L’assaut donné par les militaires à l’école, où une trentaine d’indépendantistes tchétchènes lourdement armés retenaient plus de 1.100 personnes, avait fait 330 morts, dont plus de 180 enfants, et 750 blessés.
Les forces russes avaient tiré des obus de char et utilisé des lance-flammes après que les activistes avaient tué plusieurs otages et menacé les autres d'exécution.
Saisie par 409 anciens otages ou membres de leur famille, la juridiction du Conseil de l’Europe juge la Fédération de Russie, alors présidée par Vladimir Poutine, coupable de violation du "droit à la vie" dans toutes les phases de l’événement.
Cette violation résulte d’abord, selon elle, du manque d’anticipation et de prévention alors qu’"au moins quelques jours avant les faits, les autorités disposaient de suffisamment d’informations précises sur un projet d’attaque terroriste dans la région, lié à la rentrée scolaire".
"Le dispositif de sécurité à l’école n’a pas été renforcé ; la police locale n’a pas pris de mesures suffisantes pour réduire les risques", souligne la Cour.
"Même si la décision de recourir à la force létale était justifiée compte tenu des circonstances, un usage aussi massif d’explosifs et d’armes frappant sans discernement ne peut être considéré comme absolument nécessaire", ajoute-t-elle, en évoquant des indices selon lesquels les forces russes ont tiré indistinctement sur les combattants et leurs otages.
Cette présomption est renforcée par les défaillances de l’enquête pour lesquelles les juges condamnent également Moscou.
Lors d’une audience devant la Cour, en 2014, l’avocat des requérants avait rappelé que onze heures après l'assaut, les décombres de l'école étaient déblayés par les pelleteuses, interdisant toute poursuite de l’enquête sur le terrain.
La Cour européenne déboute en revanche les victimes en ce qu’elles estimaient ne pas avoir bénéficié d’un "recours effectif", en constatant notamment qu’elles ont pu obtenir une indemnisation.
Tenant compte de celle-ci, elle octroie aux 409 requérants un total de 2,955 millions d’euros pour dommage moral.
Par ailleurs, le Kremlin a dénoncé jeudi comme "inadmissible" la décision de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) qui a estimé que Moscou avait fait preuve de "graves défaillances" dans le traitement de la prise d'otages de Beslan en 2004.
"Nous ne pouvons pas être d'accord avec une telle formulation. (...) Pour un pays qui a été attaqué, ces formulations sont absolument inadmissibles", a déclaré aux journalistes le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.