La police macédonienne a tiré lundi des gaz lacrymogènes contre un groupe de plusieurs centaines de Syriens et Irakiens ayant tenté de forcer la barrière frontalière entre la Grèce et la Macédoine au poste d'Idomeni, selon un journaliste de l'AFP sur place. "Nous avons vu quelque 400 jeunes hommes tenter de pénétrer de force sur le territoire de la Macédoine depuis la Grèce", a déclaré M. Poposki à la BBC.
"Si nos forces de sécurité font face à une situation de tentative violente de plusieurs centaines de jeunes hommes de pénétrer sur notre territoire sans vouloir s'enregistrer ou se rendre dans les centres d'accueil, je ne pense pas que cela soit conforme à ce qui a été convenu au niveau européen", a-t-il dit. Le plus simple pour la Macédoine serait de "se retirer (de la frontière, ndlr) et de laisser tous les migrants passer", a indiqué le ministre faisant valoir que les pays membres de l'UE sont opposés à une telle solution.
"Ils nous ont dit vouloir un système viable concernant les migrants", afin que les candidats à l'asile soient enregistrés, a ajouté M. Poposki.
Pour lui, "actuellement le plus grand problème est que le système semble ne pas fonctionner". "Chacun d'entre nous devrait assumer sa part de responsabilité sur son territoire", a estimé le chef de la diplomatie macédonienne.
La situation est très tendue à la frontière entre la Macédoine et la Grèce où plus de 7.000 migrants et réfugiés restaient bloqués après des restrictions imposées par la Macédoine et des pays des Balkans et de l'UE, sur le nombre des personnes autorisées à entrer sur leur territoire.
Dans une interview séparée au quotidien économique allemand Handelsblatt, M. Poposki a déclaré craindre des "conflits entre voisins" des Balkans liés à la question des migrants illégaux.
"Nous devons faire très attention à ne pas arriver à des conflits entre voisins dans le cas de contrôles frontaliers renforcés", a affirmé le ministre. Dans cette configuration, "la Slovénie renvoie des migrants illégaux vers la Croatie, la Croatie vers la Serbie et la Serbie vers la Macédoine, etc...", explique M. Poposki, ajoutant: "J'ai peur qu'un tel scénario devienne réalité dans le cas d'un grand nombre de réfugiés".
Après l'Autriche, premier pays à avoir imposé des quotas, la Croatie, la Slovénie, membres de l'UE, ainsi que la Macédoine et la Serbie ont décidé à leur tour la semaine dernière de limiter le nombre de migrants autorisés sur leurs territoires, provoquant des protestations d'Athènes.
A Genève, le Haut-Commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Zeid Ra'ad Al Hussein, a dénoncé le "discours de haine" de certains dirigeants, déplorant que les migrants, déjà traumatisés par les "atrocités" commises dans leur pays, doivent en outre affronter, à leur arrivée en Europe, une "xénophobie" croissante.
La Grèce estime qu'entre 50.000 et 70.000 personnes risquaient d'être bloquées dans le pays en mars contre 22.000 actuellement.