La Turquie proteste officiellement auprès des Pays-Bas

Le ministre allemand de l'Intérieur opposé aux meetings turcs en Allemagne


Mardi 14 Mars 2017

Les autorités turques ont convoqué lundi le chargé d'affaires de l'ambassade des Pays-Bas à Ankara pour lui remettre officiellement une plainte relative au comportement de la police néerlandaise ce week-end à Rotterdam, a-t-on appris auprès de responsables du ministère des Affaires étrangères.
Dans une note diplomatique, le ministère considère que l'intervention policière contre des manifestants qui s'étaient rassemblés samedi soir devant le consulat de Turquie était disproportionnée et réclame que des sanctions soient prises.
La police néerlandaise a utilisé des chiens et un canon à eau pour disperser dans la nuit de samedi à dimanche les centaines de partisans de la Turquie qui s'étaient regroupés devant le bâtiment.
Ils dénonçaient l'interdiction faite à la ministre turque de la Famille, Fatma Betul Sayan Kaya, d'entrer au consulat. La ministre, qui voulait faire campagne pour le "oui" au référendum constitutionnel du 16 avril, a par la suite été déclarée indésirable sur le sol néerlandais et reconduite à la frontière avec l'Allemagne.
Quelques heures plus tôt, c'est l'avion du chef de la diplomatie turque, Mevlut Cavusoglu, qui avait été interdit d'atterrissage à Rotterdam.
La manifestation de samedi soir a été émaillée par des jets de pierres et de bouteilles. Plusieurs manifestants ont été matraqués par la police. Des policiers à cheval ont également chargé la foule.
Ankara estime aussi que les Pays-Bas se sont rendus coupables d'une violation de la convention de Vienne en refoulant ses deux ministres.
Ces incidents ont provoqué une violente crise diplomatique entre la Turquie et les Pays-Bas, Ankara dénonçant une "république bananière" aux relents de nazisme.
Les relations entre Ankara et ses partenaires européens se sont dégradées à la suite des purges mises en oeuvre depuis la tentative de putsch de l'été dernier.
Le pouvoir turc soupçonne les Européens de chercher à favoriser une victoire du "non" au référendum du 16 avril portant sur un renforcement des prérogatives rattachées à la fonction présidentielle, une issue qui serait un revers cuisant pour le président turc Recep Tayyip Erdogan.
 Par ailleurs, le ministre allemand de l'Intérieur s'est déclaré dimanche opposé à ce que des ministres turcs viennent en Allemagne à des meetings en faveur du référendum voulu par le président Erdogan, des rassemblements au centre d'une crise entre Ankara et plusieurs pays européens.
"Personnellement, je ne suis pas partisan de ces apparitions. Je ne les souhaite pas. Une campagne (électorale) turque n'a rien à faire ici, en Allemagne", a déclaré Thomas de Maizière à la chaîne publique allemande ARD.
L'exécutif turc mise sur ces meetings pour convaincre la diaspora turque d'Europe de voter en faveur du référendum qui vise à renforcer les pouvoirs présidentiels. L'Allemagne compte la plus importante communauté turque au monde hors de Turquie, avec 1,4 million de personnes.
Mais ces rassemblements sont au coeur d'une grave crise diplomatique entre Ankara d'un côté, Berlin et La Haye de l'autre.
Ce mois-ci, plusieurs villes allemandes ont annulé des meetings électoraux au cours desquels des responsables politiques turcs devaient s'exprimer, provoquant la colère de Recep Tayyip Erdogan qui a qualifié ces annulations de "pratiques nazies".
Le chef de l'Etat turc a repris le même terme ce week-end en réaction à la décision des autorités néerlandaises d'empêcher deux ministres turcs de se rendre à des meetings aux Pays-Bas.
Lors de son interview à la chaîne allemande, M. de Maizière ne s'est pas pour autant prononcé pour une interdiction pure et simple de ces rassemblements, jugeant qu'un tel geste méritait d'être attentivement examiné.
"Mais il y a des limites, des limites bien définies, dans le code pénal, par exemple", a-t-il dit. "Celui qui insulte et fustige l'Allemagne ou son ordre constitutionnel en toute mauvaise foi enfreint la loi. Et là se trouve la limite".
La chancelière Angela Merkel avait jugé de son côté "tristes et déprimantes" les accusations de "nazisme" proférées par M. Erdogan.
Le ministre des Finances Wolfgang Schäuble a, lui, espéré dimanche que la Turquie "revienne à la raison", dans une interview à la chaîne ZDF.
Evoquant également le sort du correspondant germano-turc du quotidien Die Welt, Deniz Yücel, incarcéré pour propagande "terroriste" en Turquie, M. Schäuble a jugé que "les responsables turcs ont anéanti les fondements nécessaires à tout progrès en matière de coopération".


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