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du FIFM compte quinze longs métrages.
Elle maintient le cap, choisi depuis quelques
années, en misant sur la diversité et la révélation de jeunes talents. S’il y a en effet un fil rouge qui relie les films de la compétition, c’est l’ouverture sur les jeunes cinéastes qui ont fait l’événement cette année, ou ont attiré l’attention des critiques et des cinéphiles. Autre caractéristique : la diversité géographique. Marrakech continue ainsi à voir
la planète cinéma en plan large avec des films
qui nous viennent de différents continents.
Cela va du Japon au Brésil en passant par la Corée du Sud, l’Inde et le Kazakhstan.
Les quinze films en lice pour l'Etoile d'Or 2015 sont, en effet, pour la plupart une première ou une seconde œuvre de jeunes réalisateurs. Ils seront départagés par un jury prestigieux présidé par le célèbre réalisateur américain Francis Ford Coppola. Deux de ces longs-métrages ont été projetés mercredi et sont parvenus à séduire et convaincre le public. Quid dudit jury ? Réponse: le 12 décembre courant, lors de la cérémonie de remise des prix de cette 15ème édition. Il s’agit, en effet, de «Babai» du réalisateur kosovar Visar Morina, une œuvre à la fois émouvante et attachante sur la relation père-fils. Pour ce premier long-métrage, Visar Morina explore cette relation unique et forte pouvant lier un enfant de dix ans à son père, à travers l'histoire bouleversante de Nori qui ne veut pas se séparer de son père (Gezim) et fait tout pour le retenir sinon le rejoindre en Allemagne après sa décision de quitter son Kosovo natal des années 1990, avant que la guerre n'éclate.
«Je voulais tout simplement décrire la relation père-fils et le changement du regard de l'enfant vis-à-vis de son père, convergeant vers une perte de confiance», a-t-il confié dans une déclaration à la presse, à l'issue de la projection, soulignant être ravi d'avoir la chance de présenter son premier film dans un grand festival comme celui de Marrakech, en compétition officielle et devant un jury prestigieux.
Le second film, «Virgin Mountain», est l’œuvre du cinéaste danois, Dadur Kuri, qui signe une jolie fiction, humaine et touchante, portée par son héros Fusi, colosse maladroit, englué dans un quotidien morose, et qui verra sa vie bouleverser, par amour. A 43 ans, Fusi vit toujours chez sa mère. Alors que son quotidien est rythmé par une routine des plus monotones, l'irruption dans sa vie de la pétillante Alma et de la jeune Hera va bouleverser ses habitudes de vieux garçon...
Sublime dans le rôle de Fusi, l'acteur principal Gunnar Jonsson a eu droit à une standing ovation à l'issue de la projection du film au Palais des congrès de la cité ocre. Il a, par ailleurs, fait part à la presse de son émotion par rapport à la réactivité du public marrakchi et l'accueil chaleureux réservé au film, se disant ravi de participer, pour la première fois, à ce grand festival aux dimensions internationales.
Pour ce qui est de "Very Big Shot" du réalisateur libanais Mir-Jean Bou Chaaya, projeté mardi au Palais des congrès, c’est une production libano-qatarie de 107 min relatant l'histoire de Jad qui est sur le point d'être libéré après avoir purgé cinq ans de prison pour un meurtre commis par son frère aîné Ziad. De son côté, Ziad, pourtant déterminé à changer de vie et à renoncer au trafic de drogue, voit ses projets contrariés par son fournisseur et se retrouve, malgré lui, entraîné dans une opération à grande échelle de trafic d'amphétamines à travers la frontière libano-syrienne. A sa sortie de prison, Jad souhaite se joindre à lui pour ce dernier coup qui devrait permettre aux deux frères de tourner définitivement cette page de leur vie, ce que Joe, le troisième frère, désapprouve totalement. Mais suite à une découverte faite par Ziad, le trio va se trouver entraîné dans une nouvelle aventure qui changera leur vie à jamais.
