Le Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK) a demandé la démission des 1.577 doyens d'universités publiques et rattachées à des fondations privées après l'échec du coup de force contre le président Recep Tayyip Erdogan, a rapporté l'agence de presse Anadolu.
Parallèlement, le Haut-conseil turc de la radio et de la télévision (RTÜK) a retiré mardi leur licence aux chaînes de télévision et de radio proches de M. Gülen, prédicateur exilé aux Etats-Unis.
L'autorité audiovisuelle a annoncé avoir annulé "tous les droits de diffusion et licences délivrés à toutes les organisations (radios et télévisions) liées, en relation et soutenant le FETÖ/PDY", des acronymes désignant le mouvement de Gülen.
Selon Anadolu, cette décision concerne au total 24 chaînes de télévision et radios et 34 journalistes considérés comme étant proches de ce religieux se sont vu en outre retirer leur carte de presse.
Selon un comptage de l'AFP, au moins 25.000 fonctionnaires, dont plusieurs milliers de policiers et de gendarmes et des enseignants, ont été suspendus ou démis dans cette chasse nationale aux gülenistes. Les fonctionnaires mis à pied se sont vu interdire de quitter le territoire.
Par ailleurs, 9.322 militaires, magistrats et policiers font l'objet d'une procédure judiciaire, a déclaré le vice-Premier ministre Numan Kurtulmus.
Il s'est toutefois défendu de "tout esprit de vengeance" qui serait "absolument inacceptable dans l'Etat de droit", alors que la communauté internationale s'inquiète d'un déchaînement répressif en Turquie.
Le FMI a appelé à "préserver" les institutions démocratiques, "piliers" des progrès économiques de ce pays, après le putsch manqué qui a provoqué une "certaine volatilité" financière.
La livre turque a ainsi décroché mardi pour se rapprocher de son plus bas niveau de vendredi soir (0,2972 dollar).
L'armée n'a pas été épargnée par les purges : vingt-six généraux et amiraux, dont l'ancien chef de l'armée de l'air, le général Akin Oztürk, sont désormais en détention préventive après avoir été inculpés, notamment, de "tentative de renversement de l'ordre constitutionnel" et de "tentative d'assassinat" du président Erdogan, qui a affirmé que sa vie avait été menacée par les putschistes. Mais "l'écrasante majorité des Forces armées turques qui aime sa patrie, sa nation et son drapeau n'a absolument rien à voir" avec la tentative de coup d'Etat, a assuré l'état-major dans un communiqué.
Par ailleurs et en ce qui concerne la demande d’extradition de Gülen, Ibrahim Kalin, porte-parole d’Erdogan a déclaré : "Nous souhaiterions voir une coopération de la part des Etats-Unis sur cette question".
Quant au prédicateur Fethullah Gülen, il a réfuté dans un entretien lundi avec l'AFP toute responsabilité. "J'ai toujours été contre l'intervention des militaires dans la politique intérieure", a-t-il assuré.
Il a laissé entendre que le gouvernement aurait pu mettre en scène cette tentative de putsch.
Le président américain a pour sa part répété mardi que son pays était prêt à fournir son aide dans l'enquête sur le putsch. Dans une conversation téléphonique avec Erdogan, Barack Obama a toutefois insisté sur la nécessité de procéder à ces investigations en suivant des méthodes qui "renforcent la confiance du peuple dans les institutions démocratiques et l'Etat de droit".