Comme le Maroc est un pays importateur d’énergie à hauteur de 95% de sa consommation annuelle, et que la facture énergétique est de plus en plus salée, vu la demande croissante en énergie qui accompagne le développement des grands projets et chantiers du Royaume, ainsi que les évolutions récentes des prix de l’énergie, l’allégement de sa dépendance énergétique est devenu un défi majeur pour le Royaume, qui cherche tous azimuts à combler le déficit de sa balance commerciale.
C’est pourquoi la mise en œuvre des règles de l’efficacité énergétique et la lutte contre le gaspillage de l’énergie constituent la meilleure façon de répondre aux besoins énergétiques actuels et futurs, au Maroc comme ailleurs.
Cette affirmation a constitué le point nodal des interventions des participants aux 6èmes Journées du développement durable (JDD), qui se sont déroulées jusqu’à samedi à Tanger. Les chercheurs et experts prenant part à cette rencontre, organisée par l’Association marocaine pour un environnement durable (AMED) sous le thème «Efficacité énergétique : le pari gagnant pour une croissance économique durable», ont été unanimes à souligner que la promotion de l’efficacité énergétique est à même d’économiser considérablement l’énergie consommée, sous toutes ses formes, offrant ainsi un gisement inépuisable pour les différents secteurs économiques.
«Economiser l’énergie consommée» est devenu, donc, un impératif de plus en plus contraignant d’autant plus que la facture énergétique nationale, qui augmente d’année en année, a représenté 11% du PIB en 2012 s’élevant à 103 milliards de dirhams (MMDH), pesant ainsi lourdement sur la balance commerciale.
Dans ce sens, le Maroc, soucieux de se soustraire à sa dépendance énergétique, ambitionne, dans le cadre de la stratégie nationale de l’efficacité, de réaliser des économies de 10 à 15 MMDH chaque année à l’horizon 2030, soit environ 10 à 15% d’économies par an. Et ce sans compter l’atout de protection de l’environnement. Parmi les piliers fondamentaux, sur lesquels repose cette stratégie, on trouve, entre autres, la diversification du mix énergétique, le recours accru aux énergies renouvelables et le développement des économies d’énergie. On voit ainsi que le premier et le troisième piliers, à savoir la diversification du mix énergétique et le développement des économies d’énergie, ne peuvent être concrétisés que par le recours accru aux énergies renouvelables.
Une déduction étayant les propos de Tahar Achour, expert et consultant en énergie, président de la Chambre syndicale nationale des énergies renouvelables (CSNER-Tunisie), qui a noté l’importance de soutenir la tendance actuelle visant à développer les énergies renouvelables, en s’intéressant également à l’amélioration de l’efficacité énergétique, qui participe du même principe relatif à l’exploitation rationnelle, durable et responsable des richesses naturelles.Lors de son intervention, cet expert a également mis l’accent sur la nécessité de généraliser l’audit énergétique de façon interne et permanente au sein des entreprises, en particulier celles opérant dans des secteurs considérés comme énergivores, soulignant que cette action permet à la fois d’améliorer l’efficacité énergétique et de véhiculer les principes de consommation responsable et de protection de l’environnement. Par ailleurs, il y a lieu de souligner que le Maroc est considéré comme le premier pays du Sud de la Méditerranée à mettre en place une loi relative à l’efficacité énergétique, à savoir la loi 47.09. Il est également le premier pays à préconiser un arsenal de dispositions législatives en termes d’aménagement des nouvelles villes.
Pourtant, la déclinaison de la stratégie nationale de l’efficacité énergétique en plans d’actions associés, à court, moyen et long termes, peine à se concrétiser. L’Agence nationale pour le développement des énergies renouvelables et l’efficacité énergétique (ADEREE), qui avait organisé fin février 2013 la première session du Comité stratégique du projet «Etats généraux de l’efficacité énergétique», pour le lancement des travaux de ce dernier, n’a pas encore fixé de date pour l’organisation du second comité.