On peut dire que ce court texte se fonde sur l’amour, lequel susceptible d’être à tout moment aussi bien constant qu’inconstant. Or ce que nous propose Marivaux, c’est que l’amour est de nature à s’évanouir au profit d’un autre.
En effet, Eglé tombe amoureuse dès le premier regard d’Azor. Azor de même ne résiste pas à la beauté d’Eglé : « Je suis votre Eglé, vous, mon Azor ». Mais, dès que d’autres personnes arrivent, la constance cède le pas à l’inconstance, celle-ci semble l’emporter sur celle-là.
Cela se justifie par le fait qu’à la rencontre d’une autre femme, Azor est séduit par le nouveau visage charmant d’une Adine. Il en est ainsi d’Eglé qui, lorsqu’elle voit le nouveau visage d’un Mesrin, elle en tombe amoureuse, ne serait-ce parce qu’il est le nouveau venu.
La Dispute nous apprend que l’Homme est par nature enclin à l’inconstance. Celle-ci n’est pas synonyme de trahison ou d’infidélité, mais elle prouve que l’être humain ne peut d’instinct résister à la séduction et au charme que lui offrent les nouvelles rencontres. Comment résister à la beauté d’un beau visage, d’un bel objet ? Qu’est-ce que c’est que ce désir toujours en mouvement ? D’où vient cette inconstance interminable ?
La Dispute est donc une pièce philosophique ayant pour mission de soulever chez le lecteur des interrogations d’ordre strictement philosophique. Où est la place de la morale par rapport à l’instinct ? La morale y échapperait-elle? Qu’est-ce que la morale et quelles sont ses limites ?
A la lecture de cette courte pièce, le lecteur n’en sort pas indemne ; il est invité à mener des réflexions ontologiques dont les réponses sont au premier abord indissolubles.
Najib Allioui