"Nous avons la base pour une percée, à savoir qu'à l'avenir, tous les migrants qui arrivent en Grèce seront renvoyés en Turquie", a expliqué le Premier ministre britannique David Cameron.
"Cela briserait le +business model+ des trafiquants d'être humains et le lien entre le fait de monter dans un bateau et de trouver un accueil en Europe", a argumenté M. Cameron. "Mais seulement si c'est pleinement mis en oeuvre. C'est ce qui doit se passer maintenant", a-t-il averti.
"Ceci va changer la donne, c'est un bon accord", a vanté le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker. "Le temps de l'immigration irrégulière en Europe est révolu", a assuré le président du Conseil européen, Donald Tusk, espérant régler une crise migratoire sans précédent en Europe depuis 1945.
Le Premier ministre turc Ahmet Davutolgu est venu expliquer aux journalistes les propositions "audacieuses" qu'il avait présentées aux 28 pour tarir l'afflux de migrants vers les côtes grecques, notamment celle de reprendre tous les migrants "économiques" ainsi que les réfugiés syriens.
En échange, les Européens s'engagent à reprendre, par des voies légales et sûres, le même nombre de réfugiés syriens directement depuis le sol turc. Quelque 70.000 places théoriques, déjà réparties entre les 28 l'an dernier, serviraient à accueillir ces réfugiés, selon une source européenne.
Dans leur déclaration finale, les dirigeants européens "saluent chaleureusement" ces propositions et demandent à M. Tusk "d'affiner les détails" avec la Turquie d'ici 10 jours.
Les chefs d'Etat et de gouvernement de l'UE lâchent aussi du lest sur les nouvelles exigences mises sur la table par Ankara. Ils promettent d'accélérer la mise en place d'un régime sans visas pour les ressortissants turcs "au plus tard fin juin" et affirment "préparer l'ouverture de nouveaux chapitres" dans les négociations d'adhésion.
La Turquie a fait "un acte très important de réadmettre les réfugiés et les migrants qui ont quitté de facon irrégulière la Turquie vers la Grèce. Dès lors il peut y avoir une libéralisation des visas, mais selon la feuille de route qui a été fixée", a commenté le président français François Hollande.
Les 28 affirment enfin œuvrer à une "accélération du versement" des trois milliards d'euros d'aide déjà promise pour aider les 2,7 millions de réfugiés installés sur le territoire turc, et promettent de "décider des fonds additionnels", alors qu'Ankara réclame trois milliards supplémentaires d'ici 2018.
"La situation des médias" en Turquie a été "discutée", au moment où la mise sous tutelle judiciaire du quotidien d'opposition turc Zaman a été critiquée par Bruxelles, selon la déclaration.
"Nous ne pouvons rester indifférents aux inquiétudes qui ont été soulevées dans ce contexte", a commenté M. Tusk, lors d'une conférence de presse avec M. Davutoglu.
Ce dernier a répondu que "la liberté de la presse est une valeur de base, pas seulement pour l'Union européenne, mais également pour la Turquie". La mise sous tutelle du journal, opposé au régime islamo-conservateur d'Ankara, relève d'un processus qui est "uniquement judiciaire" et non politique, a-t-il argué.