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Il est environ 9h30 -8h30 au Maroc- lorsque l’Elysée annonce ce mercredi matin la démission de Christiane Taubira qui a été remplacée par le président de la commission des lois à l’Assemblée nationale, le député socialiste Jean-Jacques Urvoas
Le départ de la ministre trublion, portant la marque de la gauche au sein du gouvernement Valls, était attendu par le microcosme politico-médiatique de l’Hexagone. La Garde des Sceaux démissionnaire s’est prononcée publiquement contre le projet de révision constitutionnelle sur la déchéance de la nationalité qui devait être examiné à partir de ce mercredi 27 janvier par la commission parlementaire des lois de la Chambre basse.
En visite à Alger, elle est interpellée par une radio locale sur la question de la déchéance de nationalité par les binationaux nés en France et reconnus coupables de terrorisme. La réponse de cette ministre qui a toujours revendiqué sa liberté de parole ne souffre pas la moindre ambiguïté.
« C'est un sujet qui est dans la société et qui a fait débat, et c'est bien qu'il fasse débat. Pour ma part, je suis persuadée que c'est une décision qui ne peut avoir d'efficacité dans la lutte contre le terrorisme, parce qu'on voit à quel type de terroristes on est confrontés, des personnes qui se tuent elles-mêmes ou des personnes qui partent, brûlent leur passeport et le mettent en scène. En termes d'efficacité, ce n'est pas une mesure probante ».
Le communiqué de l’Elysée confirme les raisons d’une démission actée depuis dimanche dernier. François Hollande et Christiane Taubira « ont convenu de la nécessité de mettre fin à ses fonctions au moment où le débat sur la révision constitutionnelle s’ouvre à l’Assemblée nationale, aujourd’hui, en Commission des lois".
Chez nous, des ministres qui menacent de démissionner
Vue du Maroc, la démission de la Garde des Sceaux est diversement commentée. Le ministre de l’Habitat et de la Politique de la ville, Nabil Benabdallah, préfère d’ailleurs s’exprimer en tant que secrétaire général du PPS. « La démission de Mme Taubira est profondément liée à la mesure constitutionnelle relative à la déchéance de la nationalité. Cette disposition ne représente pas les valeurs de la République française. On peut comprendre la France meurtrie après les attentats dont elle a été la cible mais dans le même temps on ne saurait taire qu’une telle disposition est une atteinte aux droits de l’Homme qui, de plus, ouvre la porte à tous les excès ».
Transposée chez nous, une telle situation donnant à voir un responsable gouvernemental qui quitte l’Exécutif pour mieux résister est-elle possible ? La question fait sourire dans le camp de l’opposition. « M. Ramid, notre ministre à nous de la Justice, a, maintes fois, menacé de démissionner en début de mandat. L’a-t-il fait lorsqu’il a rendu possible la grâce du pédophile espagnol qui a sorti les Marocains dans la rue ? Est-il parti quand la jeune Amina Filali s’est donné la mort parce que, conformément à la loi, un juge l’a mariée à son violeur ? », s’interroge ce député de l’Union socialiste des forces populaires.
Et Mostafa Ramid n’a pas été le seul responsable gouvernemental à brandir la menace de la démission. En début de mandat, le ministre de la Communication avait annoncé devant les parlementaires qu’il claquerait la porte de l’Exécutif si ses réformes ne passaient pas. Quelques semaines plus tard, son projet de cahiers des charges des médias publics –un véritable hold-up de la démocratie- lui est tout simplement retiré pour être confié à une commission présidée par un autre ministre, celui de l’Habitat et de la Politique de la ville.
Des responsables gouvernementaux « démissionnés »
L’universitaire Ali Sedjari, président du GRET à l’Université Mohammed V, promène un regard sans concession sur les rares cas de démission survenus dans l’histoire gouvernementale. Il ne faut pas s’y tromper, explique-t-il, les ministres du gouvernement Benkirane qui ont démissionné ont été, en fait, démissionnés. Et de rappeler que Mohamed Ouzzine s’était accroché à son maroquin ministériel après le scandale de la « karata » du Complexe Moulay Abdellah, réfutant toute responsabilité avant que l’annonce de sa démission ne tombe. Le couple amoureux du gouvernement Choubani et Benkhaldoune a été fermement invité à démissionner alors que quelques jours auparavant, les deux ministres assuraient qu’ils ne quitteraient pas leurs fauteuils ministériels. « Il ne faut pas essayer de transposer ce qui vient de se passer en France avec la démission de Taubira au Maroc. Comparaison n’est vraiment pas raison. La nature du lien au pouvoir est différente. Dans l’histoire de la démocratie française, il y a une longue tradition d’autonomie, de liberté et de défense des valeurs. Force est de le reconnaître, au Maroc, le lien au pouvoir est caractérisé par l’allégeance et la subordination. En matière de démission de ministres et autres hauts responsables, nous avons un déficit majeur. Ce qui fait la force d’une élite, c’est son indépendance culturelle, sa liberté de penser. La valeur de la démocratie se mesure à l’aune de la liberté des individus. Malheureusement, nos élites à nous ne pensent qu’à une chose : rester au pouvoir. Dans le meilleur des cas, elles sont dans l’attentisme. Résultat la machine tourne à vide», fait valoir celui qui est récipiendaire de la chaire des droits de l’Homme avec la Faculté des sciences juridiques de Rabat.
Pour l’heure, pas de ministres frondeurs dans une majorité gouvernementale furieusement bigarrée et qui assume le grand écart islamistes vs anciens communistes. Que l’on se rassure, l’effet Taubira ne risque pas de gagner les ministres du gouvernement Benkirane qui ne seraient pas en accord avec sa politique.