Le deuxième film qui a été donné en projection mardi, «Toll Bar» du réalisateur kazakh Zhassulan Poshanov, est une fiction (62') qui met en scène Rauan, un agent de sécurité dans une zone résidentielle privée d'un quartier d'Almaty. Aidar, le fils d'un riche propriétaire d'une compagnie pétrolière, passe régulièrement devant la barrière d'accès dont Rauan a la responsabilité. Les deux hommes sont ambitieux, ne comptant que sur eux-mêmes pour atteindre le seul objectif qui les motive, celui d'une pleine réussite sociale. Ils vivent dans la même ville, c'est dans le même quartier qu'ils se croisent, et pourtant, tout les sépare. A l'image de cette barrière, située entre les mondes de la richesse et de la pauvreté, Aidar et Rauan seront, un jour, amenés à s'affronter.
Une mauvaise critique vaut
mieux qu'un film ignoré
Une mauvaise critique vaut mieux qu'un film ignoré, voire aux oubliettes, tenait à souligner le célèbre cinéaste et scénariste sud-coréen Park Chan-wook qui animait la seconde leçon de cinéma du cycle «Master classes» de la 15ème édition du Festival international du film de Marrakech. Aux cinéastes en herbe qui pourraient se heurter à une mauvaise critique au risque de les décourager en début de carrière, ce grand maître du cinéma au talent mondialement reconnu, a un conseil : la critique en soi a, du moins, le mérite d'ouvrir le débat et de créer un pont de communication avec le public autour de l'œuvre qui, du coup, n'est pas ignorée.
Park Chan-wook qui se remémore sans complexe l'échec de ses deux premiers films, avoue qu'il n'avait pas cette chance à ses débuts, précisant que c'est son amour pour le cinéma qui l'a empêché de s'arrêter et se consacrer à autre chose, d'autant plus qu'il avait du succès en tant que critique. De cette malheureuse expérience, il a retenu la leçon ou du moins certains pièges à éviter, ce qui lui a permis, semble-t-il, de rompre avec l'échec, signant des chefs-d'œuvre récompensés à travers le monde, notamment à Cannes où il a décroché le Grand prix en 2004 (Old Boy) et le Prix du jury en 2009 (Thirst). Il a indiqué avoir appris à mieux communiquer avec les acteurs, tout en veillant à échanger avec eux avant le tournage des scènes, notamment dans la phase de pré-production, en guise de préparation. Pour le cinéaste sud-coréen qui a l'habitude de diriger un casting international à l'instar de l'actrice américaine Nicole Kidman, la langue n'est pas un obstacle pour le cinéma qui reste un langage universel. S'il y a une thématique qui vient en récurrence dans son œuvre qui dit, avec élégance et émotion, la cruauté et la complexité des relations humaines, c'est celle de la vengeance qu'il considère comme caractéristique de la nature humaine. C'est sa façon, dit-il, de dépeindre "la stupidité humaine", sachant que celui qui dédie sa vie à venger un bien-aimé qu'il aurait perdu est parfaitement conscient qu'il ne va pas le récupérer une fois l'acte de vengeance accompli.
Un vibrant hommage
Un grand hommage a, par ailleurs, été rendu à ce monstre du cinéma, mercredi, au lendemain de sa leçon de cinéma qui a fait salle comble.
C'est sous un tonnerre d'applaudissements qu'il a été reçu au Palais des Congrès où il a reçu l'Etoile du Festival des mains du réalisateur Anurag Kashyap. Et c'est un Park Chan-wook ému qui a pris la parole, se disant honoré par cet hommage qui consacre son parcours de plus d'une vingtaine d'années et qu'il dédie d'abord à sa femme qui partage avec lui sa passion du cinéma. Il a tenu à remercier SM le Roi Mohammed VI et SAR le Prince Moulay Rachid, président de la Fondation du Festival international du film de Marrakech, de l'avoir invité pour vivre ce moment agréable. Le réalisateur sud-coréen qui revient à Marrakech après avoir été membre du jury en 2013, présidé alors par l'immense Martin Scorsese, a fait part de son obsession de l'univers magique du 7ème art, se disant "comme une femme qui attend son bébé, toujours en quête d'idées pour accoucher de nouveaux projets de films".