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Edouard Philippe, venu du Vietnam avec la ministre des Outre-mer Annick Girardin, s'est entretenu avec chacun des groupes siégeant au Congrès de la Nouvelle-Calédonie, avant de se rendre dans la province nord pour échanger avec deux figures du FLNKS, Paul Néaoutyine président de la collectivité et Daniel Goa, président de l'Union calédonienne.
La Nouvelle-Calédonie, territoire stratégique aux importantes réserves de nickel, a choisi dimanche de rester dans le giron français avec 56,4% des voix lors d'un scrutin historique. Mais avec 43,6% des voix, les indépendantistes, que les sondages donnaient largement perdants, ont modifié en leur faveur le rapport de force.
Avant une déclaration prévue à 19H30 locales (9H30 heure de Paris), le Premier ministre a salué la participation "absolument considérable", de 80,6%, et le climat globalement bon du référendum, lors d'un échange à la mi-journée avec des étudiants calédoniens.
"Il y a des gens qui sont contents du résultat et d'autres qui sont déçus, mais ça s'est plutôt bien passé", a estimé M. Philippe. La commission de contrôle n'a constaté "aucune irrégularité significative", selon son président Francis Lamy.
Quelques incidents ont émaillé la soirée. Dans les quartiers nord et à Saint-Louis, tribu aux portes de Nouméa, la circulation sur la route principale restait interrompue lundi, en raison de pneus enflammés par des jeunes.
Le Premier ministre qui entend poursuivre le dialogue engagé depuis 30 ans après la quasi guerre civile des années 80 entre indépendantistes kanak et droite loyaliste, envisage la tenue d'une réunion de l'ensemble des partis politiques "d'ici la fin de l'année", a indiqué Philippe Gomès, leader de Calédonie Ensemble (droite modérée), à l'issue de sa rencontre avec Edouard Philippe.
Dimanche, dès la proclamation des résultats, le président de la République Emmanuel Macron, a dit son "immense fierté que nous ayons passé ensemble cette étape historique" et que "la majorité des Calédoniens ait choisi la France". Il a ajouté qu'il n'y avait désormais "pas d'autre chemin que celui du dialogue".
A l'université de Nouméa, Margaux, 22 ans, étudiante en droit d'origine européenne, affirme que même si "on a des amis kanak, on ne va pas se mentir, il n'y aura jamais de peuple calédonien".
Ornella, Kanak de 25 ans, est elle persuadée que "le pays est prêt pour la pleine souveraineté" et que l'indépendance sera votée lors du prochain référendum.
Forts de leur score, les partisans d'une rupture avec la métropole ont dès dimanche soir réaffirmé leur volonté de demander l'organisation de deux autres référendums dans les quatre ans à venir, comme prévu par l'accord de Nouméa (1998).
"Nous sommes persuadés au vu de nos résultats que notre projet est bien une alternative", a souligné Roch Wamytan, chef du groupe UC-FLNKS et nationalistes au Congrès. "Nous ne sommes pas au crépuscule de notre revendication, au contraire".
Pour Louis Mapou, chef du groupe UNI-FLNKS au Congrès, "il faut redéfinir complètement les relations avec la métropole. On a dit au Premier ministre que si on devait discuter de quelque chose ce serait forcément de la souveraineté".
Selon Pierre-Christophe Pantz, docteur en géopolitique, il est "clair qu'on ne discute pas de la même manière quand on fait 43% plutôt que 30%". "Cela va forcer les non-indépendantistes à revoir leur copie", ajoute l'expert.
Saluant la "défaite honorable" des indépendantistes, Philippe Gomès note qu'"il y a 18.000 voix d'écart quand même, donc un référendum en 2020 c'est pas non plus la multiplication des pains".
Les trois partis loyalistes, très divisés, avaient mis en avant la protection qu'apporte la France et son 1,3 milliard d'euros d'aides annuelles, espérant qu'une large victoire éloigne la perspective de nouveaux référendums.
Selon Sonia Backès, présidente du groupe Les Républicains au Congrès, ces nouveaux scrutins vont apporter "quatre ans d'instabilité" pour la Nouvelle-Calédonie. Elle a lancé un appel à l'union des loyalistes "pour en finir avec les errements de ces dernières années, qui ont conduit à ce que les indépendantistes ne reculent pas".
"Les Calédoniens ont choisi. La Nouvelle-Calédonie est française et restera française", a salué Pierre Frogier, sénateur du Rassemblement LR, soulignant "la profonde division de la société calédonienne" révélée par le référendum.
Le référendum était l'aboutissement du travail de réconciliation entre les Kanak et les Caldoches, entamé avec les accords de Matignon de 1988. Ces accords avaient été signés après les violences des années 1980, qui avaient culminé avec la prise d'otages et l'assaut de la grotte d'Ouvéa en mai 1988 (25 morts).