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Créée en 2009, cette monnaie numérique a bouleversé les codes traditionnels de l’économie et continue de susciter un engouement croissant. Au Maroc, cependant, le cadre juridique demeure rigide, imposant une interdiction stricte des transactions en cryptomonnaies depuis 2017. Mais cette interdiction, justifiée à l’époque par la protection des consommateurs et le respect de la réglementation des changes, peine à dissuader une partie de la population, particulièrement les jeunes qui sont de plus en plus nombreux à succomber à la tentation des cryptomonnaies.
A en croire les chiffres de Binance, une plateforme mondiale d'échange de cryptomonnaies et de gestion de portefeuille de devises numériques, le Royaume fait partie des quatre pays africains où le bitcoin est le plus échangé et se classe au premier rang en Afrique du Nord. Cet attrait, bien que limité par les restrictions réglementaires, révèle une double dynamique : un intérêt croissant pour les opportunités offertes par les cryptomonnaies et une méfiance envers les circuits financiers traditionnels, souvent jugés coûteux et rigides.
Face à cet engouement, les autorités marocaines ont pris conscience qu’une simple interdiction ne suffirait pas à contenir l’essor de ces actifs numériques. Bank Al-Maghrib (BAM), sous l’impulsion de son gouverneur Abdellatif Jouahri, a amorcé un virage stratégique en élaborant un cadre législatif destiné à encadrer l’usage des cryptoactifs. Un projet de loi en cours d’adoption vise à concilier prudence et innovation. Selon Abdellatif Jouahri, cette approche permettra de protéger les investisseurs et les usagers tout en exploitant les opportunités offertes par ces innovations.
«Dans cette optique, BAM a préparé un projet de loi encadrant les cryptoactifs qui est actuellement dans le circuit d’adoption», a-t-il indiqué dans son allocution à l’occasion de la 4ème édition du Symposium régional de haut niveau sur la stabilité financière. Ce tournant marque un moment charnière dans la stratégie marocaine, où la question n’est plus d’interdire ou non, mais de réguler intelligemment pour tirer parti des avantages sans compromettre la stabilité du système financier.
Parallèlement, Bank Al-Maghrib explore les perspectives offertes par les monnaies digitales de banques centrales (MDBC). Ces dernières, perçues comme des alternatives crédibles aux cryptomonnaies privées, pourraient jouer un rôle clé dans l’élargissement de l’inclusion financière, un enjeu majeur pour une partie de la population marocaine encore exclue du système bancaire. «Nous cherchons à déterminer dans quelle mesure cette nouvelle forme de monnaie pourrait contribuer à la réalisation de certains objectifs de politique publique notamment en matière d’inclusion financière», a souligné Abdellatif Jouahri.
Les MDBC, en tant que version numérique de la monnaie nationale, pourraient, en fait, renforcer la transparence, améliorer la traçabilité des flux financiers et réduire les coûts des transactions. En outre, elles s’inscrivent dans une tendance mondiale où de nombreux pays, comme la Chine avec son e-yuan, expérimentent des projets similaires pour moderniser leurs économies.
Alors que le projet de loi progresse dans les arcanes législatifs, le Maroc se positionne en précurseur régional dans la régulation des cryptomonnaies et des MDBC. Ces dernières, souvent perçues comme une menace par les institutions financières traditionnelles, s’imposent désormais comme un catalyseur de transformation. Pour le Maroc, la question n’est plus de savoir si cette transformation doit avoir lieu, mais plutôt comment en tirer profit tout en protégeant ses citoyens. L’interdiction pure et simple a montré ses limites. Désormais, l’avenir repose sur une régulation éclairée et proactive, capable de transformer un défi en opportunité.
Mehdi Ouassat
La hausse du cours du bitcoin a stimulé la demande de cryptomonnaie dans le monde entier. Au Maroc, une combinaison de curiosité et de désir d’autonomie financière a poussé de nombreux Marocains à se ruer vers le BTC, malgré son interdiction par la loi. En effet, en raison de la nature décentralisée des cryptomonnaies, il est tout simplement impossible de les interdire dans les faits ou même de restreindre leur utilisation. Aucun Etat n’a la capacité de le faire. Beaucoup de Marocains, même s’ils ne sont pas autorisés à acheter directement des cryptomonnaies à l’aide de leurs comptes bancaires, utilisent des plateformes d’échange pair-à-pair (peer-to-peer ou P2P), également appelées de gré-à-gré, telles que Binance, Paxful ou Bisq qui offrent, entre autres moyens de paiement, les virements bancaires ou le paiement en cash pour effectuer des transactions de cryptomonnaie.
On peut comparer ce genre de plateforme à des sites d’annonces, où le vendeur de cryptomonnaie place son offre, entre en contact avec l’acheteur et tous les deux se mettent d’accord sur le moyen de paiement. Celui-ci se fait le plus souvent en cash. L’avantage de ce système pour les Marocains est qu’il leur permet d’effectuer des transactions sans avoir à partager leurs informations personnelles. Il s’agit d’une sorte de garantie lorsque les transactions sont effectuées dans un pays où les cryptomonnaies sont interdites, comme c’est le cas au Maroc.
Les traders marocains sont donc de plus en plus nombreux à recourir à ce genre de plateforme. Une simple visite de Binance par exemple montre que les offres en dirhams sont nombreuses et que rien n’est plus facile que de trouver des vendeurs ou des acheteurs marocains. Bien que les chiffres exacts sur les transactions n'aient pas été publiés, plusieurs indicateurs permettent de se faire une idée de la tendance.