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Malgré leur rareté, les films de Bouanani brillent d’une aura particulière dans le contexte du cinéma national. Figure élégante et discrète, contraint au silence pendant l’essentiel de sa carrière, Bouanani a pourtant exercé une influence majeure sur plusieurs générations de cinéastes marocains, y compris la plus contemporaine. Sans doute parce qu’il a incarné et produit le cinéma marocain le plus audacieux, transcendant les limites de la fiction et du documentaire, toujours au plus près de la réalité du pays, mais sans jamais renoncer à la poésie. Il a publié plusieurs volumes de poésie et participé à la revue «Souffles» fondée par Abdellatif Laâbi.
L’œuvre filmique de Bouanani s’inscrit dans le contexte de production de films documentaires des années 60 et 70 au Maroc. Après l’indépendance, les premiers réalisateurs marocains (formés en Europe pour la plupart) font leurs armes comme fonctionnaires au Centre cinématographique marocain, seul organisme (avec la Télévision marocaine) à les accueillir et leur permettre d’exercer leur métier par le biais de films de commandes et des actualités marocaines. Ces cinéastes qui aspiraient à l’affirmation d’une expression cinématographique propre vont s’emparer de ces uniques occasions de production pour tenter de réaliser leurs films. S’exposant à une censure parfois destructrice (comme pour «Mémoire 14» amputé de plus de 45 minutes détruites à jamais par la censure), les jeunes réalisateurs s’essaient avec talent et une attention esthétique et philosophique forte, avec des courts métrages documentaires qui reflètent leur engagement social, leur attachement à l’art, à la culture populaire et à la mémoire collective.
La Cinémathèque juge urgent que cette œuvre soit découverte, ou redécouverte. Urgent également de tisser les fils entre une certaine modernité cinématographique ancrée dans le discours politique et esthétique des indépendances du début des années 1960 et le présent du cinéma marocain, ainsi que d’interroger l’influence, parfois souterraine, que l’œuvre de Bouanani exerce et exercera encore pour longtemps sur le cinéma national. Urgence surtout de faire découvrir à une nouvelle génération d’étudiants en cinéma et littérature, qui seront présents lors de cette semaine spéciale, l’histoire du cinéma national dans laquelle ils souhaitent s’inscrire à leur tour.
Ahmed Bouanani, en plus d’être un artiste singulier, est aussi un écrivain. Ainsi il est l’auteur d’un ouvrage sur le cinéma marocain dont des extraits seront lus au public jeudi 8 novembre.
De nombreux collaborateurs, amis, acteurs, techniciens, famille, critiques de cinéma et personnalités du cinéma marocain seront présents pour témoigner et évoquer la vie et l’œuvre de cet artiste qui a marqué son temps. Ali Essafi, réalisateur d’un film sur Ahmed Bouanani, présentera des extraits de son film en cours au public.
Pendant ces quatre jours, huit intervenants professionnels internationaux, parmi eux Ivan Boccara (réalisateur franco-marocain), Ismail Bahri (artiste tunisien) et Francois Hien (documentariste) seront présents pour permettre aux jeunes étudiants en cinéma des Universités de Marrakech, Ouarzazate, Tétouan et Casablanca de réfléchir à la création documentaire, à travers l’œuvre de Ahmed Bouanani par le biais de réalisations de courts métrages documentaires. Les films seront projetés au public le samedi 10 novembre à 20h00.
La Cinémathèque souhaiterait également rendre hommage à sa femme, Naima Saoudi Bouanani, qui a accompagné les plus grands films marocains en tant que costumière et décoratrice et qui a toujours travaillé au plus près de son mari.
En guise de clôture de ces journées d’hommage, les films «Les 4 sources», «la Marche d’un poète» seront présentés.