Ce refus résulte de la situation à Afrin, enclave kurde qui continue d’être la proie de l’offensive turque. En effet, Fawza Youssef, une responsable des autorités kurdes, a déclaré à l'AFP : « Nous avions dit auparavant que si cette situation persistait à Afrin, nous ne pourrions pas être présents à Sotchi »
Il faut rappeler que l’opposition syrienne était la première à boycotter la réunion à Sotchi. Le Comité des négociations syriennes (CNS), qui représente les principaux groupes d’opposition au régime de Bachar Al-Assad, a annoncé sur Twitter, vendredi 26 janvier, qu’il boycottera la conférence sur la Syrie étalée sur deux jours (29 et 30 janvier) par la Russie à Sotchi. En évitant toute tentative de dialogue avec Bachar Al-Assad, les rebelles syriens, alliés de la Turquie, tentent d’apaiser la colère de la population d’Idleb. Idleb est l’une des dernières régions qu’ils contrôlent encore en Syrie. Alors que le régime de Bachar Al-Assad tente de leur reprendre ce territoire, ils ont quitté la zone pour aller défendre les intérêts turcs à Afrin. C’est ainsi qu’ils ont suscité la colère populaire à Idleb.
Par ailleurs, le Kremlin a déclaré lundi que l'absence de certains groupes de l'opposition syrienne à la conférence de paix n'aura vraisemblablement pas d'impact sur son déroulement ni sur son travail. "Le fait que certains représentants du processus actuellement en cours en Syrie n'y participent pas n'est pas susceptible d'empêcher ce congrès d'aller de l'avant et ne peut pas le saboter sérieusement", a soutenu le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Peskov, lors d'une conférence téléphonique.
Rappelons aussi que la Turquie et ses alliés, les rebelles de l’Armée syrienne libre (ASL), avaient lancé une offensive militaire le 20 janvier dans la région d'Afrin (nord-ouest de la Syrie) contre les YPG. L’opération baptisée "Rameau d'olivier" a pour objectif d'établir une "zone de sécurité" d'une profondeur de 30 km à partir de la frontière.
Les YPG ou les Unités de protection du peuple forment la branche armée du Parti de l'union démocratique (PYD), un parti politique kurde syrien. Les YPG sont considérés par Ankara comme un groupe terroriste. Cette milice kurde est soutenue par Washington et constitue avec les Forces démocratiques syriennes (FDS) une alliance pour lutter contre Daesh au nord de la Syrie. Les FDS jugent qu’à travers cette offensive, la Turquie est en train de soutenir Daesh en focalisant l’attention des Kurdes sur Afrin.
Entrée dans sa deuxième semaine, l’opération « Rameau d’olivier », a fait 20 morts côté turc (7 militaires turcs, 13 membres de l’Armée syrienne libre) et plus de 100 morts, combattants et civils à Afrin. Et dimanche 28 janvier, toujours dans le cadre de son offensive, l’aviation turque a repris ses bombardements pour tenter de briser les lignes des milices kurdes syriennes de l'YPG. La Turquie a renforcé sa campagne contre les milices kurdes syriennes dans la région d'Afrin, avec des jets et des tirs d'artillerie, tandis que des troupes supplémentaires ont été envoyées pour renforcer la frontière syrienne. Ainsi, l’offensive turque est en train de prendre de l’ampleur. En tout cas le président turc Recep Tayyip Erdogan l’avait dit lors d'un discours à Ankara :«L’opération prendra fin une fois que les objectifs seront atteints».