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"La fin de l'état d'urgence en place en Turquie depuis la tentative de coup d'Etat de 2016 est un pas dans la bonne direction", a commenté jeudi la porte-parole de la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini dans une déclaration.
"Dans le même temps, nous pensons que l'adoption de nouvelles propositions législatives accordant des pouvoirs extraordinaires aux autorités et le maintien de plusieurs éléments restrictifs de l'état d'urgence atténueraient tout effet positif de la levée de l'état d'urgence", souligne-t-elle.
"Nous attendons de la Turquie qu'elle applique et inverse toutes les mesures qui continuent d'avoir un impact négatif sur l'Etat de droit, l'indépendance du pouvoir judiciaire et les libertés fondamentales qui sont au coeur de tout Etat démocratique", précise la porte-parole, en citant "la liberté d'expression, la liberté d'association et les droits procéduraux".
"Et nous attendons de la Turquie qu'elle cesse de déroger aux obligations qui lui incombent en vertu de la Convention européenne des droits de l'Homme avec la levée de l'état d'urgence", ajoute-t-elle.
"Des améliorations concrètes et durables dans le domaine de l'Etat de droit et des libertés fondamentales restent essentielles pour les perspectives des relations UE-Turquie", conclut la déclaration.
La Turquie a levé jeudi l'état d'urgence en vigueur depuis deux ans qui a permis au gouvernement de procéder à des purges massives après un putsch manqué, mais l'opposition craint qu'il ne perdure de fait à travers une nouvelle loi "antiterroriste".
Ce régime d'exception, qui élargit considérablement les pouvoirs du président et des forces de sécurité, avait été mis en place le 20 juillet 2016, quelques jours après une sanglante tentative de coup d'Etat qui a secoué la Turquie dans la nuit du 15 au 16 du même mois.
Sous l'état d'urgence, les autorités turques ont mené pendant deux ans une traque implacable contre les putschistes et leurs sympathisants présumés, mais ont aussi visé des opposants prokurdes accusés de "terrorisme", des médias critiques et des ONG.
Activée pour une durée initiale de trois mois, cette mesure a été prolongée à sept reprises et sa dernière reconduction a expiré jeudi à 01h00 (mercredi 22h00 GMT), le gouvernement ayant décidé qu'il n'y aurait pas de nouvelle extension.
La levée de l'état d'urgence survient moins d'un mois après les élections présidentielle et législatives remportées par Recep Tayyip Erdogan qui ont doté l'homme fort de la Turquie de pouvoirs renforcés, aux termes d'une révision constitutionnelle controversée intervenue l'an dernier.
Conformément à cette révision constitutionnelle, M. Erdogan peut désormais, dans de nombreux domaines, émettre des décrets à valeur de loi, comme sous l'état d'urgence.
Au cours des deux années écoulées sous l'état d'urgence, la Turquie a vécu au rythme de purges incessantes qui ont conduit à l'incarcération de près de 80.000 personnes soupçonnées de liens avec le putsch ou avec le "terrorisme". Plus de 150.000 fonctionnaires ont en outre été limogés ou suspendus.
Parmi les 34 décrets-lois émis pendant l'état d'urgence, l'un prévoit la mise en place d'une tenue unique pour les personnes emprisonnées en lien avec le putsch -une mesure jamais appliquée à ce jour-, un autre l'immunité judiciaire pour les civils ayant affronté les putschistes.
En deux ans d'état d'urgence, la Turquie a connu une "transformation radicale" avec notamment la "réduction au silence des voix critiques", dénonce dans un communiqué Amnesty International.
La levée de ce régime d'exception est "un pas dans la bonne direction", juge l'ONG, qui insiste toutefois sur la nécessité de "rétablir le respect des droits de l'Homme, permettre à la société civile de s'épanouir à nouveau et dissiper le climat de peur".