"Il y a la volonté politique du côté de l'Union européenne de soutenir la Tunisie dans ses efforts de transition démocratique, dans ce moment de difficultés économiques, en particulier pour le tourisme", a déclaré la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, lors d'une déclaration conjointe avec le Premier ministre tunisien Habib Essid.
Depuis la révolution de 2011, "on partage la nécessité d'avoir une Tunisie stable et forte (...) Il est dans notre intérêt que la Tunisie reste un modèle dans la région", a souligné Mme Mogherini à Bruxelles, où M. Essid a participé à un Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'UE.
Les deux parties ont convenu de "renforcer leur coopération dans la lutte contre le terrorisme", a déclaré le Premier ministre tunisien.
Mme Mogherini a rappelé que l'UE était engagée à hauteur de 23 millions d'euros pour appuyer la réforme de la sécurité tunisienne, et évoqué des "pistes pour aller plus loin" en matière de services de sécurité, d'approche judiciaire, de protection des frontières et de lutte contre la radicalisation et les combattants étrangers.
"Le contrôle des frontières avec la Libye sera crucial afin de garder les éléments radicaux en dehors" de la Tunisie, a estimé pour sa part le chef de la diplomatie allemande Frank-Walter Steinmeier.
La Tunisie a été la cible coup sur coup de deux attaques meurtrières, au musée du Bardo à Tunis en mars (22 morts) et dans un hôtel de Sousse (centre-est) en juin (38 tués), qui ont frappé de plein fouet son économie, au premier chef le tourisme. Ce secteur, a souligné le Premier ministre, représente 400.000 emplois directs et un million, indirects (transport, artisanat, restauration).
Mme Mogherini a promis l'appui de l'UE pour relancer la croissance et l'emploi des jeunes Tunisiens et aider le secteur agricole "particulièrement important pour l'économie tunisienne".
Elle a ainsi fait état d'un "effort supplémentaire" pour que l'Union augmente - à titre exceptionnel et provisoire - les quotas annuels d'exportation d'huile d'olive dont dispose la Tunisie.
Enfin, elle a confirmé que des négociations en vue d'un accord de libre-échange entre la Tunisie et l'UE s'ouvriraient à partir d'octobre.
Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, qui a lui aussi rencontré le Premier ministre tunisien, a souhaité que les touristes continuent malgré tout à choisir la Tunisie.
Lundi, une délégation de ministres tunisiens s'est rendue à Londres pour demander au gouvernement britannique de lever son avertissement contre les voyages dans le pays.
Ils ont assuré que la sécurité avait été renforcée de manière significative depuis l'attentat de Sousse.
Maintenir l'avertissement aux voyageurs provoquerait "une énorme crise économique et sociale (...) Cela mènerait la Tunisie vers l'instabilité et le chômage, alimentant l'islam radical" a-t-on déclaré.