La question identitaire est au cœur de cette exposition dans laquelle l’artiste explore autrement la thématique de l’autoportrait aussi bien du point de vue de la composition que de la technique. Une démarche que le natif de Marrakech exprime à travers des séries identiques de ses portraits placardés sur des toiles ou des panneaux en bois et dont on peut apprécier la rigueur et le professionnalisme.
Il a préalablement appliqué à certaines un traitement identique à celui qu’il avait fait subir aux portraits des écoliers de sa classe : yeux et bouche découpés, photos d’identité plastifiées et dont les visages, peints, sont rendus méconnaissables. D’autres procédés qui sont autant d’automutilations symboliques sont testés pour la première fois : triangles découpés et à moitié décollés dans le champ de la photo ; entailles qui ressemblent à une fissure, mieux un précipice ; petits ronds découpés dans le visage ; hachures verticales ou horizontales ; barbouillage du visage à la peinture, dans des photos d’identité découpés sous la forme de coupoles, etc. Ajouter à cela d’autres portraits plastifiés ayant subi des traitements analogues. Les séries de portraits sont parfois reproduits en bandes verticales alternant des couleurs bleu, orange et jaune.
Le travail qui en résulte donne lieu à des compositions d’une grande qualité plastique. Le portrait de l’artiste s’efface derrière la configuration d’ensemble ; il n’est pas une fin en soi mais un support pour la représentation de formes picturales originales. Ce qui est frappant d’emblée, dans ce travail de Benohoud, c’est cette reproduction du même qui pourrait être infinie si le support matériel le permettait. Elle dénote, du reste, un thème majeur qui traverse, comme une ligne de force, l’ensemble de son travail : le caractère soluble ou non de l’identité individuelle dans l’identité collective.
Du 7 mars au 15 avril 2009
Galerie Noir sur Blanc
48, rue Yougoslavie, imm.
Adam Plaza, Guéliz, Marrakech.
Repères
Hicham Benohoud a étudié au Centre pédagogique régional avant d’exercer, plusieurs années durant, comme professeur d’arts plastiques à Marrakech. En 1998, l’Institut français de Marrakech lui a consacré sa première exposition personnelle avec 4455 petites images sur un mur. Au début du deuxième millénaire, il quitte l’enseignement pour aller s’établir à Paris où il est représenté par la Galerie VU’. Il participe à de nombreuses expositions collectives à l’invitation d’institutions prestigieuses telles que le Palais des Beaux-arts et la Galerie Contretype à Bruxelles, la Bruney Gallery et la Haywarde Gallery à Londres, Museum Kunst Palast à Düsseldorf, le Centre Georges Pompidou à Paris, le Musée Mori à Tokyo, la Fondation Aperture à New York, etc. Il a été le lauréat de la Dotation Photo Service à Arles et du prix Visa pour la Création décerné par Cultures France. Il a reçu la mention spéciale du jury à la Biennale de la Spézia en Italie.