Né en 1942 en Italie, cet artiste qui vit régulièrement à Rabat, donne à voir des signes évocatifs et mystérieux inspirés de la calligraphie arabe, en mettant en valeur l’héritage artistique islamique. Il fait preuve, comme disait l’historien d’art Giovanni Gentile, d’une maturité picturale pour l’inspiration chromatique élégante et sagement harmonisée. Sa vision plastique révèle une étendue illimitée, libérant les nuances pour saisir la senteur possessive du temps.
Avec joie picturale, Karam nous mène tout doucement vers une émotion et restaure une forme raisonnable et perceptible qui permet de saisir l’optique de quelque chose qui existe au-delà de la réalité. Dans sa longue carrière de peintre, il a réussi à créer des rapports intellectuels, idéaux et même cérébraux dans sa riche collection de tableaux, avec sa main sûre, son trait résolu et ses chromatismes définis.
Sculpteur aguerri, ce Sicilien détourne à sa façon les instruments de musique (guitare, luth…) et réinterprète les tortues qui symbolisent pour lui la sagesse, la paix intérieure et la discrétion, tout en réalisant des livres et des bustes qui font référence à la culture savante, à la mémoire tatouée et à l’essence humaine.
Artiste ingénieux et talentueux, Karam se situe dans la lignée des post- modernistes et des artistes coloristes à la manière abstraite. Il capte la luminosité de ses couleurs pour mettre en toile l’enchantement que suscite l’état d’âme de la lettre, dans la diversité de ses atours au chatoiement des lumières.
S’inspirant de la civilisation arabo- musulmane -celle du signe –, il met en valeur l’agencement des formes voire les enchevêtrements de traces et d’indices imaginaires et garde la quintessence de leur composition dynamique et leur dimension interculturelle indéniable : les signes fragmentaires de la lettre incarnent les lignes de force de la beauté apparente dans ses secrets invisibles …
Loin de la spéculation mercantile, la symphonie chromatique conçue par Karam est marquée par un souci de nouveauté débarrassée des poncifs du folklore, sa banalité et sa platitude.
Paysagiste abstrait, cet artiste illuminé demeure un façonneur de l’histoire abruti de lumière .Il offre au regard de véritables toiles marquant par la résonance de la géométrie cachée de la lettre qui est parfois estompée et fragmentée au profit de la suggestion .
Artiste en perpétuelle ébullition, Karam est avant tout un citoyen du monde. A l’écoute de la planète et de ses repères culturels, il crée une fusion entre la tradition et la modernité .Il ne prétend pas donner de leçons, ni se poser comme précurseur de quoi que ce soit. Ses compositions sont autant d’allégories de son enfance en Sicile où il a ouvert ses yeux sur l’héritage islamique dans cette île, ce qui l’a mené à s’intéresser aux signes et symboles et à transcrire tout le Coran. Il a longtemps travaillé sur le patrimoine arabo-musulman via des couleurs pures et saturées, ce qui renforce l’intensité et la luminance chromatique de la toile et cristallise sa faculté esthétique à s’adresser à la sensibilité et à l’œil du cœur.
Sur son exposition, Giorgio Salemo, directeur de l’Institut culturel italien de Rabat, nous a écrit : «Le mystérieux et pittoresque monde de Sebastiano Cannarella s’enracine sur deux composantes : sa terre d’origine, l’Italie, et son adhésion totale à sa terre d’adoption, le Maroc, dont il a embrassé la religion islamique en assumant le nom de Karam. L’Institut culturel italien a l’honneur d’accueillir les œuvres de Karam Cannarella. Un artiste qui se situe dans le courant des post-modernistes, mais aussi sensible à la tradition, à son enfance en Sicile et, d’autre part, à sa culture islamique qui l’a poussé à s’intéresser aux signes et aux symboles de cette grande culture. Dans cette optique, il a réalisé 1300 tableaux sur les versets du Coran et 45 chefs-d’œuvre sur les Hadiths. L’artiste, qui est aussi sculpteur, travaille sur les bustes des corps humains, en les peignant avec de flamboyantes couleurs, ainsi que sur une foule de tortues, elles aussi peintes en plusieurs couleurs. Il unit donc plastiquement deux formes d’expression plastique, tout en restant fidèle à son assertion de fond : conjuguer l’authenticité de la tradition avec la modernité et la post-modernité de l’art de nos temps. L’Institut culturel italien accueille ses œuvres, non seulement pour rendre un juste hommage à un artiste italien, mais aussi, parce que, en la personne de Karam, se rencontrent à merveille deux mondes, deux cultures, deux pays, l’Italie et le Maroc, en incarnant ce qui était jusqu’au aujourd’hui le but de notre travail de promotion culturelle dans ce pays, à savoir favoriser la connaissance réciproque de nos peuples dans un territoire privilégié, celui de l’art, qui n’observe pas de barrières ou incompréhension, sauf de l’esprit de la coopération et de l’amitié sous le signe de la rencontre. ».
Il est à rappeler que Karam Cannarella a été parmi les invités d’honneur de la 7ème édition du Festival international des arts plastiques de Settat organisé récemment par l’Association Bassamat des Beaux-Arts, et ce aux cotés de Michel Barbault (France), Real Lessard (France), Igor (Russie), Anna Maria Mallard Espagne), Karam Sebastiano Canarella (Italie) Fayza Fares (Syrie), Samira Aboulhassan (Palestine), Sahbi Chtioui (Tunisie), Hatam Abdelkadem, Ali Hassan (Irak), Gene Gely Fort (France), Florence Arnold (France), Chiguer Lourak (Suède), Marina Vidinyova (Ukraine) et bien d’autres encore.