L'armée afghane annonce avoir repris Kunduz aux talibans

Les soldats de l’Otan ont apporté leur soutien et appui


Vendredi 2 Octobre 2015

Les forces afghanes ont affirmé jeudi avoir repris aux talibans le contrôle de la grande ville de Kunduz, carrefour stratégique du nord occupé depuis trois jours par les rebelles, même si des combats sporadiques se sont poursuivis dans la matinée.
Plusieurs habitants ont confirmé à l'AFP que les forces gouvernementales avaient repris dans la nuit au moins plusieurs quartiers centraux de la ville aux rebelles, qui s'en étaient emparés lundi à la faveur d’une offensive éclair.
 Les talibans ont de leur côté officiellement démenti dans la matinée tout recul, leur porte-parole Zabihullah Mujahid assurant même que ses combattants avaient "repoussé les envahisseurs et les forces du gouvernement fantoche" hors de Kunduz.
Mais un commandant rebelle interrogé par l'AFP sous couvert d'anonymat a indiqué que les talibans étaient en train de quitter la ville, ouvrant la voie à sa reprise totale par le gouvernement.
 "Les talibans ont quitté la plupart des quartiers, mais cette retraite fait partie de la stratégie. Notre but (en attaquant la ville) était de montrer notre force, et nous avons réussi. Nous avons prouvé que nous pouvons prendre n'importe quelle ville quand nous le voulons", a-t-il expliqué.
 D'après un habitant joint par l'AFP, des combats sporadiques ont eu lieu jeudi matin dans certains quartiers, et les corps sans vie de combattants talibans jonchaient les rues de la ville. Un autre, Mangal, a dit entendre "des combats violents" depuis la cave où il s'est réfugié, à 2 km du centre-ville.
 La reprise de Kunduz, si elle devait se confirmer, serait cependant loin de marquer pour Kaboul une victoire sur le long terme contre les talibans, chassés du pouvoir par les Occidentaux à la fin 2001 et qui combattent depuis férocement le gouvernement afghan et ses alliés de l'Otan.
La prise de cette ville, important verrou stratégique situé sur la route du Tadjikistan, lundi en seulement quelques heures, puis son occupation par les insurgés resteront dans tous les cas comme un très grave revers pour le président Ashraf Ghani, en place depuis tout juste un an, et les forces armées, seules en première ligne depuis la fin de la mission de combat de l'Otan en décembre dernier.
 L'Alliance ne compte plus que 13.000 soldats en Afghanistan, cantonnés à un rôle de conseil et de formation. Mais, face à la débâcle des troupes afghanes, des soldats allemands, américains et britanniques des forces spéciales ont été envoyés à Kunduz. L'armée américaine a également procédé à plusieurs frappes aériennes, un appui crucial.
Sur un terrain plus symbolique, Abdul Rahman, un habitant, a affirmé que le drapeau tricolore de l'Afghanistan avait remplacé la bannière blanche frappée de la chahada, la profession de foi musulmane, des talibans, hissée sous les vivats des insurgés lundi sur la place principale de Kunduz. "Les talibans ont encaissé de lourdes pertes pendant la nuit", a-t-il ajouté.
Au cours des trois jours d'occupation, qui a poussé des milliers d'habitants à fuir, la perspective d'un retour au régime fondamentaliste mis en place par les talibans à l'époque où ils dirigeaient l'Afghanistan (1996-2001) en a effrayé plus d'un, notamment les femmes. Les magasins sont restés fermés, la nourriture a commencé à manquer et dans de nombreux quartiers l'eau et l'électricité étaient coupées.
 La prise de Kunduz, avec ses 300.000 habitants, a eu un impact symbolique d'autant plus grand qu'elle est intervenue tout juste un an après l'avènement du gouvernement d'union nationale d'Ashraf Ghani, élu sur la promesse de ramener la paix dans son pays déchiré par plus de 30 ans de conflit.
 Elle constitue le premier grand succès du nouveau chef des talibans, le mollah Akhtar Mansour, nommé cet été après l'annonce tardive de la mort (apparemment début 2013) du mollah Omar, et dont l'autorité avait depuis été mise à mal par des divisions internes.
 Mais les insurgés semblent galvanisés par cette "grande victoire", comme ils l'ont appelée. "Les talibans savent qu'ils n'ont pas les moyens de garder le contrôle d'une grande ville comme Kunduz. Mais la prise de la ville montre tout le poids qu'ils auront lors de futurs pourparlers de paix", estime l'analyste militaire Atiqullah Amarkhil.
 Ces négociations directes, dont un premier round s'est tenu au Pakistan en juillet, ont été abruptement suspendues à l'annonce de la mort du mollah Omar.
 Cet été a aussi coïncidé avec une flambée des violences dans tout le pays. Les attentats se sont multipliés et les talibans ont étendu leur campagne militaire au nord de l'Afghanistan, autrefois relativement stable.


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