"Je suis candidat à la présidence de la République", a-t-il dit en se plaçant "sous le signe de l'espérance" et en appelant à "sortir du statu quo" politique pour répondre aux défis d'une "ère nouvelle".
L'ancien protégé du président socialiste Français Hollande a choisi Bobigny, une banlieue populaire du nord-est de Paris, pour mettre fin à des mois de suspense.
"Notre système politique est bloqué", a-t-il dit, en assurant que "les appareils politiques et les logiques politiciennes paralysent notre capacité à aller de l'avant".
"J'ai vu de l'intérieur la vacuité de notre système politique (...), j'ai mesuré ce qu'il en coûte de refuser les règles obsolètes d'un système clanique qui est devenu le principal obstacle à la transformation de notre pays", a dit celui qui a démissionné du gouvernement en août après avoir fondé son propre mouvement "ni de droite ni de gauche".
"Ce système, je le refuse, a-t-il ajouté en appelant à une "révolution démocratique profonde" au lieu de s'en tenir "aux recettes du siècle dernier".
L'ancien ministre Emmanuel Macron est un iconoclaste qui entend bousculer le jeu politique traditionnel en dépassant le clivage droite-gauche.
Ovni dans le monde politique, où il n'a jamais eu de mandat électif, cet ancien haut fonctionnaire, formé aux écoles de l'élite puis devenu banquier d'affaires, doit sa carrière fulgurante au président socialiste François Hollande qui l'a recruté en 2012 au cabinet de l'Élysée avant de faire de lui une pièce maîtresse de son gouvernement, en août 2014.
Mais l'ambitieux échappe rapidement à son pygmalion. Dix-sept mois plus tard, il pose les jalons de sa candidature à la présidentielle, en créant un mouvement "ni à droite ni à gauche", baptisé "En Marche", dont l'acronyme correspond à ses initiales.
"Je veux trouver le chemin de la réconciliation entre les deux France, celle qui vit la mondialisation et les grandes transformations à l'œuvre comme une chance et celle qui en a peur", explique-t-il. Son discours transpartisan, libéral au sens anglo-saxon du terme (sur le plan économique mais aussi sur les questions de société), plaît notamment aux jeunes urbains et aux milieux d'affaires.
Plus largement, les Français s'intéressent à l'émergence d'une nouvelle tête sur un échiquier politique qui peine à se renouveler. Même s'il tarde à présenter un programme concret, il jouit de 49% de bonnes opinions, selon un sondage publié la semaine dernière.
Derrière sa façade lisse et son physique de gendre idéal, ce passionné de philosophie n'a pas hésité à jouer le poil-à-gratter de la gauche française, remettant en cause ses fondamentaux encore largement influencés par une vision marxiste de l'économie.
Avant même son arrivée au gouvernement, il avait défendu la possibilité, pour les entreprises, de déroger à la loi sur le temps de travail légal à 35 heures hebdomadaires adoptée par un précédent gouvernement socialiste.
"Je suis de gauche, j'assume d'où je viens. Mais je veux fonder une offre politique progressiste, car le vrai clivage aujourd'hui est entre les progressistes et les conservateurs, plus qu'entre la gauche et la droite", défend-il.