On n’attendait guère mieux du côté français après ce que les matchs amicaux d’avant Coupe du monde avaient laissé présager. Mais au-delà de la défaite purement sportive de cette équipe, c’est aujourd’hui son identité, si identité il y’a, qui est remise en cause par tous.
Derniers remous en date : selon le figaro.fr le siège parisien de la Fédération française de football a été envahi vendredi dernier « par une trentaine d’individus criant des slogans racistes » tels que : « Dites à M. Escalettes (ex-président de la Fédération française de football) que l'on veut une équipe de France blanche et chrétienne, virez les bougnoules, les muslims et les Noirs. Dites-lui que l'on reviendra et qu'on cassera tout. Ici c’est Paris, pas l’Algérie ». Des propos pour le moins incohérents quand on sait que ni Hatem Ben Arfa ni Karim Benzema, tous d’eux d’origine maghrébine, n’ont été retenus en sélection pour jouer la Coupe du monde. De tels propos d’une gravité sans précédent révèlent en réalité le climat délétère qui règne désormais autour de l’équipe de France. A l’image de la crise morale que traverse en ce moment la France, son équipe de foot est elle aussi victime des débats malsains autour de l’identité. L’âge d’or du métissage et d’une équipe « Black, blanc, beur, » est révolue. Tous s’accordent à dire qu’il y aurait désormais des clans dans l’équipe de France version 2010 avec d’un côté les musulmans avec en chef de file Anelka ou encore Ribéry et de l’autre les « Français pure souche » comme Gourcuff ou Toulalan. Ce qui avait fait la force de l’équipe en 1998 à savoir le rassemblement de tous derrière « la France » et ce, quelles que soient les origines de ses joueurs, semble aujourd’hui s’avérer être une faiblesse qui nuirait à l’esprit d’équipe. Une assertion qui ne se vérifie pas qu’au niveau sportif, mais bel et bien dans la réalité de toute la société française. L’harmonie relative qui régnait jusque-là se transforme doucement mais sûrement en un communautarisme exacerbé. Et les débats sur l’identité nationale, les expulsions massives des sans- papiers, et les « petites phrases racistes » n’arrangent en rien la situation.
Roselyne Bachelot, ministre française des Sports, a parlé de « caïds » de l’équipe de France, Alain Finkielkraut philosophe a, quant à lui, évoqué une «équipe de voyous ». Le président des jeunes UMP (le parti politique de Nicolas Sarkozy), Benjamin Lancar, a même été plus loin en parlant de « tensions ethniques au sein de l’équipe de France » et en assurant qu’il a été entièrement d’accord avec les propos de Finkielkraut.
Qu’on se le dise, l’équipe de France est aujourd’hui à l’image de son pays et traverse tout comme lui une profonde crise morale où les tensions confessionnelles et identitaires se trouvent sciemment exacerbées.