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La Roja abdique, Pays-Bas et Chili premiers qualifiés

Vendredi 20 Juin 2014

La Roja abdique, Pays-Bas et Chili premiers qualifiés
Le règne de l’Espagne est terminé. Quatre ans après le titre décroché en 2010, la Roja a été éliminée du Mondial-2014 au Brésil, après sa défaite (2-0) face au Chili, premier qualifié pour les huitièmes de finale en compagnie des Pays-Bas.
Hégémonique depuis 2008 (double championne d’Europe et championne du monde), l’Espagne rejoint le Brésil de 1966, la France de 2002 et l’Italie de 2010, tenants du titre éliminés dès le premier tour d’un Mondial. 
Le sélectionneur Vicente Del Bosque avait pourtant tenté un pari, en laissant deux de ses cadres, les Barcelonais Xavi et Piqué, sur le banc et en maintenant Iker Casillas dans les buts, malgré sa production catastrophique lors de la déroute face aux Pays-Bas (5-1). Cautère sur une jambe de bois... 
La domination chilienne a été totale. Equipe vieillissante, joueurs cadres fragilisés, saison interminable pour certains, jeu à base de passes courtes dépassé... Les raisons ne manquent pas pour tenter d’expliquer cette élimination prématurée. Et les cinq jours qui séparent la Roja de son ultime match sans enjeu face à l’Australie, éliminée aussi, le 23 juin à Curitiba, à proximité du camp de base, vont paraître bien longs aux joueurs, habitués à jouer les premiers rôles.
Ces cent-vingt heures permettront peut-être au sélectionneur Vicente Del Bosque d’accélérer la transition vers le prochain objectif (l’Euro-2016) en offrant du temps de jeu et de l’expérience à ceux qui piaffent sur le banc depuis tant d’années. A moins qu‘il ne choisisse d’offrir un dernier bal à ses glorieux soldats. 
A l’inverse, les Pays-Bas et le Chili peuvent eux déjà envisager les huitièmes de finale avec beaucoup d’appétit. Leur duel du 23 juin sera quand même pimenté par un bel enjeu: le vainqueur (ou les Pays-Bas en cas de match nul) devrait éviter le Brésil en huitième de finale.
 
Bagarre entre 
Camerounais
 
Contre l’Espagne, comme face à l’Australie (3-1), les Chiliens ont montré qu’ils avaient de solides arguments, notamment un dispositif bien en place, au service de brillantes individualités comme Vidal, Isla ou Vargas.
Ils peuvent aussi compter sur une colonie impressionnante de supporters passionnés qui pour certains ont parcouru 4500 km et franchi la Cordillère des Andes pour venir pousser derrière “l’autre” Roja. L’enthousiasme a même débordé, puisqu’une centaine d’entre eux, faute de billet, ont tenté de forcer les portes du Maracana avant le coup d’envoi. Mais ils ont été arrêtés.
Souverains face aux Espagnols le 13 juin, les Néerlandais ont eux rencontré d’énormes difficultés pour battre l’Australie, confortant l’idée que leur principal adversaire est peut-être... eux-mêmes, tant cette équipe cultive historiquement une certaine propension à imploser sous le poids des ego.
Dans un chassé-croisé superbe, ponctué notamment par un but exceptionnel de l’Australien Cahill, les Pays-Bas ont montré qu’ils peuvent compter sur un trio offensif de classe mondiale (Robben, Sneidjer, van Persie). Mais aussi que la défense constitue leur gros point faible, même face à un adversaire modeste comme l’Australie, éliminée.
Les Australiens ont été rejoints dans la soirée par le Cameroun, balayé par la Croatie (4-0) dans la moiteur tropicale de Manaus.
Plombés avant même le début du Mondial par une histoire de primes non réglées, puis minés par les états d’âme de leur attaquant Samuel Eto’o, les Lions indomptables, quart de finalistes en 1990, quittent sans gloire le Mondial.
Pathétiques en dehors des terrains, les Camerounais ont offert une image déplorable, illustrée par un début de bagarre entre Moukandjo et Assou-Ekotto en fin de match.
Cette défaite fait les affaires du Brésil qui, sans jouer, s’est rapproché des huitièmes de finale, en attendant son dernier match face aux Camerounais le 23 juin. Si les Lions Indomptables n’ont pas explosé d’ici-là.
 

