La Birmanie s'oppose à la venue d'une rapporteuse de l'ONU

655.000 Rohingyas ont fui au Bangladesh voisin


Jeudi 21 Décembre 2017

 La rapporteuse spéciale de l'ONU sur la Birmanie, qui devait effectuer une mission sur place en janvier, s'est vu refuser l'accès, a-t-elle annoncé mercredi, craignant que quelque chose de "terriblement horrible" soit en train de se produire.
"Je suis troublée et déçue par cette décision du gouvernement birman. (...) C'est une honte que la Birmanie ait décidé de s'engager sur cette voie", a déclaré Yanghee Lee, dans un communiqué.
"Cette déclaration de non-coopération (...) ne peut être considérée que comme une indication forte qu'il doit y avoir quelque chose de terriblement horrible qui se passe dans (l'Etat) Rakhine, ainsi que dans le reste du pays", a-t-elle ajouté.
Les violences dans l'Etat Rakhine (ouest) ont débuté par des attaques de postes de police par la rébellion rohingya de l'Armée du salut des Rohingyas de l'Arakan (ARSA), qui dénonce les mauvais traitements subis par cette minorité musulmane.
L'opération militaire lancée ensuite par l'armée a poussé environ 655.000 Rohingyas à fuir au Bangladesh voisin depuis le mois d'août. L'ONU a évoqué des éléments de "génocide".
"Il y a deux semaines encore, le représentant birman (auprès des Nations unies à Genève) avait informé le Conseil des droits de l'Homme de sa coopération continue avec l'ONU, faisant référence (...) à mon rôle de rapporteuse spéciale", a expliqué Mme Lee.
"Maintenant on me dit que cette décision de ne plus coopérer avec moi est basée sur la déclaration que j'ai faite après avoir visité le pays en juillet", a-t-elle précisé.
Dès le mois d'août, la rapporteuse spéciale de l'ONU Yanghee Lee s'était inquiétée d'informations faisant état de l'arrivée de renforts militaires dans l'Etat Rakhine.
En mars dernier, elle avait demandé l'établissement d'une commission d'enquête internationale sur les exactions commises contre les Rohingyas. Les 47 Etats membres du Conseil des droits de l'Homme avaient entendu son appel, décidant quelques jours après d'établir une "mission internationale indépendante". La Birmanie s'oppose toutefois à la venue de ces enquêteurs.
La rapporteuse s'est rendue à six reprises en Birmanie depuis le début de son mandat en juin 2014. Lors de ces visites, l'accès à certaines régions du pays lui était toutefois refusé, les autorités invoquant des questions de "sécurité", selon l'ONU.
"Le gouvernement a maintes fois nié que des violations des droits de l'Homme se produisent en Birmanie, en particulier dans l'Etat Rakhine. Ils ont dit qu'ils n'avaient rien à cacher, mais leur manque de coopération avec mon mandat et la mission de l'ONU suggère le contraire", a conclu Mme Lee.
Par ailleurs, la Birmanie était sous pression internationale mardi après l'arrestation de deux journalistes et leur détention au secret depuis une semaine, qui posent des questions sur le respect de la liberté de la presse dans le pays.
"Nous attendons des autorités birmanes qu'elles garantissent la pleine protection de leurs droits et qu'elles libèrent les journalistes le plus rapidement possible", a déclaré un porte-parole de l'Union européenne dans un communiqué.
"Nous appelons à leur libération immédiate", a renchéri la porte-parole du département d'Etat américain Heather Nauert devant la presse à Washington. "Nous sommes très inquiets au sujet de leur arrestation", "nous ne savons pas où ils sont, c'est un autre sujet d'inquiétude", a-t-elle ajouté. "J'espère que le gouvernement birman nous dira, ainsi qu'à leurs familles, comment ils vont."
Les deux Birmans qui travaillent pour l'agence Reuters ont été inculpés en vertu d'une loi datant de l'époque coloniale pour détention de documents relatifs aux forces de sécurité en Etat Rakhine, où l'armée est accusée d'"épuration ethnique" contre les musulmans rohingyas.
Personne n'a revu Wa Lone, 31 ans, et Kyaw Soe Oo, 27 ans, depuis leur arrestation dans la capitale économique Rangoun, le 12 décembre alors que l'ONU a, comme les Etats-Unis et l'UE, demandé leur libération.
Les faits pour lesquels ils sont poursuivis sont passibles de près de 14 ans de prison.
Les journalistes ont été arrêtés après avoir accepté une invitation à dîner de policiers, qui revenaient du nord de l'Etat Rakhine, et ont également été arrêtés.


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