L’école flottante, un îlot d’espoir au milieu du bidonville sur pilotis de Lagos


AFP
Mardi 25 Février 2014

L’école flottante, un îlot d’espoir au milieu du bidonville sur pilotis de Lagos
On l’appelle “la Venise de l’Afrique”, mais l’eau est le seul point commun entre le bidonville sur pilotis de Makoko, à Lagos, et la romantique cité italienne.
Les huttes de fortune qui émergent des eaux troubles de la lagune de Lagos, deuxième plus grande ville d’Afrique après Le Caire, sont bien loin des ponts romantiques et des canaux bordés de palais de Venise. Les arts ont transformé la ville italienne pour en faire un des carrefours incontournables de la Renaissance en Europe.
Aujourd’hui, c’est un projet d’éducation, porté par un architecte novateur, qui pourrait changer la donne pour les enfants de Makoko.
L’école flottante inaugurée l’année dernière, dont la forme triangulaire se distingue au milieu du chaos urbain, a été entièrement construite par la population locale.
Le projet, soutenu par le fonds des Nations unies pour le développement, le gouvernement nigérian et la Fondation Heinrich Boell, a été lancé par l’architecte nigérian Kunlé Adeyemi. 
Pour concevoir les plans de cette école, l’architecte dit s’être adressé directement à la population du bidonville sur pilotis, pour identifier ses besoins.
“Habiter sur l’eau, c’est un style de vie (...) ; donc la question est de savoir comment améliorer les conditions de vie, comment relever les défis que cela implique de façon sûre et saine tout en respectant l’environnement?”, a-t-il expliqué à l’AFP.
Contrairement à Venise, Makoko n’est pas une attraction touristique. Mais le patchwork de toits en tôle et en bâche, plongé dans un halo de fumée opaque —un mélange de feux de bois et de pollution générée par les groupes électrogènes— attire l’oeil depuis le “Third mainland bridge”, un pont qui serpente sur plus de dix kilomètres sur la lagune, et a déjà inspiré de nombreux photographes étrangers.
Une partie des quelque 150.000 habitants de Makoko vit de la pêche, et des barques en bois, seul moyen de transport, se frayent un chemin dans le dédale de canaux improvisés, entre bateaux transformés en véritables épiceries ambulantes.
La nouvelle école, posée sur un ensemble de 250 barils vides en plastique bleu, a été conçue ainsi pour pouvoir faire face aux fréquents problèmes d’inondation auxquels sont confrontés les habitants de Makoko.
L’édifice, qui s’étale sur 220 mètres carrés répartis sur trois étages, surplombe le reste du bidonville. 
Quand on monte tout en haut du bâtiment en A, sous les panneaux solaires, on peut apercevoir les gratte-ciels et les lumières de Lagos Island, le coeur financier de la ville.
Pour M. Adeyemi, il était important que la communauté toute entière puisse prendre possession de ce lieu: les pêcheurs peuvent y accoster et y démêler leurs filets, les enfants s’y retrouvent pour étudier —souvent pour la première fois— mais peuvent aussi y jouer. Jeremiah Oleole Austin est l’un des rares garçons du quartier à avoir pu poursuivre des études supérieures. 
“Je suis né ici, et c’est là que j’ai grandi, donc je sais comme les gens souffrent, je connais leurs douleurs (...) mais aussi leurs joies” confie l’étudiant en art, surnommé “Big Babba”. 
“Sans aucune formation, comment est-ce que (les gens) peuvent sortir d’ici?”, se demande-t-il.
“On est peu nombreux à avoir pu aller à la ville, pour s’ouvrir à d’autres choses (...) s’il y a plus d’écoles, je pense qu’il va y avoir des changements au sein de la communauté”. Noah Shemede, le directeur de l’école, partage ce point de vue: “Chaque enfant a droit à l’éducation, où qu’il soit”, martèle-t-il. “ Nous vivons sur l’eau, ça ne veut pas dire que nous ne pouvons pas aller à l’école sur l’eau”.
“Nous avons besoin de plus d’écoles pour accueillir les milliers d’enfants qui restent chez eux pour l’instant”, répète M. Shemede.
Pour M. Adeyemi, au-delà d’une école, ce batiment est un prototype qui peut servir de mille façons, au Nigeria et ailleurs. “Il s’agit juste d’une structure qui peut être adaptée à toutes sortes d’usages”, explique l’architecte.


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