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Dans la soirée de mercredi 3 juillet, le chef d'état-major Abdel Fattah Al-Sissi, entouré des principaux chefs religieux du pays et du représentant de l'opposition Mohamed El-Baradei, a annoncé que la Constitution était suspendue et que Mohamed Morsi était remplacé par le président de la Haute Cour constitutionnelle. Des élections anticipées seront organisées, affirmera-t-il dans une allocution télévisée.
On le sait, depuis dimanche 30 juin, plusieurs millions d’Egyptiens ont manifesté pour demander le départ du président Mohamed Morsi, un an après son arrivée au pouvoir. L’armée avait d’ailleurs fixé un ultimatum de quarante-huit heures –qui expirait mercredi à 16h30- au président Morsi pour "satisfaire les revendications du peuple", sous peine de se voir imposer une "feuille de route". Depuis mercredi, c’est chose faite. Le président égyptien a été chassé du pouvoir. Et les militaires se font, de manière transitoire et provisoire, les gardiens d’une révolution confisquée aux premiers manifestants de la place Tahrir, ceux qui ont rendu possible le départ du pouvoir de l’ancien Raïss, Housni Moubarak.
Vue de Rabat, la destitution de l’islamiste Mohamed Morsi est différemment appréciée. Pour Ahmed Zaïdi, le président du Groupe socialiste à la Chambre des représentants, c’est une nouvelle séquence qui commence, non pas dans l’histoire de la démocratie arabe mais de « la situation dans les pays arabes ». La nuance, explique cet Usfpéiste, est de taille.
« Parler de démocratie, c’est une chose, faire référence à la situation arabe, c’en est une autre. La question qui se pose aujourd’hui est de savoir où nous allons dans cet apprentissage télécommandé de la démocratie que l’on a vu dans certains pays comme l’Egypte à la suite du Printemps arabe. Quand ces expériences menées au nom de la démocratie, de la liberté, du respect des droits de l’Homme vont-elles s’achever ? Quand cessera-t-on de prendre les peuples arabes pour des souris de laboratoire sur lesquelles on expérimente des formules ? Cette séquence qui s’achève avec l’Egypte a bouleversé le monde arabe et va très certainement laisser des séquelles parce qu’on a cru qu’on pouvait faire de la politique à travers la rue. Tout cela s’effectue malheureusement au détriment des peuples qui n’y ont certainement pas gagné la démocratie », soupire le député de Bouznika.
Flux islamiste et reflux
démocratique ?
Le Printemps arabe se fait automne. Le coup de force contre Morsi, représentant des Frères musulmans à la tête du pays, signe-t-il le début du déclin d’une tendance à l’islamisation des sociétés arabes ? En tout cas, le président du groupe parlementaire du Rassemblement national des indépendants à la Chambre basse, Rachid Talbi Alami, veut y croire. Pour lui, « c’est le début de la fin d’un changement qui avait été décrété. Après le flux islamiste, va-t-on assister au reflux de la démocratie véritable et des valeurs de la modernité ? » se demande-t-il.
Dans les premières heures qui ont suivi sa destitution, le président Mohamed Morsi a affirmé sur HYPERLINK "https://www.facebook.com/Egypt.President.Morsi"sa page officielle facebook que "les mesures annoncées par le commandement général des forces armées constituent un coup d’Etat militaire en bonne et due forme, qui est totalement inacceptable par tous les libres de la patrie, qui ont milité pour que l’Egypte se transforme en une société civile et démocratique".
Faux, rétorque Khalid Naciri, membre du bureau politique du PPS. Ce qui s’est passé en Egypte n’est pas un banal coup d’Etat. « Un coup d’Etat, c’est un coup de tonnerre dans un ciel bleu. En Egypte, des millions de personnes étaient dans la rue pour demander le départ de Morsi. Et ceci ne peut pas passer par pertes et profits ».
Cet ancien ministre de la Communication en est convaincu : que le président égyptien ait été démis de ses fonctions est « un épisode prévisible de l’évolution du Printemps arabe à l’égyptienne ». « Morsi a commis des erreurs politiques monumentales. Il a cru pouvoir s’accaparer la totalité des pouvoirs, forts des 51% des électeurs qui ont voté pour lui. Son erreur réside justement dans le fait qu’il pouvait se passer du consensus de la révolution. Résultat, il s’est mis à dos des pans entiers de la population », fait valoir K. Naciri.
Le Maroc officiel a lui aussi réagi au départ forcé de Mohamed Morsi en affirmant suivre avec « une grande préoccupation et un grand intérêt les derniers événements en république égyptienne sœur ». « Le Royaume du Maroc, ayant pris connaissance des décisions prises mercredi 3 juillet 2013 par l'institution militaire égyptienne et de la feuille de route au sujet de la période transitoire, souligne la nécessité de préserver l'unité nationale de ce pays authentique, la sécurité de son peuple, sa stabilité et sa quiétude et de réaliser ses aspirations légitimes dans le cadre des principes de la liberté et de la démocratie », indique un communiqué du ministère des Affaires étrangères.
Des inquiétudes qui n’en finissent pas de planer. «La destitution de Morsi par l’armée signifie-t-elle le retour au pouvoir des militaires ? C’est à cette question terrifiante qu’il faudra répondre. Une réponse affirmative voudra dire le retour à la case départ et un Printemps arabe pour rien», conclut l’Usfpéiste Ahmed Zaïdi.