L'armée turque sur le sol irakien après une série d'attaques meurtrières du PKK

Médias et locaux du HDP pris à partie par des militants nationalistes


Jeudi 10 Septembre 2015

L'armée turque est entrée mardi en territoire irakien, pour la première fois en quatre ans, après une série d'attaques des rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) qui ont tué plus de 30 soldats et policiers et plongé un peu plus la Turquie dans la violence.
Deux jours après une première embuscade à l'explosif dans laquelle 16 soldats avaient péri à Daglica (sud-est), le PKK a réalisé une opération similaire mardi à l'aube contre un bus de la police, aux confins des frontières avec l'Arménie, l'Iran et l'Azerbaïdjan.
L'attaque, dans la province d'Igdir, a fait 13 morts et un blessé, selon les autorités locales. Un précédent bilan faisait état de 14 tués.
Depuis dimanche soir, les chasseurs F-16 et F-4 de l'aviation turque ont pilonné les bases arrière du mouvement rebelle dans les montagnes du nord de l'Irak, et des membres des forces spéciales ont franchi la frontière irakienne à la poursuite d'éléments du PKK.
La précédente incursion de l'armée turque sur le sol irakien, un phénomène courant dans les années 1990 contre les camps du PKK, remontait à 2011. Dans un discours très ferme, le président islamo-conservateur Recep Tayyip Erdogan a promis mardi de débarrasser son pays du PKK.
Lors d'une cérémonie en l'honneur des soldats tués à Daglica, son Premier ministre, Ahmet Davutoglu, a usé du même ton pour affirmer que "chacun des responsables de ces bains de sang rendra des comptes".
L'opération conduite par le PKK à Daglica a été la plus meurtrière depuis la reprise, il y a près de deux mois, des affrontements entre l'armée et ce mouvement rebelle. Ces violences ont fait voler en éclats les discussions de paix engagées à l'automne 2012 pour mettre un terme à un conflit qui a fait au moins 40.000 morts depuis 1984.
Washington a assuré mardi le gouvernement turc de son "soutien", mais a insisté sur l'"importance, pour la Turquie et le PKK, de reprendre leur processus pour parvenir à une solution pacifique", selon le porte-parole de la Maison Blanche, Josh Earnest.
Cette escalade a débuté fin juillet, lorsqu'Ankara a ordonné des frappes aériennes contre le PKK en représailles à des attaques rebelles contre ses forces de sécurité. Les violences sont depuis quotidiennes. Mardi, un policier a été tué à Tunceli (est) et un autre à Mardin (sud-est), selon la presse.
Des députés du principal parti prokurde (le HDP, Parti démocratique des peuples) ont affirmé que 6 civils avaient été tués lundi dans la ville de Cizre (sud-est), soumise depuis cinq jours à un strict couvre-feu. "Les attaques contre notre peuple virent au massacre", a déploré le HDP.
Selon le dernier bilan compilé par la presse favorable au gouvernement, une centaine de soldats ou de policiers et un millier de rebelles ont péri depuis la fin juillet.
Les dernières attaques du PKK ont suscité de vives tensions avec la communauté kurde dans tout le pays. Quelque 20% des 76 millions de Turcs sont d'origine kurde. Le HDP, considéré comme proche du PKK, a affirmé que ses locaux avaient été visés par des manifestations ou des attaques dans plus d'une centaine de villes.
Mardi soir, son quartier général à Ankara a été attaqué par des militants nationalistes qui ont tenté d'y mettre le feu, a affirmé le mouvement sur son compte Twitter.
Pour la deuxième fois en deux jours, le siège du quotidien Hürriyet a été attaqué par une centaine de partisans du régime, qui l'accusent d'être hostile à Erdogan.
Davutoglu a appelé en soirée sur son compte Twitter ses concitoyens à "rester calmes", jugeant "inacceptable" de s'en prendre aux médias ou les locaux des partis politiques.


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