion du dossier des Marocains résidant à l'étranger (MRE). En effet, les MRE continuent de faire face à de nombreux obstacles structurels et bureaucratiques, qui s’ajoutent au manque de stratégies claires pour canaliser leurs investissements et à des démarches administratives complexes. Sans oublier l'absence de structures d'accompagnement efficaces à l’étranger. Une situation à charge contre l’Exécutif qui alimente un sentiment de frustration au sein de la diaspora marocaine, qui se sent souvent négligée et insuffisamment soutenue dans ses initiatives de développement pour le pays d'origine.
“L'Exécutif traite du sujet de manière aléatoire, sans une visionInvestissements
stratégique claire”, tel qu’affirmé par le député USFP, Hatim Louzzi
Ainsi, concernant les investissements des MRE au Maroc, ledit rapport constate « le manque de planification stratégique et d’infrastructures adaptées pour canaliser ces investissements vers des secteurs clés comme les technologies, l’industrie ou l’agriculture, et ce contrairement à d’autres pays émergents qui disposent de plateformes centralisées offrant des informations détaillées sur les projets disponibles». Selon le document cité, «le Maroc ne possède pas encore une «banque de projets» complète et actualisée. Cette lacune limite la visibilité des opportunités d’investissement régionales et sectorielles. En conséquence, de nombreux investisseurs optent pour des placements traditionnels, principalement dans l’immobilier, un secteur perçu comme plus stable, mais qui contribue peu à la création d’emplois ou à l’innovation».
Bureaucratie
« La bureaucratie marocaine constitue un autre frein majeur à l’investissement des MRE », indique la même source. Et d’expliquer : « Les démarches administratives, souvent jugées complexes et chronophages, nécessitent une présence physique au Maroc, ce qui représente un obstacle majeur pour les investisseurs vivant à l’étranger. Bien que des efforts notables aient été entrepris pour digitaliser certaines procédures, ces initiatives demeurent incomplètes et les infrastructures numériques existantes ne sont pas encore adaptées aux besoins spécifiques des MRE. Par exemple, la mise en place d’un guichet unique digitalisé pourrait simplifier les formalités administratives, en permettant aux investisseurs de gérer leurs projets à distance, réduisant ainsi les délais et les coûts associés aux démarches traditionnelles ».
Représentation
L’absence de structures dédiées dans les pays d’accueil est un autre facteur limitant l’engagement des MRE, ajoute ledit rapport. Ce dernier met en évidence «le déficit de bureaux de représentation économique marocaine à l’étranger, ce qui entrave la promotion des opportunités d’investissement au Maroc. Les services consulaires, malgré leur nombre, souffrent de ressources humaines et financières insuffisantes. Leur capacité à accompagner les investisseurs est limitée, notamment dans les pays vastes où l’accès aux services peut s’avérer difficile. Pour remédier à cette situation, le Maroc pourrait renforcer ses représentations économiques, en créant des bureaux d’investissement au sein des consulats, dotés de personnels spécialisés, capables de conseiller et d’accompagner les MRE dans leurs démarches ».
Environnement économique
Enfin, la perception d’un environnement économique peu favorable décourage de nombreux MRE. Le rapport de l’Observatoire souligne « le manque d’avantages fiscaux spécifiques, un facteur crucial pour attirer les capitaux étrangers. La transparence insuffisante des procédures, combinée à des pratiques de corruption dénoncées par certains investisseurs, renforce leur réticence à investir dans le pays. Pour créer un climat de confiance, le gouvernement marocain devrait renforcer les mécanismes de transparence et d’éthique dans les transactions économiques. L’instauration de garanties claires et de contrôles rigoureux, ainsi que la lutte contre la corruption, seraient des mesures essentielles pour restaurer la crédibilité et attirer des capitaux ».
Critique
Une évaluation critique qui s’inscrit parfaitement dans la continuité de critiques similaires adressées par les acteurs associatifs MRE et les spécialistes de ce dossier. Selon eux, la gestion gouvernementale de ce dossier révèle un manque évident de volonté politique alors qu’il s’agit d’une question qui revêt des enjeux économiques, sociaux et politiques majeurs pour le pays. «L'Exécutif traite ce sujet de manière provisoire, sans une vision stratégique claire», nous a affirmé Hatim Louzzi, député de l’USFP dans une précédente édition, en pointant du doigt l’absence d’initiatives législatives significatives ou de réformes concrètes tout au long de ce mandat. Cette absence d’action reflète, selon lui, le fait que les problématiques liées aux MRE ne sont pas considérées par le gouvernement comme une priorité urgente.
Concernant la réforme tant attendue du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), les propositions avancées par divers partis politiques, à leur tête le Groupe socialiste à la Chambre des représentants, sont restées sans suite. Louzzi déplore que l'Exécutif n’ait pas jugé utile de les examiner sérieusement ou de les intégrer dans une politique cohérente. Le même constat s'applique aux initiatives du Groupe istiqlalien de l'unité et de l'égalitarisme. Son président, Nourdin Moudian, a confirmé que la proposition de loivisant à restructurer et dynamiser la gestion des affaires des MRE n'a pas abouti, ce qui illustre un manque de réactivité gouvernementale sur ce sujet sensible.
Inertie
L'inertie gouvernementale est particulièrement flagrante lorsqu'on examine le traitement réservé aux recommandations issues de la Mission exploratoire temporaire sur la situation et les services fournis par les consulats marocains à l’étranger. Deux ans après l’élaboration et la présentation de ce rapport, malgré des discussions approfondies au sein de la Commission des affaires étrangères, de la défense nationale, des affaires islamiques et des MRE, et en dépit de la présence du ministre des Affaires étrangères, aucune mesure concrète n’a été mise en œuvre. Cette inaction symbolise, selon Hatim Louzzi, un désintérêt persistant et une incapacité du gouvernement à répondre efficacement aux attentes de la diaspora marocaine, pourtant essentielle au développement national.
Ce constat soulève une question centrale: comment un enjeu aussi stratégique pour l’économie nationale peut-il rester aussi marginalisé dans les politiques publiques ? La diaspora marocaine, avec ses ressources économiques et son potentiel d'investissement, mérite une approche plus structurée et une reconnaissance accrue de son rôle dans le développement du pays. L’absence de vision et de mesures concrètes risque non seulement de perpétuer la marginalisation des MRE, mais aussi de compromettre des opportunités économiques précieuses pour le Maroc.
Hassan Bentaleb