L'accord sur l'évacuation d'Alep suspendu

Reprise des bombardements du régime dans la ville syrienne


Jeudi 15 Décembre 2016

L'accord prévoyant l'évacuation de civils et d'insurgés de la ville d'Alep a été "suspendu" après des objections du régime syrien, ont indiqué à l'AFP un responsable rebelle et une source proche du régime.
D'après les rebelles, le régime et ses alliés notamment iraniens ont "imposé de nouvelles conditions" à l'accord, tandis que la source proche du pouvoir a souligné que Damas avait exprimé son désaccord sur le nombre élevé de personnes devant être évacuées.
"Damas veut également avoir une liste de noms de tous ceux qui vont sortir, pour s'assurer qu'il n'y a aucun otage ou prisonnier" pro-régime, a souligné la source proche du pouvoir.
"L'accord est suspendu à cause du blocage des forces du régime et des Iraniens", a indiqué de son côté à l'AFP un responsable du groupe rebelle Noureddine al-Zinki, Yasser al-Youssef.
"Ils ont voulu lier cet accord à d'autres dossiers, notamment les localités de Foua et de Kefraya", deux localités pro-régime assiégées par les rebelles dans la province d'Idleb (nord-ouest), a-t-il précisé.
De violents bombardements du régime ont repris mercredi à Alep, la deuxième ville de Syrie, où les espoirs d'une évacuation rapide de milliers de civils affamés et assiégés dans le réduit rebelle ont été douchés.
L'allié russe du président Bachar al-Assad a accusé les rebelles d'avoir déclenché les hostilités, alors que le parrain de l'opposition, la Turquie, a blâmé les troupes du régime et leurs alliés.
L'accord d'évacuation aurait permis surtout à des milliers de civils et de rebelles de quitter les dernières poches insurgées de la ville septentrionale, où ils étaient assiégés pendant plus de quatre mois par l'armée et manquaient de tout.
Après une pause de plusieurs heures, de violents bombardements ont repris contre ces quartiers, ont précisé des correspondants de l'AFP et l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH).
Un correspondant de l'AFP dans la dernière poche rebelle a entendu de très violents tirs d'artillerie du régime et a vu un char de l'armée tirer en direction des secteurs tenus par les insurgés.
Une perte d'Alep, son principal bastion en Syrie et symbole de la révolte, marquera la fin de la rébellion dans cette ville dont elle avait conquis la partie orientale en 2012. En revanche, elle représentera la plus importante victoire du pouvoir depuis le début de la guerre en 2011.
Mais ce sont surtout les civils qui payent un lourd tribut. Des centaines ont péri alors que près de 130.000 ont pris la fuite devant l'offensive des prorégime lancée le 15 novembre pour reprendre la totalité de la cité.
Dans le réduit rebelle d'Alep, notamment dans le quartier d'al-Machad, une foule de civils, portant des affaires, était massée dans les rues depuis 05H00 du matin dans l'attente de toute nouvelle concernant l'évacuation, selon un journaliste de l'AFP.
Une journaliste de l'AFP présente dans le secteur gouvernemental du quartier de Salaheddine a vu une vingtaine de bus prévus pour l'évacuation en stationnement. Leurs chauffeurs dormaient dans leurs véhicules et aucun civil ou insurgé n'était visible dans les parages.
La Russie, qui fournit un soutien militaire crucial au régime, a accusé les insurgés de la reprise des combats. "Profitant de la trêve, des rebelles se sont regroupés à l'aube et ont essayé de franchir les positions des troupes syriennes dans le nord-ouest d'Alep. L'attaque des terroristes a été repoussée. L'armée syrienne a prolongé ses opérations de libération", a indiqué l'armée russe.
Dans le camp opposé, la Turquie a accusé le régime syrien et ses alliés au sol -les combattants iraniens et ceux du Hezbollah libanais- d'empêcher la mise en oeuvre du cessez-le-feu.
Cet accord conclu sous la houlette de la Russie et de la Turquie et censé entrer en vigueur à 03H00 GMT, a été "suspendu", selon un responsable rebelle et une source proche du régime.
D'après les rebelles, le régime et ses alliés notamment iraniens ont "imposé de nouvelles conditions" à l'accord, tandis que la source proche du pouvoir a souligné que Damas a exprimé son désaccord sur le nombre élevé de personnes évacuées.
Selon un responsable de l'influent groupe rebelle Noureddine al-Zinki, l'accord prévoit l'évacuation en premier "des blessés et des civils", suivis des rebelles avec leurs armes légères. En sortant, "ils choisiront de se rendre soit dans l'ouest de la province d'Alep ou vers la province d'Idleb (nord-ouest)", des régions sous contrôle rebelle.
"Alep est dans une situation d'urgence absolue: environ 100.000 personnes sont encore piégées sur un territoire de 5 km carrés", a déclaré à l'AFP la présidente de Médecins du monde, Dr Françoise Sivignon, appelant à sauver les civils de cet "enfer".
L'accord avait été annoncé après quatre semaines de bombardements et de combats intenses qui ont dévasté la partie orientale d'Alep et après le tollé international suscité par les atrocités qui auraient été commises contre les civils dans les quartiers repris par l'armée.
Le porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'Homme, Rupert Colville, a fait état mardi "d'informations indiquant que des forces progouvernementales avaient tué au moins 82 civils, dont 11 femmes et 13 enfants", dans ces quartiers.
Une reprise totale d'Alep permettra au régime de contrôler les cinq plus grandes villes du pays, avec Homs, Hama, Damas et Lattaquié. Un revirement rendu possible par le soutien de Moscou.


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