La Marche du 6 avril sème la panique au sein de l’Exécutif

El Khalfi se met dans les bottes de Basri et recourt à l’intimidation


Alain Bouithy
Samedi 5 Avril 2014

La Marche du 6 avril sème la panique au sein de l’Exécutif
Annoncée pour ce dimanche à Casablanca, la Marche initiée par l’Union marocaine du travail (UMT), la Confédération démocratique du travail (CDT) et la Fédération démocratique du travail (FDT) crée un climat de panique au sein du gouvernement  Benkirane.
Les récentes déclarations du ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, lors d’un point de presse à l’issue du Conseil de gouvernement, témoignent du malaise de l’Exécutif.  
Pesant sans doute le sens de ses mots, le ministre a déclaré à mots couverts que la Marche du 6 avril revêtait un « caractère politique ». Une interprétation qui rappelle celle à laquelle le tristement célèbre Driss Basri recourait pour intimider tous ceux qui voulaient réclamer leurs droits ou défendre leurs idéaux. Des propos dont les syndicalistes de tous bords se souviennent et sauront en apprécier la subtilité puisqu’à l’époque, toute évocation du « caractère politique » des manifestations, marches et autres sit-in conduisait inéluctablement à un recours immodéré de la force, voire à une répression aveugle. 
Face à la détermination des trois centrales syndicales de maintenir la Marche ce dimanche pour dénoncer la dégradation des conditions sociales et économiques de la classe ouvrière, revendiquer une augmentation des salaires,  du SMIG, et des pensions de retraite ainsi que la généralisation de la protection sociale et des libertés syndicales, l’Exécutif a donc choisi la voie la plus courte, en l’occurrence celle de l’intimidation. 
Une tentative vouée à l’échec puisqu’elle n’a visiblement pas perturbé les trois centrales syndicales qui, non seulement ont maintenu leur mot d’ordre, mais  elles entendent ainsi poursuivre leur action visant à défendre les travailleurs et l’ensemble des citoyens contre toutes les formes de régression vers lesquelles la politique de celui-ci ne manquera pas de mener. Une allusion,  sans doute, à la proposition jugée « tardive » du gouvernement d’organiser une réunion le 15 avril courant avec les syndicats.
Le ministre pjdiste et non moins porte-parole du gouvernement, qui a estimé lors de son point de presse que les « revendications sont nombreuses et certaines d’entre elles paraissent irréelles », a affirmé que « le gouvernement a formulé des réponses précises à l’ensemble des revendications ». Ce qui laisse évidemment sceptiques tant les leaders que l’ensemble des affiliés de la FDT, de la CDT et de l’UMT qui rappellent que l’appel à la Marche a été lancé suite aux atermoiements du gouvernement de résoudre les problèmes des travailleurs et salariés et en l’absence d’une véritable volonté d’engager des négociations sur le mémorandum conjoint présenté en février dernier. 
Entre-temps, et comme par hasard, il a été décidé que le derby casablancais opposant le Raja au WAC se jouera le jour même de la Marche. Sachant que ce duel sportif attire un grand nombre de spectateurs qui se pressent aux abords du stade dès les premières heures du jour, on peut se demander s’il a vraiment été programmé, déprogrammé et reprogrammé sans intention manifeste de détourner une partie des manifestants potentiels de la grande Marche de ce dimanche.  
A la question de savoir si ce derby pourrait perturber cette manifestation, le secrétaire général de la FDT, Abderrahmane Azzouzi, s’est voulu rassurant : « La rencontre aura lieu l’après-midi, donc bien après la Marche ». Certes, a-t-il précisé, les forces de l’ordre auront beaucoup à faire pour sécuriser les deux manifestations, mais il n’y a pas de quoi s’inquiéter outre mesure.
S’agissant des rumeurs qui ont couru à propos d’un report éventuel de la Marche, le responsable syndical  a été formel : «La Marche aura bel et bien lieu au jour et à l’heure prévus ».  
Il est à souligner que plusieurs organisations et formations politiques ont manifesté leur intention de se joindre au front commun ouvert par les trois centrales pour dénoncer, de concert, la dégradation du pouvoir d’achat et les atteintes aux acquis sociaux arrachés de haute lutte par les citoyens. 
 


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