Communiqué commun du Bureau politique de l’USFP et du Comité exécutif du PI
Dans le cadre de la poursuite de l’application de la Charte de l’action commune signée par les deux partis, et après avoir passé en revue la situation politique, économique et sociale du pays, le comité exécutif du Parti de l’Istiqlal et le Bureau politique de l’Union socialiste des forces populaires, réunis vendredi 31 mars 2014, expriment leur profonde inquiétude au sujet de la crise qui persiste à tous les niveaux.
Les deux partis considèrent que les espoirs apportés par la réforme constitutionnelle de 2011 visant la réalisation des progrès sur la voie démocratique se sont évanouis. Particulièrement, quand le gouvernement s’est employé à vider tous les acquis de leur essence et à retarder la mise en œuvre de la Constitution ainsi que l’interprétation de celle-ci de manière négative, ce qui va à l’encontre des attentes du peuple marocain. Un peuple qui aspire à faire de la Loi suprême un outil de séparation des pouvoirs et d’équilibre, de consolidation de la Monarchie parlementaire et de la mise en place des mécanismes législatifs permettant la bonne gouvernance, la transparence, la lutte contre la prévarication, le respect des droits de l’Homme, la justice, l’égalité et la parité.
Pire, le chef du gouvernement, les ministres et les parlementaires du PJD œuvrent de toutes leurs forces à marginaliser le rôle et les prérogatives du Parlement stipulés par la Constitution. Ce qui a conduit à réduire le rôle de l’appareil législatif alors que l’esprit de la réforme constitutionnelle de 2011 est fondé sur la démocratie parlementaire, en tant qu’outil efficace dans la gestion du dialogue politique, le développement de la force de proposition ainsi que le renforcement de la place de l’opposition, afin que l’exercice législatif ne se transforme pas en chambre d’enregistrement et en simple comptage des voix de la majorité et sa solidarité mécanique avec l’Exécutif.
Cette orientation s’est confirmée clairement à travers les restrictions visant les initiatives législatives de l’opposition, comme en attestent les dernières positions du gouvernement au Parlement. L’Exécutif a prétendu que l’étape actuelle interdit aux parlementaires notamment ceux de l’opposition de présenter des propositions de lois organisationnelles en arguant que ces propositions interviennent dans une phase de transition.
Cette régression dangereuse même au niveau des acquis réalisés avant la Constitution de 2011 impose aux forces démocratiques l’ouverture d’un dialogue national basé sur une méthodologie participative adoptée lors de l’élaboration de l’actuelle Constitution. Une méthodologie que la présidence du gouvernement refuse délibérément d’adopter au niveau du chantier constitutionnel. Elle a même refusé de prendre les mesures nécessaires pour la réussite de ce chantier d’autant que la nouvelle Constitution, contrairement aux précédentes, attribue de larges prérogatives à la présidence du gouvernement en matière de gestion des politiques publiques et de la réalisation des réformes.
Cette situation a donné lieu à une série d’erreurs de la part du gouvernement et de sa majorité dans leur traitement de la Loi suprême et son interprétation anti-démocratique du droit de l’opposition à légiférer. Ce qui a appauvri l’activité parlementaire et impacté la situation politique à cause de la dévalorisation du rôle des partis politiques dont la place a été pourtant renforcée par la Constitution de 2011.
S’ajoutent à toutes ces pratiques anti-démocratiques, des formes de terrorisme intellectuel, de discours takfiristes, d’injures, de diffamations et de manipulations de la part des responsables du parti qui conduit le gouvernement et de la part des associations et des prêcheurs à leur obédience ainsi que de certains ministres qui sont dans le giron et d’individus mobilisés à cette fin, en particulier au niveau des réseaux sociaux.
L’aile prosétylique de ce parti poursuit sa campagne rétrograde exploitant tous les espaces mis à sa disposition par l’Exécutif notamment le milieu scolaire et universitaire en vue de mener sa propagande politique et idéologique.
Tous ces agissements ont conduit à une déviation du processus démocratique attendu par le peuple marocain, après le discours Royal du 9 mars 2011 et ce qui en est suivi de débat politique au tour des grandes réformes et du consensus national.
Tout en procédant à un diagnostic de la scène politique, l’USFP et le PI confirment que la situation économique et sociale du pays n’est pas moins grave que celle politique. L’ensemble des indicateurs annoncent que la crise est profonde et que ses répercussions négatives vont se poursuivre devant l’incapacité du gouvernement à trouver et présenter des solutions appropriées pour mettre fin à l’hémorragie continue des indicateurs de croissance, arrêter la série des augmentations des prix, et cesser de porter atteinte aux acquis sociaux, syndicaux de la classe ouvrière et d’endetter davantage le pays en recourant aux institutions financières internationales.
Les deux partis dénoncent fermement les pratiques répressives à l’encontre de tous les mouvements de protestation et les revendications de plusieurs catégories sociales et professionnelles, ainsi que le gel du dialogue avec les centrales syndicales, la restriction des droits syndicaux et la tentative de faire passer des dispositions dangereuses dans le dessein de porter atteinte au régime de la protection sociale.
Ce sombre tableau, qui touche les domaines de l’éducation, de l’enseignement, de la culture, des médias et des droits de la femme, confirme la crédibilité des positions prises par les deux partis au sujet de cette expérience gouvernementale. De ce fait, les deux partis exhortent toutes les forces nationales et démocratiques, ainsi que toutes les organisations syndicales actives et celles de la société civile ayant une tendance nationale à unifier leurs efforts pour faire face au danger de la régression, du recul et du sous-développement, à militer afin de consolider une alternative réelle à même de répondre aux aspirations du peuple marocain.
Dans ce cadre, les deux partis, qui réitèrent leur détermination à mobiliser leurs potentiels pour mettre à exécution toutes les conventions stipulées par la Charte de l’action commune, décident ce qui suit :
1-Appel lancé à l’ensemble des partis, des syndicats et des associations à prendre part à un dialogue national en vue de mettre en œuvre les dispositions de la Constitution et de contrer toutes les tentatives de déviation des nobles objectifs qu’elle explicite dans son texte. Et ce, dans le cadre d’une méthodologie démocratique pour ouvrir un dialogue global autour de ce document fondamental, et faire participer l’ensemble des potentialités nationales à la mise en place des fondements réels de la Monarchie parlementaire comme stipulé par la réforme constitutionnelle.
2-Soutien de la Marche ouvrière du 6 avril et les préparatifs conjoints pour les festivités du 1er mai 2014 en vue d’exprimer d’une manière forte le rejet catégorique de la politique sociale du gouvernement, de consolider l’action commune des centrales syndicales et de préserver les couches populaires de la tendance capitaliste sauvage qui se traduit par les augmentations successives des prix, la régression de plusieurs acquis et le gel de la politique de l’emploi. Et ce, en invitant les militantes et militants des deux partis à se mobiliser en vue d’une participation conjointe aux marches ouvrières.
3-Organisation d’une caravane conjointe de mobilisation et de coordination au niveau de la base entre les deux partis, à travers la tenue de rencontres communes entre les responsables des régions et des provinces afin d’opérationnaliser l’alliance et la coordination à tous les niveaux. Il sera annoncé prochainement le programme de ces rencontres.
4-Formation d’une cellule conjointe entre les deux partis pour la coordination permanente entre les organisations de la Chabiba, des femmes, ainsi que dans les différents secteurs en vue d’unifier les positions et de mener des actions militantes communes concernant les dossiers cruciaux de ces catégories.