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Les artistes et les chercheurs intéressés par cet art populaire qui constitue une illustration du brassage entre la culture sahraouie et d'autres cultures voisines aspirent à organiser un festival dédié à cette danse dans la région de Guelmim-Oued Noun, dans le but de rendre à cet héritage artistique son rayonnement d'antan, de le moderniser tout en sauvegardant son authenticité et de rendre hommage aux artistes qui ont donné ses lettres de noblesse à ce pan du patrimoine culturel marocain.
Concernant l'étymologie du mot "Guedra", les chercheurs en arts populaires relèvent que cette danse qui lutte pour sa survie à la lumière des changements sociaux et culturels que connaît la société, tire son nom d'un instrument de percussion sous forme d'une jarre dont le cratère a été recouvert d'un bout de cuir que les musiciens frappent suivant un rythme spécifique à l'aide de deux baguettes qui portent le nom de "Lmeghazel" ce qui crée un rythme musical synchronisé, accompagné d'applaudissements collectifs ininterrompus.
Dans son ouvrage "La danse de la guedra...les rituels et le corps", le chercheur Brahim Elhissen estime que la guedra, qui a été influencée par des conditions socio-culturelles diverses, repose essentiellement sur le langage du corps, omniprésent dans cette danse, le représentant dans ses plus importants détails et manifestations dans des contextes chorégraphiques nombreux et variés où se complètent les dimensions religieuse, esthétique, métaphysique et mythique.
Cette danse, poursuit-il, met en vedette une prestation individuelle au sein d'un dialogue collectif de paroles, de mélodies, de mouvements et de poésie.
Cette danse, une pratique féminine par excellence, met à l'honneur le corps dans un espace où prend place un homme "Ennakar", qui a pour missions d'exécuter les rythmes en frappant la "guedra" et d'orienter et attirer l'attention des autres membres du groupe sur tout problème pouvant survenir lors de l'opération de chant.
Le cercle (Al Gara) dont le centre est occupé par "Ennakar" peut se rétrécir ou s'élargir selon le nombre des participants à cette remarquable performance collective.
La danseuse "Regassa", qui est souvent une jeune fille ou une femme divorcée et rarement une femme mariée, constitue un élément essentiel dans ce paysage festif. Elle exécute sa chorégraphie en faisant bouger ses doigts en harmonie avec les gestes de ses bras et les mouvements de ses tresses, tandis que les autres membres du groupe restent à leurs places faisant bouger leurs épaules à droite et à gauche et effectuent des mouvements appelés "Tadaouih" suivant le rythme de la danseuse qui avance vers eux en faisant bouger ses doigts et en battant des mains.
Par ailleurs, le déroulement de la danse impose à "Ennakar" de bouger doucement tout en restant au centre du cercle pour garder sa position face à la danseuse et à son instrument.
Cette danse suit plusieurs phases rythmiques, chacune se décline en trois sessions de chants "Hammayets" interprétés selon un rythme musical qui commence en solo avant de monter crescendo pour concerner les autres membres du groupe. Ce chant peut se raccourcir ou se prolonger selon la capacité de la "Regassa" à continuer sa prestation avant d'atteindre l'apogée avec "Ahoutch" qui conclut en beauté chaque phase rythmique.
Selon les chercheurs en patrimoine hassani, les "Hammayets" interprétés lors de la danse sont dominés par le "ghazal" adressé en général à la danseuse, rapporte la MAP.
Ils précisent que la danse de la guedra ne se résume pas à l'aspect festif mais revêt aussi dans sa profondeur une dimension liée au soufisme.
Dans ce cadre, le chercheur Brahim Elhissen relève que les "Hammayets", au cours desquels sont répétés des prières et des chants qui remplissent l'âme d'enthousiasme et d'humilité, revêtent des aspects religieux et spirituels visant à invoquer Dieu et à implorer Son pardon et Sa miséricorde.
Et d'ajouter que la "Regassa", en parfaite symbiose avec les rythmes musicaux qui accompagnent sa danse, dessine avec son corps une sorte d'amour mystique l'aidant, dans ses mouvements et sa performance vocale, à atteindre la vérité divine. Entrant en transe, la "Regassa" plonge ainsi dans un univers mystique difficile à cerner et à expliquer.
De ce fait, il est indéniable que l'organisation d'une manifestation artistique et culturelle annuelle dédiée à la danse de la guedra au niveau de la région Guelmim-Oued Noun est à même de promouvoir l'esprit de concurrence entre les groupes qui pratiquent cet art traditionnel et de mettre en exergue leur créativité, de contribuer à créer des générations d'artistes s'adonnant à cette danse, de garantir son rayonnement et d'assurer sa pérennité.