"Ils nous ont arrêtés et ont pris des mesures contre nous parce que nous étions en train d'essayer de révéler la vérité", a déclaré Wa Lone, l'un des deux reporters, à la sortie d'un tribunal de Rangoun, au terme d'une audience de 30 minutes.
Les deux journalistes, Wa Lone, 31 ans, et Kyaw Soe Oo, 27 ans, ont été reconduits vers la prison d'Insein, la libération sous caution demandée par leur avocat ayant été rejetée. La prochaine audience a été fixée au 23 janvier.
Khin Maung Zaw, qui représente les reporters, a déclaré que les charges retenues à l'encontre de ses clients s'appuyaient sur l'Official Secrets Act de 1923, adopté lorsque la Birmanie était encore une province des Indes britanniques.
La "section 3" invoquée par les procureurs punit l'entrée dans des endroits interdits, la collecte d'images ou la possession de documents d'Etat confidentiels qui "pourraient être directement ou indirectement utiles à un ennemi".
Wa Lone et Kyaw Soe Oo risquent jusqu'à quatorze années de prison.
Steve Adler, président et directeur des rédactions de l'agence Reuters a exprimé son "extrême déception" à l'issue de cette inculpation.
"Nous voyons cela comme une attaque flagrante et totalement injustifiée contre la liberté de la presse. Il faut que nos collègues soient autorisés à reprendre leur travail consistant à relater les événements en Birmanie. Nous pensons que le temps presse et nous continuons à appeler à la libération rapide de Wa Lone et Kyaw Soe Oo", a-t-il dit dans un communiqué. Wa Lone et Kyaw Soe Oo ont été arrêtés le 12 décembre dernier après avoir été invités à rencontrer des policiers lors d'un dîner. Selon leur entourage, leur arrestation a eu lieu presque immédiatement après qu'ils se sont vu remettre des documents par les policiers qu'ils étaient venus rencontrer.
Les deux journalistes travaillaient sur la crise dans l'Etat d'Arakan où, d'après les estimations des Nations unies, quelque 655.000 musulmans Rohingyas ont fui depuis la fin août les opérations de représailles lancées par l'armée birmane après l'attaque de postes de police et d'une base militaire par des insurgés Rohingyas.
La mise en examen des deux reporters de Reuters en Birmanie souligne les risques du journalisme dans ce pays qui reste l'un des plus mauvais élèves au monde en termes de liberté de la presse.
La Birmanie se situe à la 131e place sur 180 pays dans le classement mondial de la liberté de la presse 2017 de Reporters sans frontières.