Volker Finke  : C’est la honte
 
“C’est la honte”, a reconnu mercredi l’entraîneur du Cameroun Volker Finke, “dégoûté” par les conditions de la lourde défaite contre la Croatie (4-0) et l’élimination prématurée du Mondial-2014.
 
Que s’est-il passé?
 
“Je suis désolé de ce résultat. Des joueurs se sont mal comportés et c’est pour cela qu’on a encaissé quatre buts. Ça fait mal. Je sais qu’il est difficile de jouer à 10 contre 11 mais il n’est pas nécessaire de perdre comme ça le contrôle. L’équipe a essayé et le 2e but est arrivé trop tôt. Jusqu’au rouge, le match était équilibré. Les Croates avaient été plus efficaces mais nous aussi on avait eu des occasions. On m’a dit que le carton rouge était mérité mais je n’ai pas revu les images. Ça a été difficile pour les joueurs car offensivement il fallait quand même essayer de faire quelque chose pour rester dans le match et tu t’exposes donc à ce genre de résultat. Ça ressemble à Allemagne-Portugal. Tous les joueurs sont vraiment déçus. Mais je pense qu’il est nécessaire de se remettre avant d’analyser ce qu’il s’est passé, d’avoir des discussions individuelles avec certains joueurs. Le comportement de certains n’est pas du tout satisfaisant. Même quand on était à 11 contre 11. C’est inacceptable de voir ça”.
 
Le peuple camerounais voudrait savoir quand vous avez l’intention de démissionner?
 
“Ce n’est pas une question pour moi. Il faut que je garde une tenue sérieuse. C’est pour ça que je dis qu’il faut attendre un peu pour analyser avant de faire des déclarations, avant les conséquences. Il faut comprendre ce qui s’est passé. C’est dégoûtant, cela ne me convient pas du tout. Cette équipe a raté deux fois la CAN et heureusement qu’elle avait trouvé des solutions pour venir ici. Mais après ce résultat, on peut dire que c’est la honte. Il faut laisser passer une nuit après un match comme ça. Je ne peux pas me lancer dans de grandes explications. Il faut garder son calme”.
 
Dans ces conditions, comment préparer ce match contre le Brésil, possible dernier rendez-vous d’Eto’o?
 
“Je veux que l’on présente un autre visage. Déjà, essayons de jouer à 11 contre 11, ce serait bien. C’est une question de discipline que je demande à l’équipe. Dans deux jours on y verra plus clair dans nos têtes pour le prochain match. Il faut regarder vers l’avenir. Il y a de jeunes joueurs, des joueurs d’avenir. Il faut avancer dans la bonne direction. Pour Eto’o, on va attendre, de toutes façons on n’a pas le choix. Aujourd’hui, ce n’était pas possible. Dans 2-3 jours sa situation ce sera peut-être améliorée. C’est une question qui le concerne lui et le secteur médical”.
 

