"Je trouve très encourageante la possibilité, que j'estime très réelle et concrète, d'un accord entre la Birmanie et le Bangladesh sur le rapatriement des réfugiés, qui constituerait une avancée importante", a-t-elle déclaré devant la presse, avant l'ouverture de cette rencontre du Dialogue Asie-Europe (Asem) présidée par la dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, qui est notamment chef de la diplomatie.
Cette réunion préalable sur les Rohingyas avait été organisée à la demande des Européens.
"Nous encourageons le Bangladesh et la Birmanie à travailler de façon bilatérale sur le problème, avec le soutien de l'Union européenne et de la communauté internationale", a-t-elle ajouté.
Depuis fin août, plus de 600.000 réfugiés rohingyas qui vivaient dans l'Etat Rakhine (ouest de la Birmanie) se sont réfugiés au Bangladesh pour fuir une campagne de répression de l'armée birmane.
"L'arrêt des violences, l'arrêt du flot de réfugiés sera capital", a déclaré Mme Mogherini, dans une prudente allusion aux violences.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian a eu une rencontre bilatérale avec Aung San Suu Kyi. "Cela nous a permis de comprendre le plan qu'elle souhaite développer pour enrayer cette crise, avec à la fois l'arrêt de la violence, la mise en oeuvre de soutien humanitaire, la perspective de retour dans le pays", a-t-il assuré lundi devant la presse, évoquant une "stratégie" de la part d'Aung San Suu Kyi, accusée d'immobilisme sur le sujet.
Pékin a annoncé être à l'oeuvre dans le dossier, avec une "proposition en trois étapes", présentée ce week-end à Aung San Suu Kyi par le ministre chinois des Affaires étrangères Wang Yi et "approuvée" selon la Chine par la Birmanie ainsi que le Bangladesh. Ces deux pays ont "accepté d'engager entre eux des négociations amiables", a affirmé lundi Lu Kang, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Le retour des réfugiés est au coeur de discussions commencées il y a plusieurs semaines entre Birmanie et Bangladesh, mais les discussions peinent à avancer. Le chef de l'armée birmane, accusée par les Nations unies d'"épuration ethnique", a d'ailleurs récemment jugé impossible le retour en masse de ces réfugiés comme le propose le Bangladesh.
"J'arrive directement du Bangladesh où j'ai visité des camps de réfugiés" dimanche, a fait valoir Federica Mogherini, restant bien plus prudente que le secrétaire d'Etat américain Rex Tillerson qui a rencontré Aung San Suu Kyi la semaine dernière.
Il s'était dit opposé à des sanctions "pour l'heure", mais avait réclamé une enquête "crédible" sur les accusations de nettoyage ethnique par l'armée.
Les réfugiés au Bangladesh ont témoigné d'exactions, viols ou meurtres de la part des soldats birmans.
Depuis, des organisations de défense des droits de l'Homme ont appelé à imposer de nouvelles sanctions à la Birmanie, isolée pendant ses années de junte sur la scène internationale.
"L'Union européenne soutient fermement la transition démocratique en Birmanie", a insisté Mme Mogherini, alors que les pays occidentaux ménagent jusqu'ici le gouvernement civil de la prix Nobel de la paix qui doit composer avec une armée restée très puissante.