L’appel de Figuig aux jeunes de Sarcelles

L’Association Imad fondée par Latifa Ibn Ziaten, organise un chantier éducatif pour restaurer une ancienne synagogue


H.T
Jeudi 3 Mai 2018

Le quotidien Le Parisien-Actualités dans son édition de jeudi rapporte que trente jeunes de Sarcelles dont dix de l’école de la deuxième chance (E2C) sont à Figuig afin de participer, à la restauration d’une ancienne synagogue, vestige du temps où une population juive séfarade y vivait, et ce pendant un séjour de 15 jours qu’ils n’oublieront certainement pas. Derrière ce chantier éducatif, il y a Latifa Ibn Ziaten, mère d’une victime du terrorisme et engagée pour la paix avec son Association Imad.  C’est un moyen pour ces jeunes de s’ouvrir aux autres cultures et confessions. 
Voici par ailleurs, le quotidien conté de cette jeunesse et quelques déclarations çà et là, recueillies par l’auteur de l’article Maïram Guissé. 
« Les jeunes apprennent à se décentrer, c’est-à-dire à exprimer leur personnalité au-delà de ce qu’ils connaissent », précise Jean-Christophe Poulet, maire (LREM) de Bessancourt et directeur général de l’E2C95. « C’est fantastique de pouvoir amener nos jeunes, les sortir de leur lieu d’habitation », se réjouit Benjamin Chkroun, conseiller régional (UDI) et président de l’E2C95.
Sur place, Fatoumata, 22 ans, de Sarcelles, ressent « beaucoup d’émotion ». « Faut le faire pour comprendre », explique-t-elle. Tous les matins, avec ses camarades, elle écoute l’hymne marocain chanté par des jeunes de Figuig, qui participent aussi à ce chantier. Puis c’est autour des Français d’entonner leur hymne national. « On représente la France, on aide Latifa, c’est quelque chose de sérieux, poursuit-elle. Je n’avais jamais vécu quelque chose comme ça. » L’accueil des Marocains la touche. « On ne parle pas la même langue mais on se comprend par le regard, par les sourires. C’est Latifa qui nous a expliqué ça, et elle a raison, se réjouit la jeune femme. Une fois rentrée, je me sentirai grandie. » 
Le matin, avec ses camarades, elle repeint les extérieurs du centre. L’après-midi est consacré à des activités culturelles et sportives. Après le dîner, place à une discussion avec Latifa Ibn Ziaten. «C’est un moment fort, réagit Mhammed, 19 ans, habitant de Villiers-le-Bel. C’est une chance pour nous d’être ici. Il y a une belle cohésion», s’enthousiasme celui qui aimerait devenir maître-nageur. A Figuig, il a pris confiance en lui. «Ce chantier, c’est un challenge, je montre que je suis capable, avance le jeune homme. On voit qu’on peut faire beaucoup de choses, qu’on peut y arriver. »
Les mots de Latifa Ibn Ziaten y sont aussi pour beaucoup. « Quand elle parle, tous les jeunes l’écoutent. Elle y met de son cœur, nous prend tous comme son fils, continue Mhammed. Ça nous donne envie d’y mettre du nôtre et d’avoir un bon avenir. » Ce qu’il retient de ce séjour ? « En s’unissant, on est une grande famille ». C’est ce message qu’il veut transmettre à son retour.
«C’est important de leur montrer qu’ils peuvent s’en sortir»
Latifa Ibn Ziaten, présidente de l’Association Imad, organisatrice du projet. Amour, paix, tolérance… Ces messages, ce sont ceux transmis inlassablement par Latifa Ibn Ziaten à la jeunesse. Fondatrice de l’Association Imad pour la jeunesse et la paix, après l’assassinat de son fils Imad, militaire tué par Mohammed Merah à Toulouse en 2012, c’est elle qui organise le chantier éducatif à Figuig (Maroc). Les jeunes sont conquis. «Quand je vois leur sourire, ça fait quelque chose. Certains sont fragiles, ils ont besoin d’amour pour prendre de l’assurance, connaître l’autre». Leur « redonner confiance en eux, en ceux qui les guident», «éviter qu’ils ne tombent dans des sectes terroristes», c’est aussi pour ça que ce chantier, où les discussions ont une grande place, existe. « On se retrouve chaque soir, on échange, la parole est libre ». Le choix d’emmener des stagiaires de l’E2C n’est pas anodin. «C’est important de leur montrer qu’ils peuvent s’en sortir, qu’il n’est pas trop tard.»  
 


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