L’Espagne pleure la fin d’un cycle
 
Après le fiasco du Mondial-2014, l’Espagne pleurait jeudi la “fin d’un cycle”, la fin d’un jeu tout en passes qui avait fait sa renommée, se désolant de “l’abdication” de joueurs qui avaient mené le pays vers un triplé historique et appelant à la “rénovation”.
“Ils abdiquent”, écrivait en Une le quotidien sportif catalan Mundo Deportivo. Clin d’oeil amer à la coïncidence entre deux dates historiques: l’abdication du roi Juan Carlos après 39 ans de règne et l’élimination humiliante de l’Espagne du Mondial-2014 dès le premier tour.
“Détrônés”, renchérissait le quotidien catalan El Periodico, sous une photographie des joueurs, têtes basses, accablés. 
Sur le seuil de sa fabrique de churros, les beignets traditionnels espagnols, Carlos Mendoza, 48 ans, mimait au petit matin avec ses collègues l’hésitation de la Roja face à l’offensive chilienne de la veille (2-0). 
“Le match a été très mauvais, affreux, jugeait-il. C’est la fin d’un cycle. Il faut recommencer avec des gens plus jeunes, c’est comme tout, dans la vie et dans le football”.
Comme lui faisant écho, Antonio Gomez, qui tient une buvette devant le Palais royal, où les curieux se pressaient déjà plusieurs heures en avance dans l’espoir de voir le nouveau roi Felipe VI saluer au balcon, affirmait que “la Roja, c’est un désastre. Elle doit se rénover (...) C’est comme si c’était la fin d’un cycle”. 
L’impression d’un effondrement soudain, d’une capitulation violente, assombrissait l’ambiance en Espagne.
“L’une des équipes les plus fiables de l’histoire du football s’est écrasée en deux matches. Cela arrive souvent en sport. Les grands cycles ne s’épuisent pas, ils se ferment plutôt de façon presque violente, sans prévenir. C’est le cas cette fois”, écrivait le numéro 2 de Marca, Santiago Segurola.
 
L’Espagne s’est trahie
 
Les “aficionados” regrettaient le manque de souffle d’une équipe, qui, peut-être parce qu’elle avait mené le pays vers le triplé historique - Euro-2008, Mondial-2010, Euro-2012 - n’a pas été rénovée à temps. “On ne peut pas vivre dans le souvenir. Il faut prendre des joueurs qui ont réussi leur saison et pas des joueurs qui sont célèbres et qui ont réussi par le passé”, s’était insurgée mercredi soir Celia Merinos, une étudiante de 18 ans, aux portes du stade Santiago Bernabeu où le match était retransmis sur écran. “Si tu ne travailles pas, tu ne devrais pas être sélectionné. Il faut sélectionner les meilleurs, qu’ils soient célèbres ou non”, jugeait-elle, sans concessions.
“Pas le physique, pas l’appétit de gagner”, tranchait le directeur du journal sportif catalan Mundo Deportivo, Santi Nolla. 
Le “tiki-taka”, le jeu qui avait fait la renommée de La Roja comme celle du Barça, fondé sur la répétition des passes courtes, a montré ses limites.
“Ces dernières années, la passe avait pris le dessus sur le muscle, mais le ballon circulait plus rapidement et la pression était intense. Sans aucune de ces caractéristiques, l’équipe, aux nombreux trophées en vitrine, n’a pas été capable d’imposer son jeu, poursuivait Santi Nolla. L’équipe à succès de (l’entraîneur Vicente) Del Bosque est tombée en montrant clairement qu’elle a besoin d’une rénovation”.
“C’est fini, concluait l’envoyé spécial de El Periodico au Brésil, Marcos Lopez. Tout a une fin dans la vie, mais il n’y a pas de pire défaite pour l’Espagne que se trahir elle-même”.
Mais alors que la matinée avançait à Madrid, parée de centaines de drapeaux rouge et or aux couleurs de l’Espagne pour la prestation de serment du nouveau roi, certains voulaient déjà voir l’heure du renouveau arriver. 
“Nous avons perdu le Mondial mais ce n’est pas grave, affirmait Eduardo Chaperon, un économiste de 24 ans qui agitait un drapeau, comme aux grandes heures des triomphes de La Roja, dans le centre de Madrid, une couronne gonflable sur la tête. C’est un nouveau jour, avec un nouveau roi. Nous devons fêter ça”.
 

AFP

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