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Pour les rédacteurs de ce rapport, il s’agit bien d’une « problématique multidimensionnelle nécessitant la révision de l’approche adoptée dans la mise en œuvre, le suivi-évaluation et la maîtrise des statistiques ».
En effet, et selon les données du Haut-Commissariat au plan (HCP), le taux de chômage des jeunes âgés de 15 à 24 ans s’est établi en 2019 à 24,9% avant d’augmenter dans le sillage de la pandémie de Covid-19 à 31,2% en 2020, puis à 31,8% en 2021 et à 32,7% en 2022.
En outre, il y a lieu de souligner qu’un jeune sur quatre âgé de moins de 25 ans n’est ni employé, ni étudiant, ni en formation (NEET), correspondant à environ 1,5 million de jeunes. Ce qui en dit long sur l’action de l’actuel Exécutif qui s’est engagé à créer au moins 1 million de postes d’emploi durant la période de son mandat, au moins 250.000 postes d’emploi direct à travers un programme de petits et grands chantiers publics et plus de 100.000 postes d’emploi direct et indirect dans le secteur de la pêche et de la pisciculture.
Manque
Ainsi, selon le document de la Cour des comptes, le marché du travail au Maroc souffre d’un manque d’adéquation entre l’offre de formation et les besoins en compétences du marché du travail. A ce propos, la Cour a relevé que « les passerelles intra-système et entre les systèmes de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle sont limitées.
Cette situation est due à l’absence d’un cadre juridique permettant d’institutionnaliser ces différentes passerelles et de garantir l’adaptation en continu aux exigences du marché du travail. L’insertion économique des jeunes fait encore face au manque d’adéquation entre l’offre de formation et les besoins en compétences sur les plans qualitatif et quantitatif».
S’agissant de l’intermédiation sur le marché du travail, l’Agence nationale de promotion de l’emploi et des compétences n’arrive pas, selon les juges de la Cour, « à répondre de manière efficace aux besoins des différentes catégories de chercheurs d’emploi afin de faciliter leur insertion dans le marché du travail ».
Confusion
Par ailleurs, poursuit ledit document, « l’action publique en matière d’emploi, notamment l’insertion des jeunes, se caractérise par la multiplicité des acteurs qui interviennent à plusieurs niveaux, sans une définition claire et précise de leurs rôles et responsabilités et des relations qui les lient, ce qui impacte négativement la convergence et la coordination dans ce domaine ».
Dans ce sens, ajoute ledit document, « si le ministère chargé de l’emploi a pour mission d’élaborer et de mettre en œuvre la politique publique dans le domaine de l’emploi conformément au décret n°2.14.280 fixant ses attributions, la création d’emploi est liée principalement aux différentes stratégies sectorielles, d’où la nécessité de renforcer la coordination et la convergence en termes de fixation des objectifs relatifs à la création d’emplois et garantir leur réalisation. De plus, les démarches suivies dans la planification de l’action publique en faveur de l’insertion des jeunes ne permettent pas la consolidation des efforts fournis à cet égard, et ce pour répondre aux spécificités et au caractère transversal de l’emploi, surtout avec la non adoption de la stratégie nationale de l’emploi (2015-2025) par l’ensemble des parties concernées ».
Insuffisance
Dans ce cadre, la Cour des comptes cite le plan national de promotion de l’emploi (2017-2021) dont l’évaluation a été marquée par des insuffisances liées principalement aux objectifs et réalisations en termes d’emplois créés.
« En effet, précise le rapport, pour la fixation de l’objectif lié à la création des postes d’emploi, il s’est limité à la consolidation des objectifs déclarés par les départements ministériels. Il est à signaler, à cet égard, que certaines stratégies n’ont pas fixé d’objectifs globaux en termes de création d’emploi (comme la stratégie nationale de développement de la compétitivité logistique par exemple) et que certains secteurs n’ont pas été pris en compte par ledit plan malgré leur importance en matière de création d’emploi (à l’instar du secteur de la pêche). De plus, le plan n’a pas fixé les rôles et les responsabilités des parties concernées ainsi que les ressources à mobiliser afin de mettre en œuvre les mesures prévues. Cette situation a limité l’appropriation dudit plan par les autres départements ministériels, ce qui a impacté négativement sa mise en œuvre qui reste tributaire de l’engagement de tous les acteurs concernés ».
Concernant les réalisations de ce plan, « le ministère chargé de l’emploi déclare la création de 736.000 postes d’emploi sur un objectif de 1,2 million de créations potentielles durant la période 2017-2021. Or, ces réalisations concernent le nombre des nouvelles déclarations auprès de la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS), y compris celles des secteurs qui n’ont pas été pris en compte par ce plan », indique le rapport.
Quant au niveau territorial, des plans régionaux de l’emploi ont été élaborés au niveau des régions en coordination avec le ministère chargé de l’emploi. « Toutefois, la gouvernance de ces plans nécessite l’activation des organes de pilotage et de suivi prévus à l’instar des comités régionaux et provinciaux de l’emploi, ainsi que des centres régionaux de l’emploi et de développement des compétences, considérés comme organes d’appui à la mise en œuvre dans le cadre des attributions propres des régions », nuance le rapport.
Indifférence
Par ailleurs, la création d’emplois constitue un critère majeur pour l’octroi des incitations à l’investissement qui a été concrétisé dans la loi-cadre n°03-22 formant nouvelle charte d’investissement. Néanmoins, explique le rapport, la dimension de l’emploi n’est pas systématiquement prise en compte dans le cadre de l’octroi des incitations à l’investissement par les fonds spéciaux créés à cet effet et au niveau des stratégies sectorielles.
En ce qui concerne, le système d’information relatif au marché du travail, le document de la Cour des comptes précise qu’il se caractérise par la diversité des sources de données en l’absence d’une cohérence d’ensemble. « Cette situation est due principalement au retard constaté dans la mise en place d’un cadre de gouvernance clair du système statistique national, au faible positionnement de l’observatoire national du marché du travail et à l’absence d’observatoires régionaux de l’emploi. De surcroît, il a été relevé la divergence des référentiels adoptés par le HCP et les départements ministériels concernés, notamment en termes des nomenclatures statistiques des activités, des diplômes et des professions. En outre, ce système d’information ne couvre pas de manière globale des aspects fondamentaux du marché du travail, notamment l’offre de l’emploi et le secteur informel ».
Flou
S’agissant des programmes de promotion de l’emploi des jeunes, ils ne se basent pas, dans leur majorité, sur une définition précise de leurs contenus et de leurs objectifs quantitatifs, à moyen terme, et ce en termes de catégories de population cibles, de secteurs concernés et de dimension territoriale. En outre, note le rapport, certains programmes rencontrent des difficultés dans leur mise en œuvre, en plus de l’absence d’un organe national qui veille sur leur pilotage et leur suivi-évaluation de manière continue, afin de garantir la complémentarité entre les différentes mesures et d’assurer que les mesures prises soient adaptées aux exigences du marché du travail et aux spécificités des catégories des chercheurs d’emploi.
Hassan Bentaleb