L’homme, le militant et le martyr


Libé
Mardi 29 Octobre 2013

L’homme, le militant et le martyr
Figure historique du mouvement national marocain sous le protectorat, leader de l’opposition au début du règne de Hassan II (1920-1965).
Né en 1920 à Rabat dans une famille de petits fonctionnaires, Mehdi Ben Barka a fait des études de mathématique à Alger et devient professeur de lycée. Il enseigne aussi au Collège Royal. Il a le futur Roi Hassan II parmi ses élèves.
Parallèlement, il s’engage en politique contre le « protectorat » français sur le Maroc. Dès 1943, il participe à la création du parti de l’Istiqlal. En 1945, il est l’un des responsables du parti nationaliste qui a mené le Maroc à l’indépendance. En 1955, il participe aux négociations qui aboutiront au retour du Roi Mohammed V que les autorités françaises avaient exilé à Madagascar. De 1956 à 1959, Mehdi Ben Barka est président de l’Assemblée consultative du Maroc.
Représentant de l’aile gauche d’un parti qu’il juge trop conservateur, il provoque une scission et fonde en 1959 l’Union nationale des forces populaires, qui se place dans l’opposition au régime de Hassan II.
En 1963, Mehdi Ben Barka dénonce le conflit frontalier qui oppose le Maroc et l’Algérie. Accusé de complot, il est condamné à mort par contumace (il était à l’étranger). Principal dirigeant de la gauche marocaine, il dénonçait « ce régime médiéval qui tendrait à ressusciter les structures médiévales de la société marocaine ».
Mehdi Ben Barka doit s’exiler. Il vit entre Genève et Le Caire où il s’impose comme un organisateur actif des luttes du tiers-monde. Il est notamment chargé d’organiser la participation des mouvements révolutionnaires du tiers-monde à la conférence tricontinentale qui doit se réunir à La Havane en 1966.
Mehdi Ben Barka est enlevé le 29 octobre 1965 devant le 151 boulevard Saint-Germain à Paris par des policiers français et conduit dans une villa de Fontenay-le-Vicomte dans l’Essonne. Il n’est plus réapparu.  Après sa mort débutait l’« affaire Ben Barka ». On sait aujourd’hui qu’il a été torturé et assassiné par le chef de la police secrète marocaine, Mohammed Oufkir. Son corps ne sera jamais retrouvé, Boucheseiche avouant des années plus tard l’avoir dissous dans une baignoire pleine d’acide.
Mohammed Oufkir sera jugé et condamné par contumace par la justice française en 1967. On ne sait pas jusqu’à quel niveau l’administration française a été impliquée dans l’assassinat de l’opposant marocain. Pour le général de Gaulle, interrogé par des journalistes en 1966, l’implication française se limiterait à des niveaux subalternes. Cinq décennies plus tard, l’affaire n’est toujours pas classée.


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