La Grèce refuse d'accueillir la ministre autrichienne de l'Intérieur

Les vives tensions entre Athènes et l'Autriche ont empoisonné la rencontre de Bruxelles


Samedi 27 Février 2016

La Grèce a refusé de recevoir la ministre autrichienne de l'Intérieur, Johanna Mikl-Leitner, ont indiqué des sources officielles vendredi, alimentant la tension entre les deux pays au sujet de la crise des migrants.
Une source au ministère des Affaires étrangères a confirmé une information de l'agence officielle ANA selon laquelle Athènes a refusé de recevoir la ministre autrichienne.
Athènes avait rappelé jeudi son ambassadrice à Vienne pour "consultations", en signe de protestation contre la tenue par Vienne d'une réunion des pays des Balkans consacrée à la crise migratoire et dont la Grèce a été exclue.
De vives tensions entre la Grèce et l'Autriche ont empoisonné la rencontre à Bruxelles des pays de l'UE censée mettre fin à la cacophonie face à l'afflux de migrants qui risque de déclencher une crise humanitaire de grande ampleur.
 Montrée du doigt par plusieurs pays emmenés par l'Autriche qui lui reprochent de ne pas suffisamment protéger la frontière extérieure de l'UE par laquelle de nombreux réfugiés entrent sur son territoire, la Grèce a vertement répliqué au cours de cette réunion jeudi des ministres de l'Intérieur des 28.
 "L'Autriche nous traite comme des ennemis", s'est exclamé le ministre grec Yannis Mouzalas devant ses homologues, selon une source diplomatique.
"La Grèce n'acceptera pas de devenir le Liban de l'Europe", a averti M. Mouzalas, les réfugiés syriens représentant désormais le quart de la population du Pays du Cèdre.
 La Grèce se sent en effet de plus en plus livrée à elle-même. Depuis début janvier, plus de 102.000 migrants ont ainsi gagné ce pays par la Méditerranée, selon l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).
 Elle est d'autant plus débordée que le plan de répartition des demandeurs d'asile arrivés sur son sol dans d'autres pays de l'UE peine toujours à être mis en oeuvre. Moins de 600 réfugiés ont été "relocalisés" à partir de l'Italie et de la Grèce ces derniers mois, sur les 160.000 qui doivent l'être en deux ans.
 Et la décision de la Macédoine de refuser le passage aux Afghans à sa frontière avec la Grèce, et d'exiger des Syriens et Irakiens des papiers d'identité, a alourdi la tâche des Grecs et plongé dans le désarroi des migrants déboussolés.
Jeudi, des centaines d'entre eux marchaient sur les routes grecques en direction de la Macédoine, les autorités grecques limitant le nombre des autocars pouvant s'y rendre afin de ne pas aggraver l'encombrement du poste frontalier d'Idomeni.
Parallèlement, Tirana a affirmé qu'un "grand nombre" de migrants syriens attendaient d'entrer en Albanie, pays jusqu'à présent épargné par le flux de réfugiés.
 Le ministre albanais de l'Intégration Klajda Gjosha a expliqué qu'un changement d'itinéraire semblait se mettre en place, conséquence vraisemblablement de l'encombrement qui s'est créé à Idomeni.
 L'Autriche et la Slovénie, comme la Macédoine et la Serbie également conviées bien que ne faisant pas partie de l'UE, ont été invitées jeudi à expliquer le filtrage décrié des migrants qu'elles appliquent désormais, à l'origine de l'engorgement en Grèce.
"Nous ne pouvons pas continuer à agir par des actions unilatérales, bilatérales ou trilatérales", a insisté le commissaire européen chargé du dossier, Dimitris Avramopoulos.
 Celui-ci a une nouvelle fois appelé les Etats membres à mettre fin à la politique du "laisser-passer", consistant à laisser transiter des migrants vers d'autres pays sans les accueillir ni les refouler.
 "La possibilité d'une crise humanitaire de grande ampleur est là, très réelle, très proche", a-t-il prévenu.


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