Les Etats-Unis ont déploré que la Russie se soit livrée à de telles frappes à partir de l'Iran, après avoir reconnu toutefois avoir été prévenus à l'avance par Moscou avec qui ils continuent de parler d'une éventuelle coopération militaire. "C'est malheureux mais pas étonnant", a réagi le porte-parole du département d'Etat Mark Toner.
Le ministère russe de la Défense a annoncé que des bombardiers Tu-22M3 et Su-34 étaient partis de la base militaire de Hamedan, dans le nord-ouest de l'Iran, pour frapper en Syrie des positions du groupe Etat islamique (EI) et du Front al-Nosra (aujourd'hui Front Fateh al-Cham, après avoir renoncé à son rattachement à Al-Qaïda).
Ces frappes ont permis, affirme le ministère, la destruction de "cinq grands dépôts d'armes et de munitions" et de camps d'entraînement à Deir Ezzor, Saraqeb dans la région d'Idleb et à Al-Bab, une ville tenue par l'EI dans la région d'Alep (nord-ouest).
Les avions russes ont également frappé trois centres de commandement dans les régions de Jafra et de Deir Ezzor, éliminant "un grand nombre de combattants", selon le communiqué.
C'est la première fois que la Russie utilise le territoire d'un pays tiers pour procéder à des frappes en Syrie depuis le déclenchement de sa campagne militaire, il y a près d'un an.
La coalition internationale, qui effectue aussi des frappes contre les jihadistes, "en a été informée par les Russes", a indiqué le porte-parole militaire américain, Chris Garver. "Nous avons assuré la sécurité de leur vol quand ces bombardiers sont passés (...) vers leur cible et quand ils sont rentrés", a-t-il précisé, ajoutant que ces frappes "n'avaient affecté les opérations de la coalition ni en Irak, ni en Syrie".
L'annonce de ces frappes a été précédée par une rencontre lundi à Téhéran du vice-ministre russe des Affaires étrangères Mikhaïl Bogdanov avec le chef de la diplomatie iranienne Mohammad Javad Zarif, consacrée notamment au conflit syrien.
A Alep, 23 civils, dont plusieurs enfants, ont été tués mardi dans des frappes aériennes intenses, russes et du régime de Damas, sur deux quartiers du secteur rebelle, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Le régime a indiqué pour sa part que neuf civils ont été tués dans le bombardement de zones loyalistes de la ville par des rebelles.
La situation à Alep, ainsi que la "coordination des actions dans la lutte contre les groupes terroristes en Syrie", ont néanmoins été évoquées par les ministres russe et américain des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov et John Kerry, dans un entretien téléphonique mardi soir, selon un communiqué de la diplomatie russe.