La Pologne et les pays baltes vers un retrait du traité interdisant les mines antipersonnel


Libé
Mardi 18 Mars 2025

La Pologne et les trois pays baltes ont fait mardi un nouveau pas vers un retrait de la convention internationale interdisant les mines antipersonnel, en invoquant la nécessité de renforcer leurs défenses après l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

La Convention d'Ottawa de 1997 interdit l'emploi, le stockage, la production et le transfert des mines antipersonnel. Elle a été ratifiée par plus de 160 pays. La Russie, les Etats-Unis et la Chine n'ont pas adhéré à la Convention.

Dans un communiqué commun, les ministres de la Défense de la Pologne et des trois Etats baltes - Lituanie, Lettonie, Estonie - ont unanimement déclaré mardi que leurs pays devraient quitter la convention pour des raisons de sécurité.

"Avec cette décision, nous envoyons un message clair: nos pays sont prêts et peuvent utiliser toutes les mesures nécessaires pour défendre nos territoires et notre liberté", ont déclaré les quatre ministres dans un communiqué commun.

Varsovie, Vilnius, Riga et Tallinn, tous alliés fidèles de l'Ukraine et des pays frontaliers de la Russie, estiment que "depuis la ratification de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel (Convention d'Ottawa), la situation en matière de sécurité dans notre région s'est substantiellement détériorée", selon les termes du communiqué.

"Dans cet environnement de sécurité instable marqué par l'agression de la Russie et la menace permanente qu'elle fait peser sur la communauté euro-atlantique, il est essentiel d'évaluer toutes les mesures visant à renforcer nos capacités de dissuasion et de défense", ont déclaré les ministres.

Malgré leur décision, les quatre pays se sont dit "attachés au droit humanitaire international, y compris à la protection des civils pendant un conflit armé". "Nos nations continueront à défendre ces principes tout en répondant à nos besoins en matière de sécurité".

Anciennes républiques soviétiques, les trois pays baltes ont regagné leur indépendance de l'Union soviétique en 1991. La Pologne a, quant à elle, fait partie du camp communiste jusqu'à 1989. Les quatre pays sont aujourd'hui membres de l'Otan et de l'Union européenne.

Le ministre estonien des Affaires étrangères Margus Tsahkna a rappelé mardi dans un communiqué que Moscou n'a pas adhéré à la convention et "il n'est pas normal que nous nous interdisions d'utiliser des armes que la Russie est prête à utiliser contre nous".
Le ministère de la Défense de ce pays a cependant indiqué "ne pas prévoir "actuellement d'utiliser des mines terrestres antipersonnel", dans un message publié sur X.

Pour le président du Parlement lituanien cette décision est "nécessaire compte tenu de la longueur de la frontière avec des pays qui ne nous sont pas favorables et de ce qui se passe en Ukraine".

"L'ennemi qui se bat n'est malheureusement lié par aucune convention", a déclaré Saulius Skvernelis à la presse à Vilnius.
Début mars, la Lituanie, a déjà quitté une convention internationale interdisant les bombes à sous-munitions en invoquant également ses préoccupations sécuritaires liées à la Russie.

Le ministère letton de la Défense a souligné mardi dans un communiqué que la Russie continue "de représenter une menace sérieuse pour la région, quelle que soit l'évolution des hostilités en Ukraine". "Il est possible de développer la production de mines antipersonnel relativement rapidement en Lettonie et dans d'autres pays de la région".

La ministre lituanienne de la Défense, Dovile Sakaliene, a indiqué la semaine dernière à Varsovie que la Finlande, également frontalière de la Russie, pourrait aussi prendre la décision de se retirer de la Convention d'Ottawa.

Les cinq pays avaient déjà signalé avoir engagé une réflexion sur leur retrait de cette convention.
La semaine dernière, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) s'était dit "très inquiet" au sujet de ces annonces face au contexte européen de réarmement.

"Alors que les Etats semblent se préparer à la guerre (...), nous constatons avec inquiétude une remise en question" de ces deux "traités humanitaires": les conventions sur les armes à sous-munitions et sur l'interdiction des mines antipersonnel, a alors indiqué à la presse la cheffe juridique du CICR, Cordula Droege.

Le retrait de la convention doit être approuvé par les Parlements des pays respectifs avant d'être notifié à tous ses autres signataires.
Le retrait ne prend effet que six mois après après la notification.


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